Evangelii nuntiandi - 13

Le chapitre VI porte sur les « ouvriers de l’évangélisation ». On a souvent pensé qu’il s’agissait d’une catégorie particulière d’ouvriers spécialisés.
Selon saint Paul, en effet, personne ne peut évangéliser sans avoir été envoyé : « Comment prêcher si l’on n’a pas reçu mission ? » (Rm 10,15)
On peut donc se pose la question : qui a mission d’évangéliser ?
Le Concile Vatican II répond que cette mission est celle de l’Église… et l’Église c’est le peuple de Dieu. L’Église ce n’est pas une abstraction : c’est nous. L’Église ne pourra annoncer l’Évangile que si chacun de nous le fait :

59. « L’Église tout entière est missionnaire ; l’œuvre d’évangélisation est un devoir fondamental du peuple de Dieu ».
(Décret sur l’activité missionnaire de l’Église : “Ad gentes”, n. 35)

60. [Par conséquent] si chacun évangélise au nom de l’Église … aucun évangélisateur n’est le maître absolu de son action évangélisatrice, avec un pouvoir discrétionnaire, pour l’accomplir suivant des critères et perspectives individualistes ; il doit l’accomplir en communion avec l’Église et ses Pasteurs.

Ces paroles sont pour nous. C’est dans le cadre d’une cellule que nous témoignons de notre foi, et non pas d’une façon individualiste ; et nous trouvons dans la cellule la force d’être fidèles à cette mission.
Et cette cellule elle-même est paroissiale. Il existe beaucoup d’autres mouvements chrétiens qui font des choses remarquables, mais il en est peu qui agissent dans une telle communion avec l’Église et ses pasteurs.

61. Les premiers chrétiens exprimaient volontiers leur foi profonde dans l’Église en la désignant comme répandue par tout l’univers. Ils avaient pleinement conscience d’appartenir à une grande communauté que ni l’espace ni le temps ne sauraient limiter …

63. [Cependant] les Églises particulièresont le rôle d’assimiler l’essentiel du message évangélique, de le transposer, sans la moindre trahison de sa vérité essentielle, dans le langage que les hommes comprennent, puis de l’annoncer dans ce langage. L’évangélisation perd beaucoup de sa force et de son efficacité si elle ne prend pas en considération le peuple concret auquel elle s’adresse … si elle ne répond pas aux questions qu’il pose, et ne rejoint pas sa vie concrète.
Mais d’autre part, l’évangélisation risque de perdre son âme et de s’évanouir si l’on vide ou dénature son contenu, sous prétexte de le traduire.

Nous avons le bonheur d’appartenir à l’Église catholique : une Église universelle dans l’espace et dans le temps. Une Église qui remonte au Christ et aux douze apôtres sans interruption, et qui est toujours restée fidèle à la même foi. Pour rien au monde nous ne voudrions nous désolidariser de cette Église, de ses pasteurs, et du successeur de Pierre.
Mais, en même temps, nous appartenons à une Église locale, qui est le lieu de l’Eucharistie. Il n’y a rien, dans l’Église, qui soit plus grand que l’Eucharistie… et nous l’avons sur place, tous les jours.
Et si nous voulons prendre un temps d’adoration, nous pouvons le faire ici, à toute heure du jour ou de la nuit.

D’autre part, cette foi, qui est la même depuis 2000 ans, et partout dans le monde, nous devons la transmettre à des enfants, des hommes et des femmes qui ont un langage et une sensibilité particulières.
Il nous faut donc adapter notre message à chacun, le mettre à la portée de chaque personne… sinon, il n’entendront jamais la Bonne Nouvelle.
Une telle mission demande du discernement ; elle suppose également que l’on soit nourri de ce message et qu’on l’ait intériorisé.
On doit le traduire, mais en aucun cas l’édulcorer ou le dénaturer.
Si ce n’est pas l’Évangile que nous annonçons, nous perdons notre temps, et ce que nous donnons aux autres n’est pas un message de salut.
Saint Paul disait : « Malheur à moi si je n’évangélise pas ! » (I Cor. 9,16)
Il disait aussi : « Si quelqu’un, même un ange du ciel, vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! » (Gal. 1,8)
La seule façon d’être fidèle à notre mission est de l’exercer en pleine communion avec les successeurs des Apôtres :

« le mandat du Christ de prêcher l’Évangile à toute créature(cf. Mc 16,15) regarde avant tout et immédiatement les Évêques avec Pierre et sous la conduite de Pierre ». (Décret sur l’activité missionnaire de l’Église, 38.)

Le pape donne ce message aux évêques et aux prêtres :

68. Pasteurs, nous avons été choisis par la miséricorde du souverain Pasteur malgré notre insuffisance, pour proclamer avec autorité la Parole de Dieu, pour rassembler le Peuple de Dieu qui était dispersé, pour alimenter ce Peuple avec les signes de l’action du Christ que sont les sacrements, pour le mettre sur la voie du salut, pour le maintenir dans cette unité dont nous sommes, à différents niveaux, des instruments actifs et vivants, pour animer sans cesse cette communauté réunie autour du Christ dans la ligne de sa vocation la plus intime.

Vous qui êtes témoins de mes insuffisances, merci de vous associer à cette mission que j’ai reçue de mon ordination.

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