Ne pas avoir peur des conflits

20ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

Si vous êtes venus à la Messe en famille, voilà un message qui n’est pas très réjouissant.
Jésus laisse penser qu’il est venu dans le monde pour mettre la division entre les hommes !

Message étonnant de la part de celui qui a dit : «Bienheureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu.»
Si quelqu’un est Fils de Dieu, c’est lui… alors, comment peut-il dire qu’il n’est pas venu mettre la paix dans le monde ?

On a l’impression que Jésus oppose l’amour de Dieu et l’amour fraternel.
On a l’impression que pour aimer Dieu par dessus tout, il faut sacrifier l’amour de son père ou de sa mère, de son fils ou de sa fille.

Dans les dix commandements, il est dit : «Honore ton père et ta mère.»
On sait que Jésus a pris ses distances avec la Loi de Moïse… mais pas avec les commandements.

Quand le jeune homme riche lui demande ce qu’il faut faire pour obtenir la vie éternelle, Jésus lui rappelle les commandements, et entre autres celui-ci : honorer… avoir un amour plein de respect… pour son père et sa mère… cela fait partie des conditions pour entrer dans la vie éternelle.

Ce n’est pas le seul endroit où Jésus cite la Loi de Moïse : quand un docteur de la Loi lui demande :
«Maître, quel est le grand commandement dans la Loi ?» Jésus lui répond : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le grand, le premier commandement. Un second est aussi important : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.»

L’amour, c’est “la Loi et les Prophètes”… c’est l’essentiel de ce que Dieu attend des hommes… et celui qui croit aimer Dieu sans aimer ses frères est dans l’illusion.
Jésus ne pouvait donc pas encourager la division… il nous a aimés … et il a voulu, avant tout, nous apprendre à aimer.
On peut dire que Jésus apporte la division… mais qu’il n’est pas venu pour cela… tout ce qu’il a fait, il l’a fait par amour.

Toute la difficulté est qu’il nous demande d’aimer et de pratiquer l’Évangile dans un monde hostile à l’Évangile.
Notre foi et notre mode de vie n’attirent pas toujours la sympathie… Jésus nous avait averti… c’est la dernière et la plus développée des Béatitudes :
«Heureux ceux qui seront persécutés pour la justice (mal vus à cause de leur fidélité à l’Évangile), le royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute,
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi :
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux !»

Jésus apporte la division… mais il n’est pas venu pour cela… il est venu pour aimer et pour sauver un monde pécheur.
C’est exactement ce que signifie son commandement nouveau : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.”
C’est-à-dire… en aimant jusqu’à donner sa vie.

Jésus parle ici de sa Passion comme d’un “Baptême”.
Vous savez que baptiser veut dire «plonger».
Il annonce qu’il doit être plongé dans les souffrances de la Passion.
Par amour, il devra aller jusqu’à donner sa vie.

Pour nous aussi il est difficile de pratiquer l’Évangile dans un monde pécheur… c’est risqué et c’est éprouvant… c’est une source de tensions et de divisions… ce qui explique cette parole : “Je ne suis pas venu mettre la paix.”

Il nous demande d’être artisans de paix… mais il sait qu’il n’est pas facile d’être artisan de paix dans un monde hostile à l’Evangile.
Le mot «martyr» est un mot grec qui veut dire «témoin».
Ce qui veut dire que, dans le langage du N. Testament un témoignage de la foi est toujours un martyre… à différents degrés !
Jésus nous demande d’être prêts à cela… il nous demande de témoigner de notre foi quel que soit le prix à payer.
Il ne nous demande pas de susciter des divisions… mais d’aimer et de témoigner sans avoir peur des conflits… même avec des proches.

Le plus bête, c’est que, parfois, la crainte des conflits nous paralyse, alors que les personnes étaient prêtes à entendre le témoignage de notre foi.
Il arrive également que nos proches n’acceptent pas ce témoignage dans l’immédiat… mais finalement se laissent toucher.
Quoi qu’il en soit, il ne faut pas se poser de questions… mais vivre notre foi et la manifester… ce que saint Paul appelle «Annoncer l’Évangile à temps et à contre-temps.
On fera tout son possible pour l’annoncer «à temps»… en faisant tout pour le rendre accessible… mais si, malgré nos efforts, il est rejeté, on l’annoncera «à contre-temps».

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