Dieu serviteur Luc 12, 32-40

19ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

Voilà trois enseignements de Jésus que saint Luc a regroupés parce qu’ils ont un point commun : ils nous rappellent que notre vie actuelle est provisoire… et qu’elle doit être vécue dans la perspective de la vie éternelle… et si vous êtes là ce matin, c’est que vous êtes d’accord.
L’idée qui revient par trois fois, c’est qu’il faut être prêt à ce grand passage… À tout instant, il faut pouvoir dire : «Je suis prêt.»

Le premier message reprend l’Évangile de dimanche dernier sur le partage : Jésus nous explique que le meilleur placement financier est le partage… placement dans le Ciel… rien de plus sûr !
Curieusement, l’État français qui n’est pas spécialement branché sur les valeurs chrétiennes, est prêt à renoncer à une bonne partie de nos impôts si on pratique le partage… il faut en profiter sans modération !

Et Jésus ajoute : «Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.»
On peut donc se poser la question : «Où est mon trésor ?»… Qu’est ce qui me préoccupe en priorité… Qu’est ce qui occupe l’essentiel de mes conversations… quels sont les sujets dont je ne me fatigue jamais.
Je suppose que la famille a une grande place… et donc que l’amour a une grande place… d’autre part, consacrer une matinée par semaine à la rencontre du Christ, c’est déjà quelque chose !
Mais on peut quand même s’interroger : «Où est mon trésor ?»

Ensuite on a deux paraboles qui ont la même conclusion… se tenir prêt :
«Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.»
Mais pour illustrer ce message Jésus imagine deux histoires très différentes et très surprenantes :
Il dit : «Si le maître de maison connaissait l’heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer le mur de sa maison.»

Le maître de maison, c’est chacun de nous !
Le voleur, c’est le «Fils de l’homme»… c’est Jésus qui se donne le rôle du voleur… lui seul pouvait imaginer une pareille comparaison !
Vous savez que, dans une parabole, il y a un seul point important.
Jésus n’est pas un voleur… mais il viendra comme un voleur !
Il viendra sans prévenir… c’est pourquoi il faut être prêt en permanence.

Un voleur ne laisse pas d’avis de passage, comme le facteur ou les gens qui relèvent les compteurs… il ne laisse pas une carte disant :
«Le voleur viendra Mardi prochain à 3 h du matin !»
Il fait partie des gens qui viennent sans prévenir et qui entrent sans sonner… mais il n’y a pas que lui… le «Fils de l’homme» viendra également de cette façon !


L’autre parabole a le même message… mais il est illustré d’une manière complètement différente : c’est Dieu qui a le rôle du Maître, ce qui est son rôle habituel dans les paraboles… et notre rôle est celui des serviteurs qui attendent leur maître au retour d’un voyage.
Ils attendent, mais ils ne savent précisément ni le jour ni l’heure !
Il n’y avait pas de trains avec des horaires théoriquement prévisibles… ni de téléphones portables pour annoncer son arrivée.

Il n’y avait pas non plus de serrures aux portes… elles fermaient de l’intérieur avec une barre.
De jour comme de nuit, les serviteurs devaient être prêts à ouvrir à leur Maître à son retour.
Il n’était pas question de s’endormir et de laisser le Maître à la porte de chez lui pendant toute la nuit.

Eh bien, Jésus imagine une histoire dans laquelle nous avons été de bons serviteurs : nous avons veillé sans nous endormir… et quand le Maître est arrivé, nous étions prêts à l’accueillir.
Mais là, l’histoire dérape complètement : elle devient invraisemblable !

Dans le monde normal de cette époque, le Maître à son retour est couvert de poussière, il a transpiré, il a faim et il a soif… et les serviteurs courent dans tous les sens pour lui préparer un bain… pour lui préparer à boire et à manger, et se mettre à son service autour de la table.
Mais dans la parabole, c’est pas du tout ça !
Jésus fait une comparaison encore plus étonnante que celle du voleur !
Il n’y avait que lui pour imaginer une parabole comme celle-là !

Le Maître est heureux de voir que nous avons été de bons serviteurs, prêts à l’accueillir… Et que fait-il… en pleine nuit… alors qu’il arrive à peine de voyage ?
Il nous fait asseoir… et pendant que nous prenons l’apéritif, il va dans la cuisine, il met un tablier de service… il nous prépare un repas… et, quand tout est prêt, lui-même nous sert à manger, alors que nous restons assis autour de la table !

Pourquoi imaginer une histoire aussi peu crédible ?
Parce que c’est une parabole sur Dieu… et Dieu est un Maître particulier… Ce n’est pas un Maître qui se fait servir… c’est un Maître qui nous donne tout… Tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes vient de lui… il est le Créateur : il nous fait exister par amour.
Et dans la vie éternelle, il nous donnera encore davantage.

En fait, il nous aime comme un Père… et s’il nous a envoyé son Fils, c’est pour que nous devenions des fils adoptifs.
Ce n’est pas un Maître qui aime se faire servir, mais un Père qui ferait tout pour ses enfants… à condition qu’ils soient consentants.
Conclusion : le moins qu’on puisse faire, c’est au moins d’être prêts… et de donner la priorité au don immense qu’il veut nous faire.

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