"Un seul pasteur." Jn 10,16

4ème dimanche de Pâques de l'année B

Quand on lit cet Évangile du bon pasteur on parle généralement de la vocation et de la mission des prêtres dans l’Église. Comme successeurs des Apôtres ils ont une charge de pasteur auprès de la communauté chrétienne, qui comporte un triple pouvoir ecclésial ou une triple mission : enseigner, gouverner et sanctifier le peuple de Dieu.
On peut cependant se demander dans quelle mesure et en quel sens ils méritent ce titre de "pasteur".
Dans l’Ancien Testament, Yahvé est le pasteur du peuple d’Israël, et dans le Nouveau Testament, ce titre de pasteur, à deux exceptions près, est réservé à Jésus. Dans le texte qu’on vient de lire, il va jusqu’à dire : "Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur." (Jn 10,16)

On dit quelquefois que le pape est le "pasteur suprême" de l’Église. Il est vrai que son pouvoir, dans l’Église, est universel et sans appel, mais tout ce qu’il fait et tout ce qu’il dit, c’est au nom du Christ. En fait, le "pasteur suprême", c’est le Christ. C’est pourquoi les papes préfèrent se donner le titre de "serviteur des serviteurs de Dieu."

On connaît le passage où, par trois fois, Jésus demande à Pierre : "M’aimes-tu ?" Et, par trois fois, il lui dit : "Fais paître mes brebis."
Pierre a donc la charge de l’ensemble du troupeau, mais on voit que Jésus ne dit pas : "Sois le pasteur des brebis".
Il devra faire "paître" le troupeau, mais ce ne sont pas ses brebis. Jésus dit : "mes brebis". Le seul pasteur, c’est le Christ. Pierre devra guider et prendre soin d’un troupeau qui appartient au Christ.

Dire que les évêques ou les prêtres sont des pasteurs n’a rien de scandaleux, mais il est important de préciser en quel sens.
Le concile Vatican II a rappelé que la première de leurs trois missions est l’annonce de la Parole. Et ce qu’ils enseignent, c’est la parole de Dieu : ce n’est pas une doctrine personnelle. Par leur ordination, les successeurs des Apôtres reçoivent le don de l’Esprit pour transmettre le message du Christ.
Quand on dit qu’ils gouvernent la communauté, il s’agit d’un pouvoir bien différent du pouvoir exercé par les hommes, que ce soit dans les entreprises, dans l’armée ou dans la société civile. C’est un pouvoir de guider vers le Christ ceux qui veulent bien se laisser guider.
Quant à leur mission de sanctifier, elle consiste à donner les Sacrements du Christ : et là, il est encore plus évident que tout est centré sur la personne du Christ. Un Sacrement, ce n’est pas autre chose qu’une rencontre du Christ : donner un Sacrement, c’est aider ses frères et sœurs à faire la rencontre du Christ.

L’Église a besoin de ministres de la Parole et des Sacrements.
Un prêtre est un ministre, c’est-à-dire un serviteur de la communauté des disciples du Christ. On peut dire qu’il s’agit d’une mission de pasteur, mais il est évident que l’unique pasteur, c’est le Christ.
Quand Jésus a appelé ses disciples, ils ont quitté leur village, leur famille et leur métier, et ils l’ont suivi. On sait bien qu’un métier, ou une carrière professionnelle, ne mérite pas qu’on y consacre tout son être.
Celui qui se met au service de l’Église du Christ s’y donne entièrement, tout en s’effaçant derrière l’unique pasteur : celui qui a le pouvoir de faire entrer les hommes dans la vie divine.

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