"Que devons-nous faire ?" Luc 3,10

3ème dimanche de l'Avent de l'année C

Il y avait, en Israël, un groupe qui était apparu un siècle avant Jésus, qu’on appelait les "Pharisiens", ce qui veut dire les "séparés".
Ils avaient un souci constant de pureté, et pour cela, ils évitaient tout contact avec ce qui aurait pu les rendre impurs ou les souiller, et donc, ils se tenaient, le plus possible, à l’écart des pécheurs.
Ils pensaient que la sainteté consiste à être séparé des pécheurs !

La sainteté, dans l’Évangile, c’est l’amour : non pas un amour qui dispense des commandements, comme le souhaiteraient parfois nos contemporains, mais une fidélité à toutes les exigences de l’amour.
Jean Baptiste n’est pas seulement le précurseur de Jésus quand il le désigne comme l’ "Agneau de Dieu", mais aussi en étant le précurseur de cette définition nouvelle de la sainteté : c’est en cela qu’il prépare les cœurs à le reconnaître et à le rencontrer.

Les foules venaient se faire "baptiser", c’est-à-dire "plonger" dans le Jourdain : bain rituel ou symbolique qui exprimait un désir de conversion. Les foules demandaient : "Que devons-nous faire ?"
Une vraie conversion n’est pas seulement théorique : elle consiste à "faire" les choses autrement.
La réponse de Jean est une invitation au partage : "Celui qui a deux tuniques … celui qui a de quoi manger …" (Luc 3,11)
Le message du plus grand prophète de l’Ancien Testament n’est pas réservé aux docteurs de la Loi, il peut être compris de tous, et il demande un amour qui agit.

Si la sainteté consiste dans l’amour, elle ne consiste pas à se séparer des pécheurs. Jésus fréquentait les pécheurs et les aimait. Aux Pharisiens qui s’en étonnaient, il tentait d’expliquer qu’eux aussi étaient pécheurs.
En cela également, Jean Baptiste est le précurseur de Jésus : il accueille tous les pécheurs, y compris les collaborateurs des romains, détestés et méprisés : les publicains et les soldats.
Aux publicains qui empochaient en toute légalité une partie de l’impôt, il ne dit pas : "vous devez renoncer à être publicains !"… ou aux soldats : "vous ne devez plus être soldats !"
Non seulement Jean ne les tient pas à l’écart, mais il estime qu’on peut être publicain sans profiter de son pouvoir (ce qui semblait incroyable) : en collectant uniquement ce qui est juste… on peut aussi être soldat sans profiter de son pouvoir (ce qui n’était pas dans les mœurs). Il leur dit : "Ne brutalisez personne." (Luc 3,14)

C’est, pour chacun de nous, une invitation à poser la même question : "Que devons-nous faire ?"… et à ne pas rêver d’une situation où il serait facile d’être chrétien ! Une telle situation n’existe pas.
C’est donc une invitation à ne pas s’imaginer qu’à partir de tel degré de richesse on pourrait partager… à imaginer que si on était moine, on pourrait prier… et que si on était missionnaire, on pourrait témoigner de sa foi !
Riche ou pauvre, moine ou pas, si on doit se sanctifier, c’est dans le moment présent. Si on doit témoigner de sa foi, c’est aujourd’hui et demain, auprès de ces prochains habituels que Dieu a mis sur notre chemin.

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