Je suppose que vous êtes nombreux à vous poser des questions sur cette histoire de serpent de bronze… Jésus qui est comparé à une image de serpent accrochée au bout d’un bâton !
On se demande ce que saint Jean essaye de faire comprendre.
Après la sortie d’Egypte… les hébreux étaient mordus par des serpents… Moïse avait fait mettre un serpent de bronze au bout d’une perche… et selon le livre des Nombres, quand on le regardait on était guéri.
Pourquoi Saint Jean est allé chercher cette curieuse histoire de serpent pour faire une comparaison avec le Christ ?
Il faut se rappeler d’abord que Jean s’adresse à des Juifs qui connaissent cette histoire… cela veut dire que Dieu a sauvé son peuple.
D’autre part, Jean ne retient que deux éléments de comparaison : il trouve dans l’Ancien Testament une réalité qui est fixée sur du bois… et cette réalité donne le salut !
Jean retient ces deux éléments, et il y voit une image du salut que Jésus nous a donné sur le bois de la croix.
C’est tout ce que Saint Jean veut dire… ne cherchez pas autre chose !
Quand il veut, Saint Jean sait dire ça d’une façon simple… mais ici, il le dit d’une façon imagée !
C’est un message partout présent dans le Nouveau Testament… et pourtant, nous avons du mal à l’entendre.
Vous connaissez la formule ancienne : “il faut faire son salut”… on n’ose plus l’employer… mais l’idée nous habite plus ou moins !
Ce que Saint Jean nous dit dans cet Evangile, c’est qu’on ne peut pas “Faire son salut”… on peut seulement le recevoir… c’est un cadeau !
C’est ce que Saint Paul appelle le salut par la foi !
Le pardon des péchés… le salut… la vie éternelle… la vie de fils adoptif … c’est un don de Dieu… mais ce don, il faut l’accueillir… il faut en avoir envie… ce que les Béatitudes appellent avoir “soif de justice” ou de sainteté.
C’est ce que Jean et Paul appellent ici “la foi”.
Le mot “foi” peut avoir d’autres sens légitimes… par exemple : croire toutes les vérités du Credo…et toutes celles de l’Evangile.
Mais dans ces passages de Jean et Paul, il ne s’agit pas seulement de croire des vérités… mais de mettre sa foi en quelqu’un !
“Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi, tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.”
Je ne suis pas mon propre sauveur… mon Sauveur, c’est le Christ !
Le Fils de Dieu me donne le salut… et moi, je dois le recevoir de lui.
Le “foi” dont parle ici Saint Jean consiste à se tourner vers lui… et lui dire : “Seigneur, c’est toi mon Sauveur.”
On pourrait croire que tout le monde a envie d’être sauvé !
Si le salut est un cadeau de Dieu… on se dit que tout le monde doit avoir envie de le recevoir !
Mais, en fait, le salut n’est pas si facile à recevoir !
Désirer le salut… c’est une remise en cause de soi… une conversion !
“Les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce qu’ils vivaient dans le mal. Tout homme qui fait le mal… fuit la lumière.”
Il y a bien des façons de fuir la lumière… parfois on s’interdit de penser : on refuse de voir les problèmes… parfois on s’étourdit de travail… ou de loisirs… ou bien, on se fait une bonne conscience sur mesure : ce qui nous fait envie ou ce qui nous arrange on décide que c’est bien !
Ce genre de bonne conscience ne vaut rien… et au fond, on sait bien qu’on se ment à soi-même : “Tout homme qui fait le mal… fuit la lumière.”.
Paul… le “salut par la foi”, cela veut dire que le salut est un don gratuit :
“C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, (gratuitement) à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela n’est pas dû à votre action personnelle, il n’y a pas à en tirer orgueil.”
On pourrait dire : vos actions ne vous donnent pas un droit… un droit au salut… vous n’avez rien à exiger !
C’est un sujet où on bascule facilement d’un extrême à l’autre :
ou bien on veut “faire son salut”, et on oublie que c’est un cadeau de Dieu,
ou bien on comprend que c’est un cadeau… et on se croise les bras… comme si nos actions et nos efforts ne servaient à rien !
Saint Paul évite ces deux excès… après avoir dit que le salut est un don de Dieu, il ajoute, tout de suite après : “C’est Dieu qui nous a faits… pour que nos actions soient vraiment bonnes.”
Recevoir le salut… ce n’est pas être passif !
Cela suppose une volonté de faire de son mieux… de faire tout ce qu’on peut pour aimer et pour être fidèle à l’Evangile.
Dieu nous a donné des talents… des dons ou des qualités naturelles… il ne veut pas qu’on les laisse dormir !
Etre réceptif au salut… c’est mettre en oeuvre tous les talents qu’on a reçus de lui.
Et quand on aura tout fait : aimé les autres… observé l’Evangile… il ne faudrait pas s’imaginer qu’on a des droits par rapport à Dieu.
Il faut faire tout ce qu’on peut… mais cela ne veut pas dire qu’on ait des droits… cela reste un cadeau totalement gratuit.
Comment expliquer ça ?
Dans le monde ancien, il y avait des foules d’esclaves… des «sans-droit».
Imaginez qu’un Seigneur demande à un de ses esclaves de nettoyer la porcherie… et lui dise : «Si tu la nettoies bien, la semaine prochaine, je t’affranchis… et je fais de toi mon héritier !»
Si l’esclave ne fait aucun effort et travaille comme un cochon, il n’aura rien… il restera avec les cochons… mais s’il fait tout ce qu’il peut, il recevra un cadeau sans proportion avec ses efforts.
Le salut qui nous est offert, c’est beaucoup plus que ce genre d’héritage… le salut, ce n’est pas seulement le pardon des péchés, c’est une vie fils de Dieu… c’est partager la vie des trois personnes divines.
Un tel cadeau est totalement sans proportion avec tous nos efforts… il faut faire tout ce qu’on peut pour aimer et pour observer l’Évangile… mais le salut que Dieu nous donne ne pas être un droit… cela reste un cadeau.
Publié le 2015-03-15