"Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser." Si 13,18

22ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

Il y a, dans ce chapitre 14 de l’Evangile de Saint Luc, deux paraboles distinctes.L’une raconte l’histoire d’un homme invité à un repas, l’autre celle d’un homme qui invite.
Dans la première de ces deux histoires Jésus donne un conseil qui peut sembler astucieux… mais qui n’est pas le genre de conseil que l’on attend de lui.
Plutôt que se mettre en avant et se faire remettre à sa place devant tout le monde, il suggère de s’installer à la dernière place en espérant que cela se remarquera et qu’on viendra nous chercher pour nous proposer une place plus glorieuse !
Il serait étonnant que l’Evangile nous enseigne une simple astuce pour se mettre en valeur ! Il y a donc une morale de l’histoire :
"Qui s’élève sera abaissé… qui s’abaisse sera élevé." (Luc 14,11) … non pas seulement dans le cadre d’un repas, mais dans celui de notre destinée humaine.

La même opposition entre le présent et le futur se retrouve dans les Béatitudes :
"Heureux ceux qui ont faim maintenant, car vous serez rassasiés.
Heureux ceux qui pleurent maintenant, car vous rirez.
Réjouissez-vous… car voici que votre récompense est grande dans le ciel
." (Luc 6,21-23)
La récompense à laquelle pense Jésus n’est pas celle qu’on peut avoir au cours d’une réception quand on gagne quelques places ; ce n’est pas une récompense à court terme. Il y a une perspective éternelle qui est explicite dans la deuxième parabole : "Cela te sera rendu à la résurrection des justes."
(Luc 14,14)

Celui qui aura toujours donné la priorité à l’amour et au service aura vraiment réussi sa destinée humaine.
La "sagesse" que le Seigneur Jésus nous demande consiste à faire de sa vie terrestre une vie de service.
Une telle "sagesse" suppose assez de foi pour donner sa vie… pour cesser de se plaindre… et accepter de se faire serviteur.

On peut, évidemment, avoir la volonté de servir, tout en étant dans des situations de responsabilité.
Ces situations, on peut espérer qu’on ne les a pas choisies d’abord pour le pouvoir ou pour l’argent, mais parce qu’on a une compétence, et parce qu’il faut mettre ses compétences au service des hommes !
Toute la question est de ne pas oublier cet idéal… ne pas se laisser aller, mais vivre cet idéal d’une façon consciente… refaire périodiquement les choix qui donnent un sens à notre vie… nous rappeler que nos responsabilités sont des services.
Dans tous les domaines, il y a des gens qui n’ont pas cherché le pouvoir, mais qui, finalement, ont pris goût au pouvoir ! Il faut donc constamment rester vigilant… on a vite fait de glisser !
Il n’y a pas de vie chrétienne sans un certain nombre de conversions et de remises en cause de soi.
Et plus notre pouvoir est grand, plus l’humilité est indispensable… Sirac le Sage l’avait compris longtemps avant l’Evangile : "Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser."(Si 13,17-18)

Que l’on soit invité ou invitant, ces deux paraboles ont un point commun : elles sont un appel à se faire serviteur.
Et ceux, parmi nous, qui ont un vrai désir d’évangéliser leur entourage savent que c’est là le premier secret, non pas seulement de leur sainteté personnelle, mais de la "mission". C’est en se faisant serviteurs qu’ils peuvent aider leurs proches à faire la rencontre du Christ.

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