À propos des “Mages venus d’Orient”, il n’est pas facile de dire ce qu’ils sont… il est plus facile de dire ce qu’ils ne sont pas !
On ne sait ni leurs noms, ni d’où ils venaient, ni combien ils étaient… dans nos crèches, on en met trois… mais il y avait peut-être toute une caravane !
En tout cas, ce n’étaient pas des rois, mais plutôt des prêtres… certains disent des prêtres perses… d’autres disent des prêtres astrologues babyloniens… d’autres les font venir d’Arabie à cause de l’encens et de la myrrhe qui viennent de là !… Les plus honnêtes disent qu’on ne sait pas !
D’ailleurs Matthieu emploie le terme le plus vague possible… il dit simplement : des “Mages venus d’Orient” !
Ils ne sont pas rois, mais leurs cadeaux sont royaux… ce sont ceux qu’on doit faire à un roi : l’or, l’encens et la myrrhe.
On voit, d’ailleurs, que c’est bien un roi qu’ils cherchaient… et pour les Juifs, le roi ou le Messie, c’est la même chose !
Ils demandent à Hérode : «Où est le roi des juifs qui vient de naître ?»
Et ça, c’est exactement la question qu’il ne fallait pas poser à Hérode.
Celui qu’on a appelé “Hérode le grand” n’était pas Juif mais Arabe, et il gouvernait le pays des Juifs avec l’appui des occupants Romains… Si les sondages de popularité avaient existé, il n’aurait pas eu une grosse cote !
Un de ses grands soucis était de garder le pouvoir… il y a réussi en faisant assassiner tous ceux qui représentaient un danger politique… y compris certains de ses fils.
Cet Evangile de Saint Matthieu reflète donc assez bien son caractère.
Mais le plus intéressant, dans ce récit de l’Epiphanie, c’est qu’il est une sorte de condensé de l’Évangile qui va suivre… c’est comme l’anticipation de l’attitude des hommes en présence de Jésus, au cours de sa vie.
Tout au long de l’Evangile on découvre des hommes de toutes conditions qui écoutent sa parole et deviennent ses disciples : des pauvres et des riches, des publicains et des soldats, des puissants et des humbles, des Juifs et des étrangers… des hommes et des femmes qui cherchent Dieu et dont le coeur n’est pas fermé.
Par contre, ceux qui devraient reconnaître le Messie, ne le reconnaissent pas… ceux qui ont la connaissance de la Bible ont peur, parce que Jésus remet en cause leur autorité et leur savoir… ils ont peur de la vérité… ils ont peur de perdre leurs privilèges.
Dans l’Evangile de l’enfance, on retrouve ces différentes sortes de personnages.
D’un côté, Hérode qui a peur de perdre son trône… et les docteurs de la Loi qui détiennent la connaissance : ils savent que le Messie doit naître à Bethléem, mais leur science ne leur sert à rien pour le rencontrer… quand on leur demande où doit naître le Messie… ils savent : ils citent par coeur le prophète Michée… ils savent, mais ils ne se dérangent pas pour aller voir… à Bethléem… à une heure de marche de Jérusalem.
De l’autre côté, il y a les Mages, qui n’ont pas eu peur de se déranger, et qui ont fait un immense parcours.
Les Mages représentent les nations païennes… qui ont beaucoup plus de chemin à parcourir que le peuple d’Israël pour faire la rencontre de Dieu… mais qui ont un vrai désir de lumière et de vérité.
Dans l’Évangile de Luc les invités de Dieu sont les bergers… qui sont les plus pauvres et les plus méprisés. Personne n’aurait pensé à les inviter… mais Dieu, lui, les invite… il les invite à la naissance de son Fils !
Dans l’Évangile de Matthieu, ce sont les Mages. Ils ne sont pas pauvres, puisqu’ils offrent de l’or… mais ils cherchent la lumière.
Ils ont suivi l’étoile, nous dit Saint Matthieu.
Ils représentent les nations païennes… ce qui veut dire que l’Épiphanie, c’est notre fête… à nous qui sommes les nations païennes.
Nous sommes invités à marcher vers la même lumière… vers Jésus qui nous dit : «Je suis la lumière du monde.»
C’est une lumière immense… et pourtant, vous le savez, il nous arrive de perdre sa trace !
C’est une lumière immense… mais pour la reconnaître et la suivre, il faut avoir un coeur bien disposé… avoir faim et soif de vérité et de sainteté.
Si nous avions vécu en ce temps là, aurions-nous fait partie des Mages ou bien des Docteurs de la Loi ?
Comme les Scribes, il nous est arrivé d’avoir peur de la lumière !
Quelquefois la vérité nous dérange… et la conversion nous fait peur.
Et plus on refuse de se convertir, plus la lumière de l’Évangile nous embarrasse et nous fait peur.
Notre problème, c’est la peur… on a peur d’être perdants… peur que Dieu ne soit pas à la hauteur… on a peur que ses cadeaux soient décevants !
Saint Matthieu veut nous dire : “N’ayez pas peur de la lumière !”
Le Fils de Dieu, qui vient de faire son entrée dans le monde… ne vient frustrer personne… il ne veut rien prendre à personne !
Il vient pour donner… donner le pardon de Dieu… il vient donner la vie d’enfants de Dieu qui est une vie éternelle
Il est vrai que Dieu a un problème avec nous… il veut donner… et souvent il n’y arrive pas !
Si nous, les hommes, nous ne sommes pas disposés et réceptifs, il est obligé de garder ses cadeaux.
J’ai un ami prêtre qui a inventé cette petite parabole :
Un jour quelqu’un sonne à la porte.
Vous ouvrez… c’est Dieu !
Il a les bras encombrés par une pile de cadeaux.
Vous le faites entrer.
Il vous demande : “Où est-ce que je peux te déposer ces cadeaux ?”
Vous lui dites : “Attends… ne bouge pas… non, pas dans l’entrée… non, pas dans la cuisine… dans le séjour, sur le meuble, il n’y a plus de place !”
Et finalement vous ne trouvez pas d’endroit… il n’y a pas de place dans la maison pour les cadeaux de Dieu… et il repart avec ses cadeaux !
Et mon ami ajoutait : “Le problème avec Dieu, c’est qu’il est timide… et on ne sait pas quand il osera revenir !”
Il voulait dire, en fait, que Dieu nous laisse libres.
Ce qu’il nous offre est immense… mais si notre coeur est fermé, il ne s’impose pas… il nous laisse libres.
Par contre, si nous avons faim et soif de sainteté, il peut et il veut nous rassasier.
Il ne faut pas avoir peur du Messie, comme Hérode et les Scribes.
“Bienheureux ceux qui ont faim et soif de sainteté, ils seront rassasiés.”
Publié le 2016-01-02