Le processus d'évangélisation - 4

Frères et sœurs, je vous ai proposé, la dernière fois, de revenir sur le “bref aperçu” du “processus d’évangélisation” (page 16 du manuel).
Ce rappel de ce qui est la raison d’être de nos cellules est ce qui peut le mieux les souder et les revitaliser.
Nous nous sommes rappelés que la prière, le service fraternel et le partage de notre foi n’étaient pas des étapes que l’on franchirait et que l’on oublierait ensuite pour passer à l’étape suivante… c’est pourquoi ils sont plutôt définis comme des “niveaux” de notre cheminement.
Ce sont comme des fondements ou des bases qui doivent rester là pour qu’on puisse construire par dessus… des fondements qui doivent être de plus en plus solides, pour que notre vie soit véritablement évangélisatrice, pour qu’elle témoigne de l’Évangile.
Nous abordons aujourd’hui le quatrième niveau de ce “processus d’évangélisation”, qui est la mission et l’engagement.
Quand on aura parcouru, avec les frères et les sœurs que nous évangélisons, le chemin décrit dans les trois premiers niveaux, “le moment viendra de les inviter à s’engager dans une relation plus personnelle avec le Christ.”
Souvent, nous avons affaire à des hommes et des femmes qui ont la foi, qui croient en Jésus Christ… mais qui n’ont pas avec lui une véritable relation d’amitié.
Nous les inviterons à se poser des questions : à se demander à quoi peut servir une telle foi.
Si le Fils de Dieu s’est manifesté à nous, c’est pour que nous puissions le rencontrer.
La foi sans la rencontre du Christ n’a pas vraiment de sens !
Imaginez une famille séparée par une guerre… des époux… des parents et des enfants… qui ne savent plus qui est encore vivant.
Et imaginez que l’un d’entre eux apprenne un jour qu’ils sont tous vivants… imaginez qu’il connaisse leur adresse… supposez qu’il soit heureux de les savoir vivants… mais qu’il ne se soucie ni de leur écrire, ni de les rencontrer !
Cela illustre tout à fait l’attitude de celui qui a la foi… sans faire la rencontre du Christ.
Il n’est pas toujours possible de rencontrer ceux que l’on aime… parce qu’ils sont éloignés… ou parce qu’ils évitent la rencontre.
Il est toujours possible de faire la rencontre du Christ.
Certains, tout en ayant la foi, ne savent pas qu’ils peuvent le rencontrer comme un ami… d’autres évitent la rencontre.
Récemment, je tenais un discours semblable dans une réunion de laïcs et de prêtres… et l’un d’entre eux disait que ce langage le mettait mal à l’aise. Il y voyait un manque de respect pour les croyances et les opinions des personnes.
Il va de soi que l’annonce de l’Évangile doit être faite avec le plus grand respect des personnes… autrement, cela ne pourrait pas être considéré comme une annonce de l’Évangile.
Mais si le respect des personnes nous empêche d’évangéliser… l’Église n’a plus qu’à disparaître !
L’évangélisation bien comprise ne saurait en aucun cas être un manque de respect… parce que l’Évangile est une Bonne Nouvelle, que Dieu nous donne pour nous libérer de l’esclavage et pour nous sauver.
On rencontre ce malaise et cette peur d’évangéliser chez beaucoup de nos contemporains, même les plus généreux… et c’est probablement une des raisons du recul de l’Église en Occident.
Ni saint Paul ni aucun des Apôtres n’auraient compris un tel malaise.
Évangéliser, c’est donner de l’amour… c’est faire découvrir l’amour du Christ qui nous aime tels que nous sommes… et c’est inviter nos frères à répondre à cet amour… Et s’ils le font, ils deviennent des êtres libres.
Évangéliser, c’est respecter la liberté… ce n’est pas imposer quoi que ce soit… mais proposer la Bonne Nouvelle.
Il est vrai que cette proposition demande une certaine hardiesse… parce qu’elle sera, pour ceux qui accepteront de l’entendre, une remise en question de leur existence.
“Ce que nous leur demandons nous dépasse… mais cela ne doit pas nous faire peur : Jésus nous a demandé de le suivre parce qu’il veut faire de nous des pêcheurs d’hommes.”
Cette invitation à proposer résolument la Parole de Dieu, vous la trouvez dans tout le Nouveau Testament… et vous la retrouvez dans la lettre de Paul VI, inquiet de la tiédeur d’une partie des croyants :
“Ce serait certes une erreur d’imposer quoi que ce soit à la conscience de nos frères. Mais c’est tout autre chose de proposer à cette conscience la vérité évangélique et le salut en Jésus-Christ en pleine clarté et dans le respect absolu des options libres qu’elle fera … Loin d’être un attentat à la liberté religieuse, c’est un hommage à cette liberté …
Et pourquoi seuls le mensonge et l’erreur, la dégradation et la pornographie, auraient-ils le droit d’être proposés et souvent, hélas, imposés par la propagande destructive des mass media, par la tolérance des législations, par la peur des bons et la hardiesse des méchants ?
Cette façon respectueuse de proposer le Christ et son Royaume, plus qu’un droit, est un devoir de celui qui évangélise.” (Evangelii Nuntiandi, 80)
Frères et sœurs, que Dieu vous bénisse.
JC.P.

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