Dans cet Evangile, Jean se rappelle sa première rencontre avec Jésus.
Il a vécu auprès de lui par la suite, pendant les trois années de sa vie publique… il s’est habitué à lui, et il a fini par le côtoyer comme si c’était une chose naturelle.
Au cours de ces rencontres quotidiennes, il a peu à peu découvert le mystère du Christ, la routine s’est installée, mais en même temps, sa foi grandissait.
Quelques années plus tard, il a écrit le texte qu’on vient de lire dans son Evangile… c’est une méditation sur cet instant qui a changé sa vie… cet instant où pour la première fois, il a fait la rencontre de Celui qu’il appelle le Verbe de Dieu… le Fils unique qui était auprès du Père… celui qui était la Lumière du monde…
Il nous dit comment le Fils de Dieu est entré en contact avec nous… avec une humilité infinie… en prenant d’infinies précautions… pour ne pas nous faire peur.
A la différence de Saint Matthieu ou de Saint Luc… l’Evangile de Jean ne raconte pas la naissance de Jésus… il ne dit rien de la simplicité de Marie et de la pauvreté de la bergerie.
Il ne nous dit pas comment le Fils de Dieu est entré dans l’histoire, ce jour-là… très discrètement… et sans rien déranger dans l’univers des hommes.
Si le Fils unique… qui est Dieu, comme le Père… est entré en contact avec nous… ce n’était pas pour nous éblouir par sa Puissance divine.
Il nous en a montré juste ce qu’il fallait pour nous faire comprendre ce qu’il était… mais il a surtout été un homme très humain… très tendre avec les faibles… très attentif aux joies et aux souffrances de chaque personne… très exigeant dans ses appels à la sainteté… et très bienveillant avec tous ceux qui venaient à lui en reconnaissant leur faiblesse.
On pense quelquefois que les miracles sont les épisodes importants de l’Evangile… avec les discours, où Jésus donne son message… et que le reste est du remplissage.
En fait, tout est important… les miracles parce qu’ils sont des signes que Dieu nous fait (dans l’Eglise d’aujourd’hui comme dans l’Evangile)… les paroles de Jésus… parce qu’il est le Verbe : la Parole de Dieu en personne. Mais les journées sans histoire sont aussi importantes… les journées où Jésus a apprivoisé ses disciples… pour leur faire comprendre qu’ils pouvaient être ses amis… les amis du Fils de Dieu.
Qu’est-ce qu’on peut donner à Dieu ?… Comment lui faire un cadeau ?
Il a tout… il est celui qui nous donne tout… il est le Créateur qui fait exister l’univers… que pourrait-on lui donner qui ne soit pas déjà à lui ?.
Et pourtant, il y a une chose qu’il nous demande… une chose que nous pouvons lui donner… une chose qu’il ne nous impose pas parce qu’elle deviendrait sans valeur… c’est notre amour.
C’est la seule chose que Dieu attend de nous… que nous pouvons lui offrir parce qu’elle ne dépend pas de sa puissance, mais de notre liberté… et c’est la seule chose qui ait de la valeur à ses yeux.
Ce que Dieu nous demande, c’est de l’aimer… d’un amour qui lui donne la préférence sur tout le reste.
On dit que c’est un “Commandement”… et c’est vrai… c’est le premier Commandement… avec l’amour fraternel, il contient toute “la Loi et les prophètes”.
Mais il ne pouvait pas nous le donner comme un ordre… on n’exige pas d’être aimé !
Pour nous demander cela, il nous a envoyé son Fils.
Dès le premier jour ses disciples ont compris qu’il était le Maître… que sa Parole était la Parole de Dieu.
Il était le Seigneur… mais il ne jouait pas au Seigneur… il ne traitait pas ses disciples comme des serviteurs… il les traitait comme des amis.
Et pour cela, sa vie a été simple… il a voulu éviter tout ce qui les aurait tenu à distance… parce que la distance ou la peur… ne peut pas cohabiter avec l’amour.
Quand il parlait de Dieu : de l’Etre tout puissant, Créateur de tout ce qui existe… il ne prononçait pas le mot “Dieu”.
Chose étonnante… dans l’Evangile… quand Jésus parle de Dieu… il ne l’appelle pas “Dieu”.
Toutes les fois qu’il parle de Dieu… il l’appelle : “mon Père”.
En entendant cela les disciples ont été un peu surpris… et puis peu à peu, ils se sont dit que Dieu n’était pas si lointain.
Ils ont compris qu’il était comme un Père parce qu’il est la source de tout ce qui existe… mais aussi parce qu’il a la tendresse d’un père… parce qu’il est proche comme un père.
On pourrait méditer des heures sur les deux premières paroles de la prière de Jésus : “Notre Père”.
Il y a, dans ces deux mots, un mystère immense, caché aux sages et aux savants !
Et si Jésus a vécu simplement et quotidiennement avec ses disciples… c’était pour être aimé de chacun d’eux comme un frère.
Il fallait qu’il leur dévoile le mystère de sa condition divine… de sa filiation éternelle… mais il ne voulait pas que cela les empêche de l’aimer comme un frère.
Lui, le Fils unique, voulait être aimé de ses disciples… comme lui-même les aimait… et c’est pour cela qu’il a voulu entrer dans l’histoire des hommes avec tant de discrétion et de simplicité.
Il nous a dit : “Celui qui m’aime observera mes paroles”.
Pour celui qui a en lui l’amour de Jésus Christ, le reste suit… la fidélité à l’Evangile n’est plus un problème.
Et Saint Jean qui a compris tout cela… se rappelle sa première rencontre avec lui… ce jour où il ne savait encore rien de lui … où il l’a suivi… où Jésus a demandé : “Que cherchez-vous ?”
Il a répondu : “Maître, où habites-tu ?”
Jésus a dit : “Venez, et vous verrez.”
Il y est allé, et il est resté avec lui… il était quatre heures du soir.
Il y a plus dans ce récit que dans tous les discours… il y a une rencontre.
Et si, nous aussi, nous avons fait la rencontre de Jésus… tout le reste devient secondaire.
C’est pour cela qu’il est venu à nous… C’est pour cela qu’il s’est fait proche et accessible.
Publié le 2015-01-28