Faut-il condamner le jeune homme riche ?

28ème dimanche du temps ordinaire de l'année B

L'Évangile du "jeune homme riche" comporte deux parties :
1 - Ce qui est nécessaire pour obtenir la vie éternelle.
2 - Ce que Jésus nous appelle à faire au delà de ce minimum nécessaire.
La question du jeune homme était : "Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?" (Mc 10,17)
La réponse de Jésus n’innove pas. Il demande de mettre en pratique les commandements de Dieu reçus de l’Ancien Testament : "Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, sois dévoué envers ton père et ta mère." (Mc 10,19) Voilà ce qui est nécessaire au salut.

Le jeune homme riche est souvent cité comme un exemple de tiédeur. Et pourtant, cette Loi de Dieu, il l’avait observée depuis sa jeunesse… peu d’entre nous peuvent en dire autant !
Jésus ne méprise ni les commandements, ni le jeune homme : "Posant son regard sur lui, Jésus l’aima" (Mc 10,21). D’ailleurs, ces commandements ne sont pas étrangers à l’amour : ils représentent le minimum que puisse faire celui qui prétend aimer son prochain. Si le jeune homme avait observé chacun de ces commandements depuis sa jeunesse, c’est que l’amour avait toujours eu, dans sa vie, une place privilégiée.

Cependant, Jésus lui propose davantage : "Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi." (Mt 19,21) Mais il n’ira pas jusque là : il gardera sa fortune. Cela ne signifie pas qu’il est perdu ou condamné, mais il devra rester vigilant :
"Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu." (Mc 10,24). La formule est une hyperbole : elle est exagérée, pour mieux traduire la gravité de la situation et la nécessité de la droiture.

Ne faisant pas partie de ceux qui ont tout quitté, nous sommes parfois tentés de croire que l’on peut faire n’importe quoi de son argent !
Jésus nous met en garde et nous invite à la vigilance. Il nous demande évidemment une grande honnêteté dans l’usage de l’argent : c’est l’un des commandements nécessaires au salut, mais il va plus loin. On le voit dans les nombreuses paraboles dont les personnages sont un propriétaire et un gérant (ou un serviteur). Dieu est toujours représenté par le personnage du propriétaire, et notre rôle, est toujours celui du gérant : celui qui doit rendre compte de sa gestion, ou dire quel usage il a fait de ses talents.
Tout ce que nous sommes et tout ce que nous possédons, nous l’avons reçu de Dieu, non pas comme un propriétaire qui aurait tous les droits, mais comme un dépositaire qui gère les richesses de son maître.

Il est bon que les États encouragent l’entreprise privée et fassent respecter les droits de chacun. On a vu à quel désastre aboutit le collectivisme.
Jésus ne conteste pas le droit de propriété dans les relations sociales, mais il nous révèle que par rapport à Dieu, nous ne sommes propriétaires de rien, et devrons rendre compte de tout.
Il va plus loin encore : devant Dieu nous n’avons pas de droit… et en particulier, pas de droit au salut. Les disciples demandent : "Mais alors, qui peut être sauvé ?" Jésus leur répond : "Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu." (Mc 10,26-27). Celui qui aura géré sa vie et ses richesses en étant un serviteur aussi fidèle que possible, devra, en tout état de cause, s’en remettre à la tendresse de Dieu.

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