"Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments." Jn 15,1-8

5ème dimanche de Pâques de l'année B

Il arrive souvent que Jésus reprenne, dans ses paraboles, des images qui étaient dans l'Ancien Testament.
Dans le livre du prophète Isaïe, Dieu avait planté une vigne.
Cette vigne représentait "la maison d'Israël", c'est-à-dire le Peuple de Dieu (Is 5,1-7). Yahvé avait cultivé cette vigne avec amour, il avait comblé Israël de ses bienfaits… mais sa tendresse a été méconnue et le Peuple n'a pas donné de bons fruits. Ce qu'il a produit, c'est "l'injustice, les crimes et les cris de détresse" (Is 5,7). Alors, Isaïe annonce qu'Israël va connaître la souffrance et la déportation… un châtiment qui ne sera pas une destruction, mais une purification. Il y aura un "reste d'Israël" qui sera sauvé, qui sera fidèle, et qui portera du fruit.

Dans cette parabole, comme dans le livre d'Isaïe, Dieu est le vigneron. Pour Isaïe, la vigne ne donne pas de bons fruits… de même, pour Jésus, une branche laissée à elle-même ne peut pas donner de bons fruits.
Mais, dans le livre d'Isaïe, il y a tout un vignoble… dans l'Evangile, il n'y a qu'un seul pied de vigne ! Et cette vigne, c'est Jésus lui-même… et nous, nous sommes les sarments.
Il est le tronc et nous sommes unis à lui comme les branches.
Pour Isaïe, la vigne représentait le peuple de Dieu… dans l'Evangile, c'est à la fois Jésus et le Peuple de ses disciples… nous ne faisons qu'un avec lui.

On peut remarquer que l'Evangile est moins pessimiste qu'Isaïe : il ne parle pas seulement des mauvais fruits, mais aussi des bons fruits que nous pouvons donner en étant unis au Christ : "Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire." (Jn 15,5)

Cet Evangile est de ceux qui peuvent le mieux, nous faire comprendre ce que l'Eucharistie réalise en nous et dans l'Eglise. On peut dire que l'Eucharistie fait l'Eglise, dans la mesure où l'essentiel de ce Sacrement est d'unir les hommes au Christ, pour qu'ils soient un seul être avec lui : "Puisqu'il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps : car tous nous participons à cet unique pain." (1. Cor. 10,17)

L'Eucharistie nous unit les uns aux autres parce qu'elle nous unit au Christ.
L'union au Christ est le principe premier, et c'est le but final… mais la communion réalise également l'unité entre les disciples. Pécher contre l'amour et l'unité, c'est porter de mauvais fruits et se séparer du Christ.
Jésus nous donne son corps pour que nous soyons unis entre nous, en étant fils de Dieu avec lui. En communiant nous devenons davantage l'Eglise qui est la "plénitude du Christ" (Eph. 1,22-23).

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