Le problème du mal est en chacun de nous

12ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

On découvre, dans cet Évangile, l’opinion des gens sur Jésus… peut-être pas l’opinion des gens en place qui sont plutôt hostiles… mais celle des gens du peuple qui regardent Jésus… et voient bien qu’il n’est pas un homme comme les autres : ceux qui “ont des yeux pour voir !”… et il leur semble évident que Jésus est un envoyé de Dieu… un prophète… certains le voient même comme un prophète d’autrefois, qui aurait vu Dieu… et serait revenu nous en parler !
Pierre, lui, a une idée plus précise : “Tu es le Messie de Dieu.”

La réponse de Pierre est inspirée… Jésus est bien le Messie attendu… mais Pierre n’a pas tout compris… et Jésus lui explique qu’il n’est pas Messie de la façon qu’il imaginait.
Les hommes attendaient un Messie qui vienne les délivrer des malheurs du monde… de l’injustice et de la persécution… et Jésus se présente comme un Messie qui sera victime de la persécution, de l’injustice et du mal : “Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, les chefs des scribes, qu’il soit tué…”

On voit que le problème est actuel… On disait qu’au 20° siècle il y avait eu autant de persécutions contre les chrétiens que dans tout le reste de l’histoire… mais notre siècle est en train de battre tous les records.

Ce que les disciples ont du mal à comprendre… c’est toujours ce que nous et nos contemporains avons du mal à accepter.
On voudrait un Dieu qui trouve des solutions au problème du mal… et on se dit que cela ne devrait pas être trop difficile… puisqu’il est tout puissant… et qu’en plus de cela, il nous aime.

En fait, il y a une solution radicale au problème (ou au mystère) du mal … et Dieu a dû y penser… c’est de supprimer la liberté !

Mais nous ne sommes pas très cohérents… et nous voudrions que Dieu trouve une solution, tout en laissant chacun de nous libre de continuer à faire tout ce qu’il veut !

Nous ne sommes pas très cohérents, non plus, quand nous parlons toujours du problème du mal comme si c’était le problème des autres !

Dans cet Evangile, Jésus nous explique que le mal, c’est quelque chose qui est en nous… le mal c’est ce qui nous empêche de rencontrer Dieu… c’est ce qui nous empêche aussi de rencontrer les autres… il nous explique que le mal, c’est nos refus d’aimer.

Et donc, Jésus nous dit qu’il est impossible de marcher à sa suite sans un combat contre le mal : “Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive.”
C’est le côté un peu contrariant de l’Évangile.
Que Jésus ait porté la croix… on l’accepte… qu’il ait donné sa vie pour nous… on l’accepte assez bien… le problème, c’est de marcher à sa suite !
On voudrait que notre vie chrétienne soit plus décontractée… qu’on puisse être chrétien sans trop avoir à se remettre en question.
On veut bien d’une vie chrétienne qui soit une libération, mais pas une lutte !

Le problème… c’est que le Christ, pour nous libérer du mal… doit nous libérer non pas d’une réalité extérieure… mais d’un obstacle qui est en nous !
Il veut nous libérer de ce qui fait obstacle à l’union à Dieu… à la vie en communion avec les personnes divines… et à l’amour fraternel.

Tant qu’on croit que les obstacles à notre liberté sont à l’extérieur… on rien compris… et on n’avance pas.
Dans toutes les civilisations… ceux qu’on appelle des sages… ce sont ceux qui ont compris que ces obstacles étaient en eux.

“Celui qui veut sauver sa vie, la perdra; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, la sauvera.”
On oppose parfois les dix commandements qui seraient négatifs… à l’amour qui est un commandement positif.
On a tort d’opposer… Jésus n’oppose pas… quand on lui demande ce qu’il faut faire pour avoir la vie éternelle, il répond : “observe les commandements ”… et il les énumère :
Ne pas tuer… ne pas voler… pas d’adultère… honorer ses parents !
Autant de choses qui sont loin d’être évidentes dans notre monde actuel !
On n’a jamais autant tué (les enfants)… jamais autant divorcé… jamais autant pratiqué le concubinage… à tout âge… jamais autant abandonné ses parents… sans parler de la fraude et de la corruption.

Jésus nous dit que l’amour résume tous ces commandements… mais il n’en exclut aucun… c’est pourquoi l’amour est exigeant.
“Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive.”

La vie chrétienne… ce n’est pas un drame continuel… c’est au contraire une vie libérée… bien plus libre que la vie de ceux qui sont esclaves de leurs vices… mais ce n’est pas une vie où l’on se laisse aller.

Jésus n’inventait pas des pénitences… il ne dit pas qu’on fait plaisir à Dieu en se faisant du mal !
Mais, donner la priorité à l’amour, ce n’est pas un chemin de facilité.
Jésus l’a fait jusqu’à donner sa vie.
Aimer Dieu par dessus tout… lui donner la priorité… que ce soit par une fidélité sans faille à l’Eucharistie… ou en prenant du temps pour la prière… ce n’est pas choisir la facilité.

Etre disponible… se laisser déranger avec le sourire… donner de son temps… qui est notre bien le plus précieux… c’est un peu donner sa vie.
Et donner sa vie pour le Christ… et pour les autres… ce n’est pas la perdre… c’est la sauver :
“Celui qui perdra sa vie à cause de moi, la sauvera.”

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