On vient de lire ces paroles de Saint Paul aux Corinthiens : «En toutes circonstances je tâche de m’adapter à tout le monde.»
Et il ajoute : «Faites comme moi.»
Je suppose que nous avons tous le désir de transmettre l’Évangile … c’est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à quelqu’un.
Si Paul annonce l’Évangile, c’est «pour le bien de la multitude des hommes : pour qu’ils soient sauvés.»
Tous ceux qui ont des enfants ou des petits enfants ont le désir de leur transmettre leur foi.
Et beaucoup parmi nous ont le désir de la transmettre au delà du cercle familial … catéchèse … aumônerie … parcours alpha … cellules paroissiales d’évangélisation … groupes de prière et d’étude de la Bible … Secours Catholique …
Il va de soi que l’on fait tout son possible pour rendre la Parole de Dieu accessible à chaque personne.
Mais, en même temps, on est conscient que c’est la Parole de Dieu … pas notre parole … il faut donc la transmettre fidèlement.
Saint Paul, en tout cas, n’était pas disposé à édulcorer l’Évangile pour plaire à son auditoire.
Il écrit dans cette même lettre : «Nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens.» (I Cor 1, 23)
Jésus n’a pas eu peur de déplaire … il a souvent scandalisé les docteurs de la Loi … Il a déplu au point d’être condamné à mort.
C’est ce qui est arrivé à tous les martyrs … martyr est un mot grec qui veut dire «témoin» … ils ont donc témoigné de leur foi … ils ont transmis l’Évangile le mieux qu’ils ont pu … et quand ils ont compris qu’ils risquaient leur vie, ils sont quand même restés fidèles à la Parole de Dieu.
Il va de soi que Jésus fait partie des martyrs … et saint Paul également : il a été décapité lors de la première grande persécution, celle de Néron, à cause de sa foi et de son zèle à la transmettre.
Il pouvait dire : «Prenez-moi pour modèle; mon modèle à moi, c’est le Christ.»
Il écrit : «En toutes circonstances je tâche de m’adapter à tout le monde.»
Mais, en même temps, il sait qu’on ne peut rien changer à l’Évangile :
«Même si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent … qu’il soit anathème.» (Gal. 1,8)
Tout cela nous concerne … vous savez l’insistance des derniers papes sur l’urgence de l’annonce de l’Évangile.
Le terme de Nouvelle évangélisation vient de Jean Paul II.
Paul VI, avant lui, n’emploie pas ce terme, mais il a écrit une lettre sur l’évangélisation qui est une merveille … et qui ne parle pas d’autre chose.
Au début de cette lettre, il parle du Concile Vatican II, il dit que :
«ses objectifs se résument, en définitive, en un seul : rendre l’Eglise du XXe siècle encore plus apte à annoncer l’Evangile à l’humanité du XXe siècle.»
Autrement dit, Vatican II n’avait pas d’autre objectif que ce qu’on a appelé, par la suite, la «Nouvelle évangélisation».
Il va de soi que n’est pas l’annonce d’un autre Évangile … c’est une prise de conscience de l’urgence de l’évangélisation.
Le concile veut, par tous les moyens, mettre cette Bonne Nouvelle à la portée des hommes de notre temps … tous les moyens, sauf évidemment, édulcorer l’Évangile.
Evangéliser, ce n’est pas se comporter comme si on était des propriétaires qui disposent du message.
Si on était des propriétaires, on pourrait le modifier comme on voudrait.
Mais nous sommes les dépositaires d’un message qui ne nous appartient pas … et que nous devons transmettre intact.
Si on ne le transmet pas intact, ce qu’on transmet n’est plus la Parole de Dieu … on n’évangélise pas.
Ce n’est pas nous qui pouvons convertir : c’est l’Esprit Saint qui convertit, mais pour cela, il faut que les hommes aient entendu l’Évangile.
Paul VI dit bien que nous ne sommes pas propriétaires, mais serviteurs de l’Évangile : il faut le préserver dans sa pureté intangible :
«Il faut absolument nous mettre en face d’un patrimoine de foi que l’Eglise a le devoir de préserver dans sa pureté intangible, mais le devoir aussi de présenter aux hommes de notre temps, autant que possible, d’une façon compréhensible et persuasive.» (Evangelii nuntiandi, 3)
Il faut tenir les deux bouts :
Le transmettre le plus fidèlement possible.
Et, en même temps, tout faire pour le rendre accessible.
Vatican II n’avait pas d’autre objectif.
Ce qui explique la place donnée à l’apostolat des laïcs par ce concile.
Ce message a pu sembler nouveau à l’époque du concile.
En réalité il ne faisait que rappeler une évidence : chaque chrétien, en vertu de son Baptême et de sa Confirmation, a reçu, du Christ lui-même, la mission de transmettre l’Évangile.
Notre mission d’évangéliser, on l’a reçue de notre Confirmation … et une mission reçue d’un Sacrement, c’est une mission qui est reçue du Christ.
Je cite le concile : “Les laïcs tiennent de leur union même avec le Christ le devoir et le droit d’être apôtres … étant fortifiés grâce à la Confirmation par la puissance du Saint-Esprit, c’est le Seigneur lui-même qui leur confie leur apostolat.” (Décret sur l’apostolat des laïcs, 3)
La Constitution dogmatique sur l’Église (Lumen Gentium) dit la même chose : “L’apostolat des laïcs est une participation à la mission de salut de l’Église : à cet apostolat, tous sont appelés par le Seigneur lui-même en vertu du Baptême et de la Confirmation.” (Lumen Gentium, 33)
La même Constitution précise que les fidèles … “sont tenus de professer devant les hommes la foi qu’ils ont reçue de Dieu par l’Eglise” … et avec leur Confirmation, ils ont la force de l’Esprit Saint pour le faire.
“Ils sont strictement obligés de répandre la foi et de la défendre par la parole et par l’action, comme de véritables témoins du Christ.”
(Lumen Gentium, 11)
On ne peut pas mieux définir la Nouvelle évangélisation.
Le concile ne la présente pas comme une option possible : “Les fidèles sont tenus de dire leur foi.”
Ils sont “strictement obligés de répandre la foi … par la parole et par l’action.”
Une obligation, ce n’est pas forcément une corvée.
Ceux qui font le choix du mariage ont l’obligation de s’aimer et d’aimer leurs enfants … ce n’est pas une corvée … c’est un cadeau.
Ceux qui demandent la Confirmation reçoivent du Christ la mission d’évangéliser … c’est leur vocation … c’est un immense cadeau … c’est un don de l’Esprit.
Publié le 2015-02-14