"Les signes de la tendresse divine"

6ème dimanche du temps ordinaire de l'année B

Après avoir guéri le lépreux, Jésus lui dit : "Attention, ne dis rien à personne" (Marc 1,44), ce qui signifie qu’il veut éviter la publicité.
Mais pourquoi ajoute-t-il : "Va te montrer au prêtre et offre pour ta purification ce que Moïse a prescrit, pour l’attester au peuple" ?

Comme on le voit dans le livre du Lévitique (13,2), on donnait le nom de lèpre à un certain nombre de maladies contagieuses; et ces malades, non seulement n’étaient pas soignés, mais ils étaient exclus des villages et ne devaient laisser personne les approcher ; dès qu’ils apercevaient quelqu’un, ils devaient crier : "Impur, impur !" S’il leur arrivait de guérir, ils ne pouvaient retrouver leur place dans la société qu’en se soumettant à un certain rituel et en faisant constater leur guérison par un prêtre du Temple. Naturellement, la lèpre véritable était incurable à cette époque, et si c’est bien cette lèpre-là que Jésus a guérie, on comprend l’étonnement des foules.

Notre personnage devait demander au prêtre l’attestation officielle qui mettait fin à son exclusion sociale, mais Jésus lui demande de ne dire à personne comment il avait été guéri.
Dans sa joie, il n’en fait rien, et il annonce à tous sa guérison.

Mais pourquoi faire un miracle et vouloir le garder secret ?
Quand saint Jean parle des miracles, il les appelle des "signes".
Pourquoi faire un "signe" s’il ne doit pas être connu de tous ?
Probablement parce que le sens du signe n’est pas le même pour le lépreux et pour de simples spectateurs.
Pour le comprendre, il suffit de se mettre dans la peau du lépreux : il souffre, il est rejeté du monde, il se voit mourir lentement de maladie et peut-être de faim… et Jésus le guérit !
C’est un signe de la puissance divine, mais, plus encore, de sa tendresse.
Les autres retiennent surtout la manifestation de la puissance : ils ont en partie raison, mais ils oublient l’essentiel.
Dieu est le Tout Puissant, c’est évident, mais l’essentiel, nous dit saint Jean, c’est que Dieu est amour.
Pour celui qui est guéri, un miracle est d’abord un signe de l’amour.

La popularité de Jésus était telle, nous dit saint Marc qu’il ne pouvait plus entrer ouvertement dans les villes. Il lui devenait difficile d’annoncer l’Évangile : les foules venaient à lui pour faire guérir leurs malades, et elles n’écoutaient plus la Parole de Dieu.

On voit comment la soif de merveilleux peut détourner de l’essentiel.
Certains chrétiens sont constamment à l’affût de nouvelles apparitions et de nouveaux miracles… ils glissent parfois dans nos boîtes à lettres des photocopies de leurs petites revues… on a l’impression que tous les miracles qu’on leur a déjà racontés ne suffisent pas à leur foi… En cela, ils ne sont pas très différents de certains incroyants : ils demandent des signes, mais ceux qui leur sont donnés les laissent toujours insatisfaits !

Il y a chaque jour, à Lourdes, des miracles qui ne sont connus que du malade et de son entourage.
Il n’est pas essentiel qu’ils soient publiés : ceux qui ne sont pas concernés personnellement ne retiendraient que le merveilleux ! Ce sont des signes que Dieu donne à quelques personnes : celles qui peuvent les comprendre comme des signes de sa présence et de sa tendresse.

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