Apocalypse. Langage imagé de la Bible… notre erreur est de croire que c’est un langage approximatif, et qu’on peut lui faire dire à peu près n’importe quoi… de préférence : ce qui nous arrange !
C’est une grave erreur… ce langage est très précis… Toute la question est de bien le comprendre… et pour cela, il faut généralement se rappeler que ce langage et ces images viennent de l’Ancien Testament.
D’ailleurs, c’est la Parole de Dieu… on ne lui fait pas dire ce qu’on veut… on l’accueille… c’est cela avoir la foi… Ces 3 lectures montrent aussi la richesse et la variété de la Parole de Dieu.
La première lecture, l’Apocalypse, décrit une vision céleste : une femme met au monde un enfant.
On devine l’importance de cette naissance et de cet enfant… toutes les puissances du mal se déchaînent contre lui… mais elles sont impuissantes à le détruire !
Il est dit que l’enfant sera le «berger de toutes les nations»… ce qui est une exemple de langage imagé qui veut dire que cet enfant est Dieu.
Dans l’Ancien Testament, le «berger de toutes les nations», c’est Dieu.
Jésus dit la même chose dans l’Évangile de saint Jean : il est le bon pasteur, le vrai berger qui connaît chacune de ses brebis par leur nom… comme Dieu… et qui les aime avec tendresse… comme Dieu dans l’Ancien Testament… avec cette nouveauté qu’il donne sa vie pour ses brebis.
I Corinthiens : “Le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité”… il est le premier-né d’une vie nouvelle qu’il veut partager avec les hommes.
Si le Christ est ressuscité, ce n’est pas pour lui, c’est pour nous… s’il s’est fait homme, c’est pour nous.
Et s’il est ressuscité, c’est pour nous révéler quelque chose… c’est pour nous dire, pas seulement avec des paroles, à quoi il nous destine.
C’est aussi pour nous dire que la vie ressuscitée n’est pas un recommencement de notre vie actuelle… c’est une vie tout autre.
Pourquoi ce texte a-t-il été choisi pour la fête du 15 août ?
Parce que l’Assomption de Marie, ce n’est pas autre chose que sa résurrection… elle est entrée dans cette vie nouvelle à la suite du Christ.
Ce n’est donc pas un mystère étranger à notre condition humaine… cela veut dire que Marie réalise déjà la destinée à laquelle nous sommes appelés… Vous voyez qu’en fêtant l’Assomption, nous fêtons un projet de Dieu qui nous concerne.
L’Évangile de Luc : montre la foi et la gratitude de Marie.
Elle entre dans la maison de Zacharie, mais c’est Elisabeth qu’elle salue ! On sait que le pauvre Zacharie est devenu sourd et muet… et on a l’impression que tout le monde l’oublie un peu !
Elisabeth dit à Marie : «Tu es bénie entre toutes les femmes et béni est le fruit de ton sein.»
Là aussi, pour ceux qui connaissent l’Ancien Testament, cette parole évoque la divinité de l’enfant.
Dans le livre de Judith (13,18) il est dit : «Tu es bénie… entre toutes les femmes… et béni est le Seigneur Dieu.»
Elisabeth reprend les mêmes termes, si ce n’est que l’enfant que Marie porte en elle a pris la place du «Seigneur Dieu».
Et la suite est tout aussi surprenante… Elisabeth est une dame âgée et respectable, c’est la femme d’un prêtre du temple de Jérusalem… alors que Marie est une petite cousine de province qui n’a même pas 15 ans.
Et pourtant, c’est Elisabeth qui se sent toute petite… Elle parle à sa jeune cousine comme on parle à une reine :
«D’où me vient cet honneur que la mère de mon Seigneur vienne à moi ?»
On connaît le béatitudes qui sont au début du Sermon sur la montagne.
Mais c’est Elisabeth qui prononce la première béatitude de l’Évangile… elle dit à Marie : «Bienheureuse… toi qui as cru.»
Elle aurait pu dire : «Bienheureuse, toi qui es la mère du Messie.»
C’est ce que tout le monde aurait dit en Israël ?
Mettre au monde le Fils de Dieu, on pourrait penser qu’il n’y a pas de plus grand bonheur… et pourtant, si Marie est bienheureuse, c’est avant tout à cause de sa foi.
La première béatitude de la Nouvelle Alliance est celle des croyants… elle ne s’adresse donc pas seulement à Marie… mais à chacun de nous aujourd’hui.
C’est aussi la béatitude qu’on retrouve à la dernière page de l’Evangile … Jésus dit à Thomas : «Bienheureux ceux qui croiront sans avoir vu.» (Jn.20, 29)
En fait, c’est une béatitude qui revient trois fois dans l’Évangile.
Une femme dit à Jésus : «Heureuse celle qui t’a porté et qui t’a allaité.»
Et Jésus lui répond : «Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui l’observent.» (Luc 11, 28)… Heureux ceux qui ont la foi et qui la mettent en pratique.
C’est la béatitude de tous les disciples du Christ… c’est aussi une façon de nous dire en quoi Marie est bienheureuse.
La réponse de Marie à Elisabeth montre qu’elle est consciente de la grâce qui lui est faite : «Désormais, toutes les générations me diront bienheureuse.»
Elle est consciente de sa sainteté… et parce qu’elle est vraiment sainte, elle n’a pas la moindre pensée d’orgueil… elle ne pense qu’à remercier : «Le Tout Puissant a fait pour moi des merveilles.»
Puisque nous avons la foi, vous voyez que cet Évangile nous parle.
La foi est le premier des dons du Saint Esprit… ce n’est pas le plus important… le plus important, c’est l’amour.
Mais la foi est le point de départ… c’est le premier des cadeaux que Dieu nous a faits… et quand on reçoit un cadeau, on remercie.
Comme Marie, nous pouvons remercier… comme elle, nous pouvons dire : «Le Tout Puissant a fait pour moi des merveilles.»
Ce qui fait penser à une autre béatitude qui n’est pas non plus dans le Sermon sur la montagne… c’est une parole de Jésus à ses disciples au retour de leur première mission : «Réjouissez-vous, non pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux.»
C’est une parole qu’on peut méditer… et, comme Marie, on aura envie de remercier : «Réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux.»
Publié le 2015-08-15