"Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup…" Lc 9,22

12ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

L'Évangile de saint Luc est construit selon un plan particulier : après l'Évangile de l’enfance qui est un peu à part, et le ministère de Jésus en Galilée, toute la deuxième partie de cet Évangile est présentée comme une montée vers Jérusalem : vers la passion et la résurrection, et l'Évangile de ce dimanche est l’introduction de cette deuxième partie.
Jésus ne récuse pas la foi de Pierre qui le reconnaît comme "le Messie de Dieu" (Luc 9,20), mais il va tenter de lui faire comprendre qu’il ne l’est pas de la façon qu’il espérait.
Les fils d’Israël attendaient un Messie qui vienne les délivrer des malheurs du monde, de l’injustice et de la persécution, et Jésus se présente comme un Messie qui sera victime de la persécution, de l’injustice et du mal : "Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, les chefs des scribes, qu’il soit tué…" (Luc 9,22)

Le problème est actuel : ce que les premiers disciples ont du mal à comprendre, c’est toujours ce que nous et nos contemporains avons du mal à accepter.
On voudrait un Dieu qui trouve des solutions au problème du mal : on se dit que cela ne devrait pas être trop difficile, puisqu’il est tout puissant, et qu’il nous aime. Mais nous ne sommes pas très cohérents, et nous voudrions que Dieu trouve une solution, tout en nous laissant libres de continuer à faire le mal !
Nous ne sommes pas très cohérents lorsque nous parlons du problème du mal comme si c’était un problème extérieur à nous !
Dans cet Évangile, Jésus nous fait comprendre que le mal est en nous : c’est ce qui nous empêche de rencontrer Dieu et de rencontrer les autres. Le mal c’est le refus d’aimer.
Il est impossible de marcher à la suite du Christ sans un combat contre le mal : "Celui qui veut sauver sa vie, la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, la sauvera." (Luc 9,24)

La vie chrétienne n’est pas un drame continuel : c’est au contraire une vie libérée, bien plus libre que la vie de ceux qui sont esclaves de leurs vices, mais ce n’est pas une vie où l’on se laisse aller. Donner la priorité à l’amour, ce n’est pas un chemin de facilité. Jésus l’a fait jusqu’à donner sa vie.
Aimer, c’est, au minimum, observer les commandements : ne pas tuer, ne pas voler, pas commettre d’adultère, respecter ses parents. Autant de choses qui sont loin d’être évidentes dans notre monde actuel.
On n’a jamais autant tué (les enfants), jamais autant divorcé, jamais autant pratiqué le concubinage, à tout âge, jamais autant abandonné ses parents, sans parler de la fraude et de la corruption.
Jésus nous dit que l’amour résume tous ces commandements, mais il n’en exclut aucun, c’est pourquoi l’amour est exigeant : "Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive." (Luc 9,23)
Aimer Dieu par dessus tout : lui donner la priorité… être disponible, se laisser déranger avec le sourire, donner de son temps, tout cela, c’est un peu donner sa vie.
Et donner sa vie pour le Christ et pour les autres, ce n’est pas la perdre, c’est la sauver : "Celui qui perdra sa vie à cause de moi, la sauvera."

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