Nous venons de lire, avant cet Evangile, un passage du livre des Actes des Apôtres. Pour lire ces textes dans l’ordre chronologique, il aurait fallu commencer par l’Evangile, puisqu’il nous rapporte la première apparition de Jésus, au soir du Dimanche de Pâques.
Le récit des Actes décrit la vie de l’Eglise quelques mois plus tard : après la Pentecôte, quand les Apôtres seront vraiment devenus des témoins.
Le soir de Pâques, nous venons de le lire, Jésus leur dit : «De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie.»
Jésus les envoie, mais, en fait, que font-ils ?… Rien… Ils ne bougent pas !
Ils sont restés quelque temps à Jérusalem, mais ils ne donnent pas l’impression d’être beaucoup sortis !
Et quand ils sont chez eux ils ferment tout à clef : Saint Jean le rappelle deux fois dans les quelques lignes que nous venons de lire.
Ils font aussi un séjour en Galilée, et là, ils reprennent simplement leur métier de pêcheurs.
Et pourtant, pendant ces quarante jours, Jésus leur apparaît.
Donc, ils ont retrouvé la foi… mais ils n’en parlent à personne… ce n’est qu’après la Pentecôte qu’ils seront vraiment des témoins.
Les évangélistes insistent sur le fait qu’après la mort de Jésus, les Apôtres n’avaient plus la foi : ils ne croiront qu’en voyant le Seigneur.
Thomas n’est pas l’incrédule du groupe : ils étaient tous comme Thomas… aucun d’eux n’avait cru les femmes… qui sont les premiers témoins de la Résurrection !
Il y a une certaine différence entre le témoignage des Apôtres, et celui de tous les témoins qui ont suivi au cours de l’histoire de l’Eglise.
Les Apôtres ne sont pas simplement témoins de leur foi, comme nous.
Ils sont les témoins de la Résurrection : ils sont témoins d’un événement qui est le point de départ de l’Eglise.
Ils ne sont pas témoins d’une opinion concernant Jésus, mais d’un événement.
Regardez d’ailleurs le Credo : il comporte un ensemble de vérités… mais toutes ces vérités concernent des personnes et des événements.
Il résume l’histoire de l’intervention du Fils de Dieu dans notre monde : sa naissance parmi nous, sa vie, sa mort, et sa résurrection… C’est de cela que les Apôtres sont témoins… C’est pourquoi la forme la plus ancienne du Credo s’appelle “Symbole des Apôtres”.
Et le Credo se termine sur notre résurrection.
Si le Christ est ressuscité, c’est pour nous dire, mieux qu’avec des paroles, à quoi il nous destine.
Il est vrai qu’on ne peut pas vraiment imaginer cette vie nouvelle… ce n’est pas un recommencement de notre vie charnelle… c’est saint Paul qui le dit… il écrit aux Corinthiens : «La chair et la sang n’auront pas part à la vie du monde à venir.»
Un aspect important de la résurrection de Jésus, c’est sa présence.
Ses dernières paroles à ses disciples ne sont pas des paroles d’adieu… c’est tout le contraire… il leur dit : «Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps.»
Par sa résurrection, il est plus proche que jamais de ses disciples… il est proche de chacun de nous… et c’est cela qui fait de nous des témoins.
Et nous aussi, nous avons reçu l’Esprit Saint pour manifester notre foi… les Apôtres l’ont reçu à la Pentecôte… nous l’avons reçu par notre Confirmation… le concile Vatican II précise que les confirmés ont l’obligation de témoigner de leur foi.
Si nous croyons que le Christ est ressuscité… si nous croyons qu’il est proche de nous… si nous avons le bonheur de le rencontrer dans la prière… c’est pour devenir des témoins… pas seulement de notre foi en lui… mais aussi de sa présence.
C’est pour cela que nous sommes ici dans cette église… pour le rencontrer dans l’Eucharistie.
Si Jésus a fait les Sacrements, c’est pour mieux nous faire vivre de sa présence : c’est vrai de l’Eucharistie… mais aussi des autres Sacrements.
On vient de lire cette parole de Jésus aux Apôtres : «Quand vous pardonnerez les péchés, ils seront pardonnés.»… ils seront pardonnés par lui, le Fils de Dieu.
Dans le Sacrement du pardon, c’est lui qui pardonne.
Quand on a le souvenir de nos péchés, il arrive qu’on s’inquiète… et qu’on s’interroge sur les sentiments de Dieu !
Quel regard a-t-il sur moi ?… Est-ce qu’il peut encore m’aimer ?… Est-ce qu’il m’en veut ?… Est-ce qu’il se détourne de moi ?
Jésus répond à ces questions : il dit qu’il n’est pas venu pour des gens parfaits, mais pour des pécheurs… c’est ce qu’on appelle la miséricorde.
Il veut pardonner… il a envie de pardonner.
La miséricorde, c’est cela : c’est aimer pardonner.
Si Dieu attendait que les hommes soient parfaits pour les aimer… il n’aimerait personne !
Il aime chacun de nous, tels que nous sommes… maintenant !
Et en même temps, il nous supplie de nous laisser pardonner… parce qu’il voit combien nos péchés nous entravent… et nous empêchent de répondre à son amour.
Dans la parabole de la brebis perdue, Jésus a une formule étonnante : il parle de la «Joie dans le ciel»… Quand un homme se reconnaît pécheur et demande pardon, c’est une Joie dans le ciel… c’est une joie pour Dieu… il aime pardonner… son bonheur, c’est de pardonner.
Publié le 2016-04-02