"Tu es bénie entre toutes les femmes" Luc 1,42

4ème dimanche de l'Avent de l'année C

Le livre de la Genèse nous présente la première femme : créée sans péché à l’origine, comblée de grâce comme Marie, mais infidèle à cette grâce.
La Vierge Marie est comme une deuxième création : une seconde réalisation de ce plan de Dieu originel, et elle a été fidèle.

Saint Luc est un théologien, et un théologien inspiré. Il n’exprime pas sa théologie dans un traité sur Marie et les autres personnages, mais dans un récit qui fait intervenir ces divers personnages.
Il précise qu’Élisabeth est "remplie de l’Esprit Saint" : les paroles qu’elle prononce ne sont pas une salutation habituelle, mais des paroles inspirées : c’est une parole de Dieu ou une révélation concernant la personnalité de Marie et celle de l’enfant.

La salutation d’Élisabeth est insolite de la part d’une grande dame, âgée et respectable, la femme d’un prêtre d’Israël, habitant la Judée, le domaine du Peuple de Dieu, tout près de la ville sainte.
Ce jour-là, elle accueille une très jeune et très vague cousine, venue d’une province en majorité païenne et considérée comme peu orthodoxe par les docteurs de la Loi.
Dans le meilleur des cas, elle aurait pu l’accueillir avec une affection condescendante. Mais Élisabeth est inspirée : elle comprend qui est Marie, et elle a conscience d’être peu de chose en présence de celle qui est "bénie entre toutes les femmes".
Ce sera, plus tard, l’attitude de Jean Baptiste en présence de Jésus : "Je ne suis pas digne de me mettre à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales." (Marc 1,7)

Élisabeth comprend également ce que sera l’enfant, et elle se sent indigne d’un tel bonheur : "Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?" (Luc 1,43). "Mon Seigneur." c’est le titre qu’on donnait au Roi, et donc au Messie annoncé par les prophètes… mais, dans la Bible, c’est avant tout le titre qu’on donnait à Dieu !
Élisabeth reconnaît en Marie la mère du Messie attendu… mais il est probable que saint Luc veut aussi (comme dans le récit de l’Annonciation) nous rappeler sa qualité de mère de Dieu.

On voit comment Marie a mis en œuvre cette grâce de Dieu : par un amour qui s’est fait serviable. L’Évangile nous montre deux aspects de la charité de Marie : la hâte et la joie.
Dans le message de l’Annonciation, elle a appris qu’Élisabeth attendait un enfant, et "aussitôt" elle s’est mise en route. Il n’y a rien qui la retienne à Nazareth et qui ait priorité sur l’amour et le service d’une parente âgée qui a besoin d’elle. Et la charité de Marie est source de joie : cette visite est un "bonheur" pour Élisabeth.
Cette joie apparaîtra aussi dans l’action de grâce de Marie : "Mon âme exalte le Seigneur … mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur … Toutes les générations me diront bienheureuse … car le Tout Puissant a fait pour moi des merveilles." (Luc 1,46-49)

Enfin, dans la réponse de Marie au message de l’Annonciation, elle s’en remet à Dieu : "Que tout se fasse pour moi selon ta parole" (Luc 1,38), une réponse qui annonce la prière de Jésus : "Notre Père … que ta volonté soit faite". (Mt 6,10)

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