"Ce qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint." Mt. 1,20

4ème dimanche de l'Avent de l'année A

Il existe deux versions de l’Evangile de l’enfance : celle de Saint Matthieu et celle de Saint Luc.
Matthieu raconte l’histoire de Joseph et Luc celle de Marie.
Il y a peu de points communs entre ces deux récits, en dehors des noms des trois personnages… et en dehors du fait que Marie est vierge, et que Joseph n’est pas le père de l’enfant.

Pour mieux comprendre l’importance de ces deux derniers points, il faut se rappeler que, dans la foi chrétienne, ce n’est pas l’Evangile qui est premier… c’est l’Eglise !
Jésus n’a pas écrit et il n’a pas donné aux Apôtres l’ordre d’écrire !
Il a fait une Eglise et il l’a chargée de transmettre sa Bonne nouvelle.
Jésus a donné l’Esprit Saint à son Eglise pour qu’elle transmette son Evangile… c’est elle qui est dépositaire de la Parole de Dieu.
La "Tradition", c’est la "Transmission" de l’Evangile.
A l’origine, pendant un certain nombre d’années, l’Eglise a existé sans le Nouveau Testament… mais elle n’a jamais existé sans la "Tradition" : elle n’a jamais existé sans "transmettre" le message du Christ.

On peut se poser la question : "Comment ce récit de Matthieu a-t-il été reconnu par toute l’Eglise comme une Parole de Dieu ?"
Parce que la communauté chrétienne de la fin du premier siècle, ayant à sa tête les successeurs des Apôtres, a considéré que ce texte exprimait la foi qu’on lui avait transmise.
L’Eglise a existé avant le Nouveau Testament… ces premiers chrétiens avaient la même foi que nous… et ils savaient parfaitement ce qu’il devaient croire et ne pas croire.
Quand le rédacteur final de l’Evangile a écrit, ou plutôt publié ce texte… il n’a pas écrit ce qu’il a voulu !
Le fait que Jésus soit né d’une vierge… et que Joseph ne soit pas le père de l’enfant… il ne pouvait pas l’inventer : il ne faisait que mettre par écrit une tradition qui remontait aux Apôtres.
C’était la foi de l’Eglise… il ne pouvait pas dire autre chose.

Matthieu devait imaginer qu’un tel message se heurterait au scepticisme des juifs, comme à celui des grecs ou des romains !
Quand on sait, par ailleurs, son désir de prouver à ses lecteurs juifs que Jésus était le Messie attendu, on peut supposer que cette naissance virginale ne l’arrangeait pas !
Matthieu aurait, sans doute, préféré que Jésus soit le fils de Joseph… et donc "fils de David" autrement que par adoption !
Mais un évangéliste n’écrit pas ce qu’il veut… et selon la foi qu’il nous transmet : Joseph est un père adoptif… Jésus est né d’une Vierge… et cette conception est l’oeuvre du Saint Esprit.
Quand il publie son Evangile, dans les années 70, il sait que cela fait partie de la révélation et donc de la foi de l’Eglise depuis l’origine.

Le Credo le reprendra comme un élément de notre foi : le Fils unique de Dieu "est né de la Vierge Marie".
On peut imaginer que Dieu aurait pu faire les choses autrement !
Il y a beaucoup de choses que Dieu aurait pu faire autrement ! Il aurait pu nous sauver sans nous envoyer son Fils… nous l’envoyer sans qu’il meure sur la croix… ou sans qu’il naisse de la Vierge Marie !
Le Credo, ce ne sont pas les choses que Dieu aurait pu faire, mais celles qu’il a choisi de faire pour nous sauver… ce sont les choses que Dieu a accomplies en fait ! C’est cela qu’il nous révèle, et qui constitue notre foi.

L’objet de notre foi (relisez le Credo) ce sont les trois personnes divines… et c’est leur intervention dans l’histoire des hommes.
Notre foi, ce n’est pas seulement un ensemble de vérités… c’est aussi un ensemble d’événements : ils occupent la moitié du Credo !
Et parmi ces événements il y a celui-ci, qui fait notre joie en ce temps de Noël : "il a été conçu du Saint Esprit, il est né de la Vierge Marie."

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