"Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même." Lc 23,37

Christ roi de l'univers de l'année C

Les soldats s’amusent du contraste entre titre de Messie, ou de roi des Juifs, inscrit sur la croix et la situation humiliée de Jésus.
Ce qu’ils ne savent pas, c’est que Jésus avait accepté cet abaissement. Lui seul avait le pouvoir de donner sa vie pour sauver le monde, et un tel pouvoir était bien plus qu’un pouvoir royal… mais cela ils ne pouvaient pas le soupçonner.
Ils ne savaient pas que Jésus, tout au long de sa vie terrestre, avait accepté l’humiliation et la pauvreté… depuis la crèche jusqu’aux jours de sa vie publique, lorsqu’il disait : "Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête." (Mt. 8,20)

Ils ne savaient pas que ses disciples, jusqu’au dernier moment, avaient espéré qu’il rétablirait la royauté en Israël… et que, parmi ceux qui le crucifiaient, beaucoup l’avaient poussé à prendre le pouvoir.
Jésus est décalé par rapport à l’attente des Juifs : ils estiment qu’il en fait, à la fois, trop et pas assez !
Il refuse le pouvoir terrestre… et en même temps il prétend être beaucoup plus qu’un roi !
Les Juifs attendaient un royaume ou un règne qu’ils appelaient le "Règne de Dieu"… et Jésus leur dit : "Le Règne de Dieu est au milieu de vous." (Luc 17,21)
Jésus est méprisé parce qu’il refuse le pouvoir… et, en même temps, haï parce qu’il se fait Dieu : il prétend que, dans sa personne et sa mission, le Règne de Dieu s’est rendu présent.

Si Jésus avait été un homme de pouvoir, toute sa mission en aurait été faussée ; l’image qu’il aurait donnée de lui-même à ses disciples, jusqu’au terme de l’histoire, aurait été faussée.
Les gens qui détiennent le pouvoir sont lointains : le pouvoir les tient à distance. Si Jésus avait eu des liens avec le pouvoir, il aurait laissé aux hommes, jusqu’à la fin des temps, l’image d’un être distant.
Le Fils de Dieu fait homme ne devait pas être un puissant en ce monde.
Mais les soldats ne pouvaient pas comprendre le mystère de la présence divine qui se dévoilait en Jésus de Nazareth.

Un des crucifiés, cependant, entrevoit le secret de la personnalité de Jésus et fait un acte de foi qu’aucun des Apôtres n’a su faire ce jour-là : "Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne." (Luc 23,42)
Il croit que cet homme, fixé sur une croix, détient un pouvoir et un Royaume, qui répondent à d’autres critères que ceux des hommes. Et il reçoit une réponse qu’aucune puissance au monde n’aurait pu lui donner : "En vérité je te le déclare, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis" (Luc 23,43)… dans le Royaume définitif et éternel dont les portes se sont ouvertes par la croix.

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Publié le 2007-11-25