Ceux qui lèvent les bras au ciel

5ème dimanche de Carême de l'année C

L’histoire de la femme adultère nous montre Jésus confronté au monde juif palestinien : à sa fidélité à la parole de Dieu associée à une certaine hypocrisie.
Il y a, dans ce récit, des attitudes qui peuvent nous faire sourire. On peut s’amuser de la façon dont Jésus amène ses auditeurs à toucher du doigt leur inconséquence. On peut avoir aussi une certaine inquiétude : si Jésus était là, comment dénoncerait-il nos hypocrisies et nos inconséquences ?

Derrière les paroles, on découvre, dans cet Évangile, le regard de Jésus et son attitude envers les différents personnages de cette scène.
Un regard de compassion et de pardon pour la femme qui a péché ; et un regard qui n’approuve pas ceux qui lèvent les bras au ciel et qui la condamnent bruyamment.

Cependant, il ne faut pas simplifier : Jésus ne donne pas tort à ceux qui condamnent le péché ; son attitude n’est pas "permissive".
Il ne dit pas aux scribes et aux pharisiens : "Fichez la paix à cette femme ; ce qu’elle a fait est sans importance !"
Il y a un point sur lequel il est d’accord avec eux, c’est l’existence du péché ; et il dit à la femme : "Va et désormais ne pèche plus."
C’est donc bien un péché : là-dessus, Jésus est d’accord avec les docteurs de la Loi ; et il demande à cette femme une conversion véritable.

Mais il y a un autre point que les scribes et les pharisiens n’ont pas compris. C’est que, par rapport au péché et au pardon de Dieu, la situation de cette femme est bien meilleure que la situation de ceux qui la condamnent et qui lèvent les bras au ciel. Jésus les amène à prendre conscience que leur position est intenable ; ils le reconnaissent et ils s’en vont un par un, en commençant par les plus vieux.

Là encore, prenons garde de ne pas prendre parti trop vite : de ne pas nous réjouir de la défaite de ces affreux et de la façon dont Jésus les a piégés.
En fait, c’est là qu’ils commencent à être sympathiques, quand ils comprennent qu’eux aussi avaient besoin d’être pardonnés.
Et nous avons tout intérêt à les trouver sympathiques, nous qui devons admettre que nous leur ressemblons.
Jésus ne cherche à blesser personne ; il les aime tous, et il veut que tous se convertissent, qu’ils se reconnaissent pécheurs, la femme et les autres, et il réussit.

Les pharisiens ont un style de vie qui les met, en principe, à l’abri de certains péchés ; d’où la tentation de se scandaliser bruyamment du péché des autres et de se croire irréprochables.
Ils considèrent l’adultère comme une faute grave, et ils ont raison.

Actuellement, les fautes sexuelles s’étalent au grand jour, et certains s’en glorifient, et pourtant, il y a une certaine honte à les confesser.
Notre honte est souvent mal placée. On reconnaît, sans trop de honte, avoir été indisponible, impatient, incapable de partager, avoir un égoïsme monumental. Mais avouer une faute contre la pureté est plus difficile.

La honte est un mélange de contrition, d’orgueil et d’angoisse.
Ce que l’Évangile nous demande, c’est un mélange de contrition, d’humilité, et de confiance en Dieu.
Il nous demande une démarche de lucidité : reconnaître nos blessures et nos faiblesses devant Dieu et accueillir son pardon.
À chacun de nous, il dit cette parole : "Moi non plus je ne te condamne pas." Il ne veut pas nous enfermer dans le péché, mais nous libérer.

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