“Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici… Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez.”
On voit que l’Evangile est beaucoup plus qu’une doctrine… c’est beaucoup plus qu’un ensemble de vérités.
Mais c’est aussi un ensemble de vérités… Nous réciterons le Credo tout à l’heure avec les nouveaux baptisés… S’ils demandent le Baptême, c’est parce qu’ils croient chacune de ces vérités.
Pilate était un sceptique… mais Jésus lui disait : «Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.»
Etre disciple du Christ, c’est avoir l’amour de la vérité.
Il n’y a pas, d’un côté, ceux qui ont la foi… et de l’autre côté, ceux qui ont un esprit cartésien.
La foi n’est pas irrationnelle… il y a une grande cohérence des vérités de foi… et aussi une grande cohérence de la foi avec les vérités qui relèvent des sciences de la nature.
Les vérités du Credo sont des vérités portant sur des personnes.
On ne peut donc pas dire que ce sont des vérités abstraites… il n’y a rien de plus concret que des personnes.
Il y a trois parties dans le Credo qui sont la révélation des trois personnes divines.
Le Credo, vous le savez, c’est aussi un ensemble d’événements :
Le Fils de Dieu… «est né de la Vierge Marie… il a souffert sous Ponce Pilate … il a été crucifié, est mort, et a été enseveli… le troisième jour il est ressuscité des morts.»
Le Fils unique de Dieu, lui qui était né du Père avant tous les siècles est entré dans l’histoire des hommes.
Le Credo est donc fait, en grande part, de vérités relatives à des événements… des événements qui nous donnent le salut.
Et si vous regardez l’Évangile, ce n’est pas autre chose que la vie quotidienne, parmi nous, de celui qui était l’une des trois personnes divines.
On a revécu, cette semaine, les événements de la passion et de la mort de Jésus. Normalement, quand on a raconté la mort d’un personnage, on a fini de raconter son histoire.
L’histoire de Jésus est différente… elle ne commence pas avec sa naissance… il est né du Père avant tous les siècles… et elle ne finit pas avec sa mort.
Si nous sommes ce soir dans cette Église, c’est bien pour célébrer sa présence.
“Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici… Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez.”
Si nous relisons ces paroles, c’est parce qu’elles sont extraordinairement actuelles.
“Il n’est pas ici !”… il n’est pas à Jérusalem… il n’est pas dans un tombeau… ce n’est pas le bon endroit où le chercher !
Mais, remarquez une chose : il n’est pas non plus dans autre monde… il n’est pas devenu étranger à notre univers !
“Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez”… vous le rencontrerez dans cet environnement qui a été le vôtre… dans lequel vous l’aviez côtoyé chaque jour… Là vous le verrez… vous le toucherez de vos mains… vous entendrez sa voix… vous ferez l’expérience de sa présence.
Certains font des pèlerinages en Terre Sainte… à Nazareth et à Jérusalem… c’est bien… mais ce n’est pas là qu’on fera la rencontre du Christ… «Retournez chez vous : là vous le rencontrerez.»
«Restez chez vous, à………, c’est là qu’il est présent.»
Vous me direz que cet Évangile annonce aux femmes une apparition du Christ… mais vous savez qu’il ne faut pas confondre la Résurrection du Christ et ses apparitions.
Sa Résurrection est définitive et de tous les instants… alors que les apparitions n’ont duré que quelques instants… pendant une période de quelques semaines.
Les apparitions, ce sont les instants où le ressuscité s’est rendu visible, tangible et audible… pour manifester sa présence… mais quand elles ont pris fin, il n’a pas cessé d’être présent… elles ont pris fin, au contraire, quand les Apôtres ont compris qu’il serait constamment présent au milieu d’eux.
C’est en cela que nous sommes concernés… sa résurrection concerne chacun de ses disciples à chaque instant de leur histoire.
Sa présence, ici à………, ne diffère en rien de sa présence en Galilée, auprès de ses premiers disciples, au lendemain de Pâques.
Il se donne à rencontrer à tout instant et en tout lieu, à celui qui prend le temps d’être attentif à sa présence.
On sait qu’il se donne aussi à rencontrer… en toute personne qui est en situation de faiblesse ou de dépendance.
Jésus est Dieu… c’est en cela qu’il est l’objet de notre foi… mais s’il est présent, ce n’est pas seulement comme personne divine !
En tant que Dieu, il est évident que le Christ est présent dans tout l’univers… il est créateur avec le Père… il nous tient dans l’existence !
Mais, la résurrection, cela veut dire que Jésus de Nazareth est présent également dans sa condition d’homme.
Si Jésus est ressuscité, ce n’est pas en tant que Dieu… mais en tant qu’homme.
Celui que nous rencontrons dans l’Eucharistie… celui que nous rencontrons dans la prière… c’est l’homme de Nazareth… attentif à chacun… bienveillant avec ses disciples… prêt à écouter… prêt à guérir toute blessure… toujours prêt à pardonner.
C’est cet homme-là qui est ressuscité… non pas pour une vie charnelle et visible… mais pour être proche de ses frères les hommes.
Et s’il est ressuscité, c’est aussi pour nous dire à quoi les hommes sont destinés… ils sont appelés à une résurrection qui ressemblera à la sienne.
Ce sont les paroles de Saint Paul.
Ce n’est pas une vie charnelle… Saint Paul écrit : «La chair et le sang n’ont pas part à la vie du monde à venir.»
C’est une vie tout autre… semblable à celle du Christ ressuscité… qui n’est plus visible… mais qui est présent tous les jours dans son Église.
On aimerait que le Seigneur se manifeste à nous d’une façon plus sensible… on aimerait qu’il nous donne des signes plus habituels de sa présence.
Mais, c’est dans la foi qu’il nous demande de le rencontrer… dans la foi pure.
Tous ceux, parmi vous, qui pratiquez l’adoration eucharistique, vous savez que ce n’est pas toujours un temps de consolation… c’est une rencontre du Christ, mais seulement dans la foi.
Vous savez que Thomas, avant de croire, exigeait de voir le ressuscité.
Jésus répond à son attente… il se montre à lui… mais, en même temps, il lui reproche son manque de foi : «Bienheureux ceux qui croient sans avoir vu.»
C’est la béatitude des croyants… c’est notre bonheur de croyants… nous savons que le ressuscité n’est pas visible à nos yeux… mais qu’il est proche.
Sa résurrection ne le rend pas lointain… c’est, au contraire, sa résurrection qui le rend définitivement présent… chaque jour… auprès de chacun de ses disciples.
La rencontre que nous pouvons faire du Christ ne diffère pas de celle qu’ont pu faire les premiers disciples… et notre joie n’est pas différente de la joie des premiers disciples.
Publié le 2015-03-28