Lettres de Captivité (années 56 à 63)

Lettre aux Philippiens
Alors que Paul est en prison (peut-être à Éphèse en 56), Épaphrodite lui apporte des secours de l’Église de Philippes (Ph. 4,18)… il le renvoie avec Timothée (2,19-23) et avec la lettre aux Philippiens (2,25).
Pour inviter les Philippiens à pratiquer l’humilité, à l’exemple de Jésus, Paul cite une hymne liturgique (2,6-11), peut être antérieure à la lettre et empruntée à la liturgie ancienne du Baptême ou de l’Eucharistie :
6 Étant de condition divine, il ne s’est pas battu pour être l’égal de Dieu, mais il se vida (de sa grandeur divine), prenant la condition de serviteur.
7 Étant devenu semblable aux hommes (ce qui laisse entendre qu’il existait avant de se faire homme), et par son aspect reconnu pour un homme,
8 il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix. (Cette première strophe dit l’abaissement extrême du Fils de Dieu.)
9 C’est pourquoi Dieu l’a surexalté  (Résurrection-Ascension-Glorification) et lui a conféré leNom qui est au dessus de tout nom … (celui de “Seigneur”)
10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse (Allusion à Isaïe, 45,23-24, où tout genou fléchit devant Yahvé), dans les cieux, sur la terre et sous la terre,
11 et que toute langue confesse que le Seigneur (ce qui est le titre de Yahvé dans l’Ancien Testament)c’est Jésus Christ, à la gloire de Dieu le Père.
Dire que Jésus est “le Seigneur”, c’est lui donner un titre divin… c’est une “confession” ou une profession de foi que seul l’Esprit Saint peut inspirer : “Si dans ta bouche tu confesses que Jésus est Seigneur … tu seras sauvé.” (Rom. 10,9) – “Nul ne peut dire : «Jésus est Seigneur» si ce n’est par l’Esprit Saint.” (I Cor. 12,3)
Lettre aux Colossiens
Colosses est à 200 km à l’est d’Éphèse. Paul n’a jamais visité cette Église, fondée, pendant son séjour à Éphèse, par Epaphras (1,7-8 – 4,12) qui a fondé également les Églises de Hiérapolis et Laodicée (4,13).
Paul demande qu’on lise à Colosses sa lettre aux Laodicéens et qu’on leur envoie celle-ci (4,16), ce qui est l’origine de la collection de ses lettres !
Paul est confronté aux premiers gnostiques, à leurs visions (2,18) et leurs théories philosophico-religieuses délirantes sur les forces cosmiques (2,8 – 2,20), ce qui l’oblige à préciser la place du Christ dans l’univers créé.
Ce qu’il fait dans une hymne (Col. 1,13-20) qui ne comporte qu’une seule phrase… le sujet de tous les verbes étant le “Fils bien aimé” (1,13).
1re strophe : le Fils, Principe et raison d’être de la création :
15 Il est l’image du Dieu invisible … (Le Christ n’est pas simplement : “à l’image de Dieu”, comme il était dit de l’homme, dans le Livre de la Genèse, 1,26 … Il est l’image de Dieu.)
15 le Premier-né de toute créature, (et donc , il existait avant la création du monde.)
16 Car en lui tout a été créé (Dieu n’a rien créé sans lui et en dehors de lui.) … les êtres corporels et spirituels y compris les puissances angéliques …
     tout est créé par lui et pour lui, (Lui aussi est Créateur de l’univers avec le Père … et il est le terme et la raison d’être de l’univers : tout est créé pour lui. Cf. Jn 1,1-3).
17 Et lui, est avant toutes choses, (On peut traduire aussi : “au dessus de toute chose”)
En lui, tout est tenu ensemble, (Ce pouvoir est attribué à Dieu dans le livre de la Sagesse, 1,7 : “l’Esprit du Seigneur remplit la terre, lui qui tient ensemble toutes choses”. La lettre aux Hébreux, 1,2-3, dit que le Fils “porte l’univers par la puissance de sa parole.”)
2e strophe : le Fils, Tête de l’Église et Sauveur du monde :
18 Et il est aussi la tête du corps qui est l’Église, (L’Église est le corps du Christ : elle ne fait qu’un avec lui … et il est la “tête” : il est au dessus de tout, dans l’Église, comme dans l’univers.)
lui qui est le commencement : le premier-né d’entre les morts, (Il est le premier ressuscité : pour nous montrer, autrement que par des paroles, à quoi il nous destine.)
afin qu’il ait en tout, le premier rang. (comme Créateur et aussi, comme Sauveur.)
19 Car il a plu à (Dieu) de faire habiter en lui toute la Plénitude ! (c’est-à-dire l’Église, qui est le Corps du Christ et la Plénitude du Christ, comme il est dit dans Éph. 1, 22-23.)
20 et de tout réconcilier par lui et pour lui sur la terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de sa croix. (En donnant sa vie sur la croix, il a sauvé le monde… tous les êtres qui sont sauvés, sont sauvés par lui.)
Cette hymne qu’on chantait dans la liturgie, vingt ans après la Résurrection, veut dire que le pouvoir du Fils de Dieu est un pouvoir universel, comme Créateur du monde (v. 15-17) et comme Sauveur du monde (v. 18-20).
Les “gnostiques” de Colosses étaient à l’affût de révélations ésotériques (Les “gnostiques” pensent que l’homme est sauvé par la gnose, c’est-à-dire la connaissance de révélations ésotériques, réservées à des élus). Paul leur dévoile le mystère, autrefois caché, et maintenant révélé aux chrétiens … c’est : “le Christ est en vous : promesse de la gloire.” (1,26-27)
Qu’ils ne cherchent pas ailleurs “la plénitude de l’intelligence” : elle réside dans “la connaissance du mystère de Dieu, qui est le Christ : en qui sont cachés tous les trésors de la Sagesse et de la Gnose” (c’est-à-dire de la connaissance) … toute autre révélation serait illusoire. (2,2-4)
Pour Saint Paul, il n’y a qu’un mystère : c’est le projet de Dieu éternel de nous unir et de nous incorporer au Christ. (1,26 – Éph. 3,6).
JC.P.

Retour aux archives