Soumission réciproque

21ème dimanche du temps ordinaire de l'année B

Deux très belles lectures… difficile de choisir… je vous dirai un mot sur chacune.

Ephésiens 5 : sur le Mariage… on faisait autrefois cette lecture à chaque mariage… maintenant les fiancés ont le choix entre plusieurs textes… et si vous avez assisté à des mariages ces dernières années, vous avez pu remarquer que ce texte de Saint Paul n’a plus vraiment la cote !
“Que les femmes soient soumises à leurs maris.”
Les futurs maris hésitent à choisir ce texte… et les futures épouses préfèrent d’autres passages de la Bible.

Ce matin (ce soir), ce n’est pas un mariage… on a donc lu ce texte… d’ailleurs, on n’a pas le choix… c’est le texte prévu pour ce Dimanche.
On peut donc se poser la question : faut-il que les femmes soient soumises à leurs maris ?
C’est Saint Paul qui le dit… et Saint Paul, c’est la Parole de Dieu !
Encore faut-il bien la comprendre… et pour bien comprendre un texte, il faut le situer dans son contexte… et il se trouve, dans le cas présent, que le contexte est très éclairant.

Si vous lisez la suite du texte, vous verrez que saint Paul parle des esclaves… Il rappelle aux maîtres que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes, qu’ils soient esclaves ou hommes libres… et il leur demande de ne pas avoir recours aux menaces.
Et il dit aux esclaves : «obéissez à vos maîtres.»
Paul ne dit pas que l’esclavage est une bonne chose… mais à cette époque il existait… et Paul demande à chacun de se comporter en chrétien dans ce contexte-là.

Il veut dire la même chose pour les femmes.
Dans le monde ancien, la condition de la femme était subalterne… ce n’était pas la condition des esclaves… mais on était très loin de la situation actuelle.
Dans ce contexte, Paul demande à chacun de vivre dans l’amour mutuel : aux femmes de vivre leur condition de soumission avec patience et amour … et aux maris d’exercer leur autorité avec tendresse.

Paul ne dit pas que la condition des femmes dans le monde ancien était une bonne chose… pas plus que celle des esclaves… mais, dans ce contexte-là, il leur demande de pratiquer la douceur et la patience.

Ce qui est plus étonnant, c’est ce qu’il dit au début de ce passage… dans le contexte de l’époque, c’est un message totalement nouveau :
Paul commence en disant : «Soyez soumis les uns aux autres.»
Là, on mesure à quel point saint Paul était inspiré.
En fait, ce qu’il demande aux deux époux, c’est une soumission réciproque… ce qui vaut pour son époque comme pour la nôtre… secret d’une vie conjugale réussie… si vous êtes mariés vous le savez !

Une société qui reconnaît l’égalité des femmes est évidemment préférable, mais la douceur et la patience sont, dans tous les cas, un des secrets du bonheur… ce qui suppose cette soumission réciproque… qu’on pourrait appeler aussi un esprit de paix… ou de réconciliation.
Dans un autre langage, Jésus disait : “Bienheureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu”… ce qui concerne les époux.

Etre artisan de paix, c’est accepter de ne pas rester campé sur ses positions… la tendresse mutuelle va faire qu’on sera prêt, d’un côté comme de l’autre à se remettre en question… c’est la soumission mutuelle.

Aimer la vérité, ce n’est pas aimer avoir raison… assez souvent, au contraire, c’est reconnaître ses torts.
Saint Paul écrit aussi : «l’amour met sa joie dans la vérité.» (I Cor. 13, 6)
Aimer la vérité ce n’est pas aimer avoir toujours raison.
La soumission mutuelle, c’est être prêt à entendre la vérité qui nous vient de l’autre… même quand il met le doigt sur nos défauts !
La soumission mutuelle, c’est aussi dire à l’autre des vérités… avec délicatesse… en évitant d’être blessant… avec le désir de convaincre et non pas de blesser.

Paul ajoute : «Maris aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise, et s’est livré pour elle.»… aimer comme le Christ nous a aimés… amour qui va jusqu’à donner sa vie… qui est prêt à tout sacrifier par amour !
Si un mari aime sa femme de cette façon… et une femme son mari… si les deux sont prêts à sacrifier ce qui pourrait faire obstacle à leur amour … ce qui pourrait faire obstacle au bonheur de l’autre… on ne voit pas comment leur vie conjugale pourrait être un échec.

Ce qu’il demande aux époux, c’est une communion… semblable à celle que lui, Jésus veut réaliser avec son Église.
Ce qui rejoint l’Évangile de ce jour.

Cet Évangile de Saint Jean est sur l’Eucharistie… après plusieurs dimanches, on arrive à la conclusion de ce long chapitre.
Le Fils de Dieu se fait nourriture… message qui a semblé incompréhensible à ses contemporains… et pourtant, vous voyez l’insistance de Jésus.
C’est un aspect essentiel de sa mission terrestre… lui, Jésus en personne, s’est fait nourriture pour ses disciples !
Ce qu’il veut réaliser avec les hommes, c’est une communion.

Il est vrai que la vie chrétienne est une foi… Jésus le dit dans ce chapitre : “Celui qui croit en moi possède la vie éternelle.”
C’est aussi une morale… choses à faire… pratique… Ce n’est pas celui qui dit : “Seigneur, Seigneur.” qui entrera dans le Règne de Dieu, c’est celui qui met en pratique l’Evangile… Il ne suffit pas de croire, il faut agir.

Mais croire l’Evangile… le mettre en pratique… ce sont des condition qui rendent possible l’essentiel.
Et l’essentiel, c’est notre communion avec le Fils de Dieu… on se nourrit de lui… on s’assimile à lui… on ne fait plus qu’un avec lui… on devient Fils de Dieu avec lui… c’est l’essentiel du message de l’Evangile.

Mais on voit dans cet Evangile de Saint Jean que ce message laisse sceptiques les auditeurs de Jésus… ils s’en vont… ce n’est pas ce qu’ils attendaient du Messie.

On voit aussi que Jésus les laisse libres de partir… il laisse libres également ceux qui étaient ses premiers disciples… “Voulez-vous partir vous aussi ?” La foi est toujours un acte libre.

Pierre répond au nom du groupe des disciples : «Seigneur à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle.»
Après ces années passées en présence de Jésus, Pierre est sûr d’avoir rencontré le Messie : celui qui possède les paroles de la vie éternelle.

Dans notre entourage, nous connaissons et nous fréquentons beaucoup d’incroyants.
On pense quelquefois qu’ils sont incroyants parce qu’ils ont trouvé mieux !
Mais passez en revue ceux que vous pouvez connaître… vous verrez que la plupart sont simplement des sceptiques… ils n’ont pas trouvé mieux… en général, ils ne savent pas… et ils prétendent qu’on ne peut pas savoir !

Nous, qui avons le bonheur de partager la foi de Pierre, nous pouvons rendre grâces… avec lui nous avons rencontré celui qui a les paroles de la vie éternelle.

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