L’image que vous voyez est un tableau baroque peint à Augsbourg dans les années 1700.
Il représente la femme du livre de l’Apocalypse : couronnée d’étoiles, la lune sous ses pieds, et elle attend un enfant.
Mais cette image de la Vierge Marie a ceci de particulier, qui n’est pas dans livre de l’Apocalypse, qu’elle est occupée à défaire des nœuds.
Ce tableau était connu à Augsbourg… les gens l’appelaient «Marie qui défait les nœuds»… et quand leur vie devenait un sac de nœuds qu’ils n’arrivaient plus à démêler, ils venaient lui demander son aide.
Le pape François, à l’époque où il étudiait la théologie en Allemagne avait découvert ce tableau… et par la suite, quand il a été responsable des jésuites en Argentine, et évêque de Buenos Aires, il a eu pas mal de sacs de nœuds à démêler… il priait et invitait à prier «Marie qui défait les nœuds»… et il a fait connaître cette prière dans le monde entier.
Il s’agit naturellement des nœuds qui résultent du péché.
On en fait l’expérience dans les familles : il arrive qu’un enfant se mette en tort par un mensonge ou un comportement égoïste… et il n’y a pas que les enfants qui se mettent en tort… un père ou une mère peuvent se mettre en tort en étant injuste ou impatient.
Quand l’un ou l’autre s’est mis en tort, toute la famille en est consciente… et tant que celui qui s’est mis en tort s’obstine et ne veut pas le reconnaître, cela fait des nœuds… toutes les relations sont faussées.
Par contre, s’il reconnaît son tort, les nœuds se défont… tout le monde est soulagé… et la paix revient dans la famille.
On peut dire la même chose dans les relations professionnelles ou dans la vie en société… on est confronté à des sacs de nœuds qu’on ne sait pas défaire… on peut les confier à Marie… elle ne les défait pas sans nous… mais si on s’en remet à elle avec confiance, elle nous conduit sur des chemins de paix et elle nous libère de l’angoisse.
Il n’y a pas beaucoup de paroles de Marie dans les Évangiles… On les trouve principalement dans l’Évangile de saint Jean et dans les récits de l’enfance de Jésus, dans les deux premiers chapitres de saint Luc.
D’ailleurs les spécialistes du Nouveau Testament vous diront que ces deux chapitres auraient dû faire partie de l’Évangile de Jean : ils ont été recueillis par saint Luc, mais leur style est celui de Jean.
Ce sont des scènes bien construites, avec une entrée des personnages, un dialogue, parfois un chant de louange et une conclusion… qui ressemblent aux récits de l’Évangile de Jean.
Dans le passage qu’on vient de lire, on voit que Marie est bienheureuse… elle dit elle-même : «Toutes les générations me diront bienheureuse»… et le plus intéressant, c’est la parole d’Élisabeth qui nous dit en quoi elle est bienheureuse : pas seulement parce qu’elle est la mère du Messie, mais, aussi en raison de sa foi… Élisabeth lui dit : «Bienheureuse toi qui a cru à l’accomplissement des paroles du Seigneur.»
C’est la première des béatitudes, et elle nous intéresse, parce que nous la partageons avec Marie : nous qui sommes croyants, nous aussi nous sommes bienheureux.
Cela fait allusion à la réponse de Marie au message de l’Annonciation : «Que tout se passe pour moi selon ta parole.»
C’est un acte de foi dans les deux sens du terme : une foi qui est une croyance en la Parole de Dieu… mais aussi une foi qui est une confiance totale… Marie est sans inquiétude : elle s’en remet totalement à Dieu.
Quand on parle de «Marie qui défait les nœuds», on veut dire qu’elle nous invite à cette foi qui nous libère de toute inquiétude… elle nous invite à nous en remettre à la tendresse de Dieu.
Dans le Magnificat : dans la prière de Marie qu’on vient de lire, il y a une autre parole qui nous concerne directement… elle dit : «Le Tout Puissant a fait pour moi des merveilles.»
Notre sainteté n’est sans doute pas comparable à celle de Marie… mais si nous avons la foi, nous aussi, nous pouvons dire : «Le Tout Puissant a fait pour moi des merveilles.»
Le plus petit acte de foi est un don de l’Esprit Saint.
Il y a une autre parole de Marie, qui est au début de l’Évangile de saint Jean… dans le récit des noces de Cana, qui est le premier miracle de Jésus, fait, en quelque sorte, à la demande de Marie.
Elle dit aux serviteurs : «Faites tout ce qu’il vous dira».
C’est une parole qui ne s’adresse pas seulement aux serviteurs qui ont rempli d’eau les jarres… mais à tous les disciples de son fils.
On a parfois l’impression que si on est trop fidèles à l’Évangile on risque d’être perdants.
Cela veut dire qu’il y a, en nous, encore quelque nœuds que l’on a du mal à défaire.
On peut donc prier «Marie qui défait les nœuds», pas seulement quand les problèmes de la vie nous semblent insolubles… On peut aussi lui demander de défaire les nœuds qui nous empêchent d’aimer… qui nous empêchent de pardonner… qui nous empêchent de partager… qui nous empêchent de reconnaître nos erreurs ou nos torts… et elle pourra nous aider à devenir davantage des êtres libres.
Elle nous apprendra à nous en remettre totalement à Dieu… à dire comme elle : «Que tout se passe pour moi selon ta parole.»
Publié le 2016-08-16