Le Baptême, la Confirmation : une introduction aux Sacrements

Couverture du livre 4ème de couverture du livre

J-C Pompanon
pompanon@wanadoo.fr

Les Sacrements sont une des nouveautés de la révélation du Nouveau Testament.
Jésus de Nazareth a établi son Église, pour qu’elle soit dépositaire de la Bonne Nouvelle, et pour qu’elle soit le lieu des Sacrements. Ils nous sont révélés comme des réalités qui communiquent aux croyants la grâce divine : des réalités dont la dimension ecclésiale est garante de la présence et de l’action du Christ dans la vie de ses disciples.

On sait que le mot “Sacrement” ne prendra vraiment son sens actuel qu’avec la théologie médiévale, mais l’Ecriture, comme les Pères de l’Église, même s’ils n’ont pas de nom commun pour les désigner, ont des idées précises sur le Baptême, le “repas du Seigneur”, et les autres réalités que nous appelons “Sacrements”.

Saint Augustin, qui a marqué l’histoire de la théologie occidentale, définit les Sacrements comme des “signes sacrés”.
Une telle définition suppose que le Sacrement comme tel (sacramentum solum ou sacramenti forma) soit identifié au rite ou signe sacramentel… et, en même temps, la fidélité à l’Ecriture et à la tradition veut qu’un Sacrement soit efficace et donne la grâce divine.
Cette double perspective semble ne pas poser de problème à Augustin et à ses disciples médiévaux. Ils admettent volontiers que la grâce est l’essentiel du Sacrement : elle est la puissance du Sacrement (virtus sacramenti), la réalité ou la chose importante du Sacrement (res sacramenti).
Mais ce langage constitue une difficulté : il suppose que le Sacrement proprement dit (sacramentum tantum) est distinct de la réalité du Sacrement… suprême paradoxe !
Pour éviter le paradoxe, certains feront du Sacrement un simple signe de la grâce : pur symbolisme qui fait l’impasse sur l’Ecriture et la tradition de l’Église.

En vérité, l’idée d’un Sacrement-signe n’est pas biblique. Dans l’Ecriture, un Sacrement est avant tout un don de Dieu ou un agir divin. Le Baptême, moyennant la foi, donne le salut (Marc 16,16), l’imposition des mains des Apôtres confère l’Esprit Saint (Ac. 8,15-19), le pardon des Apôtres donne le pardon de Dieu (Jn 20,23), l’Onction, avec la foi, soulage le malade et lui donne le pardon (Jc 5,14-15), les mariés sont unis par Dieu lui-même (Mt 19,6), et celui qui reçoit l’Eucharistie devient corps du Christ (I.Cor 10,17).

Faut-il, pour autant, nier la dimension signifiante des Sacrement ?
En fait il y a, dans l’intuition d’Augustin, une vérité première. Il a bien vu ce qui caractérise la grâce sacramentelle : elle est associée à un rite qui en est le signe ou le garant.

L’erreur de cette école de pensée est de définir un Sacrement comme une sorte de signe qui aurait la particularité d’être cause de la grâce !
Une telle définition n’a pas de sens, parce qu’il n’existe pas de signe efficace. C’est une explication purement verbale. Un signe n’a pas d’autre efficacité que signifiante.

Pour surmonter un tel paradoxe, il faut, à l’inverse, définir un Sacrement comme une certaine grâce divine qui a la particularité d’être signifiée dans un rite ecclésial : un agir divin sanctifiant qui est signifié ou révélé à chacun dans un rite de l’Église.
Il devrait aller de soi qu’un Sacrement se définit, avant tout, comme la “res sacramenti” (la réalité du Sacrement) !

Un Sacrement n’est pas un signe efficace, mais une action du Sauveur signifiée dans un rite ecclésial.

Cette définition ne remet pas en question la foi de l’Église ; elle rend mieux compte de l’Écriture et de la Tradition, et elle évite de faire jouer au rite sacramentel le rôle de cause instrumentale de la grâce, ce qui libère la théologie d’un autre paradoxe.
Une telle définition, qui semble être une “révolution” est plutôt une banalité qui exprime plus simplement la foi de l’Église. Elle coupe court à toute tentation de réduire les Sacrements à de simples signes, et ainsi, se rapproche de l’Ecriture. Elle dit clairement en quoi le Christ est présent et agissant dans chaque Sacrement, elle permet de “faire le ménage” dans bien des domaines, et elle amène à repenser la théologie de la Rédemption.

Ce premier volume fait une présentation de l’histoire du Baptême et de la Confirmation, et il propose une réflexion sur les Sacrements en général. Les volumes suivants traiteront, selon le même plan, des autres Sacrements.
Dans un volume sur les personnes divines, on verra que la Rédemption peut également être définie, sur ce même modèle, comme une action signifiante du Fils de Dieu.

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Publié en 2008