Il dit : "Oui Seigneur" et n'y alla pas ! Mt. 21, 30

26ème dimanche du temps ordinaire de l'année A

Après avoir écouté Jean Baptiste, des foules de gens se plongeaient dans le Jourdain en racontant leurs péchés… ils avaient tué…ils étaient débauchés… ils avaient pratiqué la corruption.
Les pharisiens écoutaient avec satisfaction les discours de Jean : ils approuvaient et se disaient : "Il a raison d'être sévère… tous ces gens-là ont bien besoin de se convertir !"
Quant à eux, ils s'étaient installés dans la catégorie des bons, et cela les dispensait définitivement de remettre en cause leur égoïsme… leur dureté… leur avarice… leur incapacité à servir.

Des gens de toutes sortes s'étaient convertis, y compris parmi les plus infâmes dans la société juive… des publicains et des prostituées.
Jésus ne fait pas l'apologie des publicains et des prostituées ! Ceux dont il parle, dans cet Evangile, se sont totalement remis en question. Ils étaient mal partis, mais ils en ont pris conscience et ils ont remis en cause toute leur vie passée. Ils sont comme le deuxième fils de la parabole… celui qui avait mal commencé, mais qui finalement avait fait la volonté de son père.

Il y a quelques décennies, il était d'usage de mettre les pratiquants dans la catégorie biblique des "pharisiens hypocrites", et quand arrivait le 26ème dimanche, on leur disait : "Les publicains et les prostituées seront avant vous dans le royaume des cieux."

En fait, un tel discours s'écarte radicalement du message de l'évangile… parce qu'il laisse entendre que les pratiquants sont les seuls à devoir se convertir… et que les autres en sont plus ou moins dispensés !
Ce qui reviendrait à dire que les publicains et les prostituées, au fond, c'est très bien !

Mais Jésus ne dit rien de tel… s'il les donne en exemple, c'est dans la mesure où ils ont tout remis en question, et le reproche qu'il fait aux pharisiens, c'est précisément de croire qu'ils sont dispensés de toute conversion.
Son message, c'est que personne n'est dispensé de se convertir.
On voit bien où se situe le danger pour nous… c'est que chacun s'installe dans sa bonne conscience et trouve un alibi qui le dispense de bouger. Chaque dimanche on dit : "Oui, oui, Seigneur… Acclamons la parole de Dieu… Louange à toi Seigneur Jésus"… et bien d'autres formules… et on ne fait rien !
Quant aux non-pratiquants on trouve également chez eux tout un arsenal de raisons par lequel ils justifient leur infidélité aux Sacrements, leur bonne conscience et leur tiédeur !

Nous qui sommes fidèles à l'Eucharistie que le Christ a donnée à son église, il ne faut pas que cette fidélité soit un alibi pour cesser de nous remettre en question, et ne rien faire de plus… à la façon du premier fils qui avait dit "Oui", et qui était tellement content d'avoir dit "Oui", qu'il ne faisait plus rien !
On connaît des gens qui mangent et ne grossissent jamais ! C'est l'image de certains consommateurs d'Eucharistie : ils consomment, mais cela n'aboutit jamais au service de la Communauté ni à l'annonce de l'évangile.
Jésus veut nous dire que, dans notre vie chrétienne, on n'a fait qu'un tout petit bout du chemin !
Quelle tristesse si on s'arrête là ! On pourrait vivre d'une façon tellement plus intense la rencontre du Christ, l'amour fraternel, le témoignage, et l'annonce de la Parole !

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