“Jérusalem, les nations marcheront vers ta lumière.” (Is. 60, 3)

Epiphanie du Seigneur de l'année A

Dans l’Évangile de saint Luc, ceux qui sont venus à la crèche sont des bergers : ils font partie des gens les plus méprisés en Israël, ils sont considérés comme impurs. On ne les aurait pas laissés entrer dans le Temple de Jérusalem.

Mais Jésus n’était pas dans le Temple, il était dans une bergerie … il s’est fait aussi pauvre que les bergers … et les bergers ont pu s’approcher.
En fait, ils n’étaient pas impurs ni indignes, parce que leur cœur était pur. Et là, dans cette bergerie, ils ont rencontré Dieu, comme personne ne l’avait jamais rencontré dans le Temple de Jérusalem.

Dans l’Evangile de saint Matthieu, il n’y a pas de bergers … ce sont des étrangers qui viennent rencontrer l’enfant à Bethléem.
Les mages venaient d’Orient, ce qui est vague : on ne sait pas trop d’où ils étaient, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ne font pas partie du peuple de Dieu … ce sont des païens ou des étrangers.
Eux non plus n’auraient pas été autorisés à entrer dans le Temple de Jérusalem.

Pour les Juifs le Temple était le lieu de la présence de Dieu. Mais les mages viennent vers un enfant qui est mieux que le Temple : il est le lieu véritable de la présence de Dieu.
Les mages demandent : “Où est le roi des juifs qui vient de naître ?”
Eux, qui sont étrangers au peuple d’Israël, ils reconnaissent cet enfant comme le roi d’Israël, c’est-à-dire comme le Messie.
On peut dire que l’Epiphanie, c’est notre fête, à nous les nations païennes qui avons cru en Jésus.

Que tous les hommes soient appelés au salut, ce message n’était pas nouveau pour ceux qui connaissaient le prophète Isaïe : “Debout, Jérusalem : les nations païennes marcheront vers ta lumière.” Le Dieu d’Israël est appelé à devenir le Dieu de tous les peuples.
A l’époque où Isaïe écrivait, un tel message n’allait pas de soi : il représentait un acte de foi extraordinaire. C’est un texte écrit au sixième siècle avant Jésus, pendant la déportation à Babylone : Jérusalem était en ruine et le peuple était déporté loin d’Israël … tous les gens raisonnables pensaient que le peuple de Dieu allait disparaître.

Tous les gens raisonnables, mais pas le prophète Isaïe. Alors que son peuple semble anéanti, il garde une foi absolue dans le Dieu d’Israël. Alors que Jérusalem est une ruine à l’abandon, il annonce le retour du peuple de Dieu dans sa ville sainte, et il voit toutes les nations païennes qui viennent partager sa foi.
On rencontre des gens qui pensent avoir la foi tout en croyant que l’Eglise est en train de disparaître. La foi d’Isaïe, c’était autre chose.

La foi d’Isaïe ressemble à la foi de saint Paul … une foi qui fera de lui un apôtre auprès des nations païennes.
“Vous (les païens) avez sans doute appris le projet de la grâce de Dieu qui m’a été transmis à votre intention, comment par révélation j’ai eu connaissance du mystère … (Paul a eu la révélation du projet de Dieu sur nous : ce qu’il veut faire de nous) …
Ce mystère du Christ n’a pas été révélé aux hommes des générations passées comme il a été révélé maintenant … [à savoir] que les païens ont le même héritage, le même corps, la même Promesse, dans le Christ Jésus par le moyen de l’Evangile.”

Saint Paul nous révèle le mystère du Christ par excellence.
Ce que saint Paul appelle un «mystère», ce n’est pas une chose incompréhensible … c’est une chose que les hommes n’auraient pas pu connaître si Dieu ne l’avait pas révélée : pour saint Paul, un «mystère», c’est une révélation.

Et la révélation qui résume tout le Nouveau Testament : celle qui exprime le projet éternel de Dieu, c’est que les hommes de toutes races doivent être incorporés au Christ : ils sont appelés à devenir fils de Dieu avec le Christ.
Ce qu’il appelle le mystère du Christ, ce n’est pas seulement une révélation pour nous dire qui est Jésus : c’est le fait que les hommes sont appelés à devenir un seul être ou un seul corps avec le Christ.

On comprend que saint Paul ait passé sa vie à annoncer partout une telle révélation … on comprend qu’il ait été un apôtre et un missionnaire.
Il a consacré sa vie à annoncer aux Juifs comme aux nations païennes ce projet de Dieu, qui est de nous unir à son Fils d’une façon si intime, qu’on devient un seul être avec lui.

Ce message est pour nous qui faisons partie des nations païennes … ce qui nous invite à remercier pour cet immense cadeau … et pas seulement à remercier … mais aussi à communiquer un pareil trésor.
Si nous sommes là ce soir : si nous sommes fidèles chaque semaine à l’Eucharistie, c’est pour recevoir le corps du Christ … et si nous le recevons, c’est pour devenir un seul corps avec lui : pour devenir fils de Dieu avec lui.
Si on croit une telle révélation, on aura envie de la communiquer … comme saint Paul, on sera des apôtres et des missionnaires.

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