La relation intrinsèque entre célébration et adoration - 2

Quoi qu'il en soit, il y a un point qui appartient à la Tradition et à la foi de l'église depuis les premiers temps, c'est que l'adoration fait partie de la célébration de l'Eucharistie :
“Déjà saint Augustin avait dit : «Que personne ne mange cette chair sans d'abord l'adorer… nous pécherions si nous ne l'adorions pas».”
Saint Augustin parle ici de l'acte d'adoration que chacun doit faire avant de communier… un acte d'adoration qui n'est pas facultatif à ses yeux, mais qui est un aspect essentiel de notre participation à l'Eucharistie.
Il n'existait pas, à cette époque, de rite liturgique de l'adoration, en dehors de l'Eucharistie elle-même… mais les chrétiens emportaient chez eux du pain consacré, après la Messe, pour les malades, et peut-être aussi pour les bien portants… et l'on sait qu'ils traitaient ce pain eucharistié avec le plus grand respect.
On connaît l'histoire de Saint Tarsicius, qui vivait deux siècles avant Saint Augustin, et qui “préféra se laisser massacrer plutôt que de livrer aux chiens enragés le corps du Christ.” (selon l'inscription faite par le Pape Damase sur sa tombe).
Depuis toujours, la Communion a été donnée, au moins aux malades, en dehors de la célébration de la Messe… ce qui impliquait un respect, et sans doute, une certaine forme d'adoration eucharistique.

“Dans l'Eucharistie, en effet, le Fils de Dieu vient à notre rencontre et désire s'unir à nous ; l'adoration eucharistique n'est rien d'autre que le développement explicite de la célébration eucharistique, qui est en elle-même le plus grand acte d'adoration de l'église. Recevoir l'Eucharistie signifie se mettre en attitude d'adoration envers Celui que nous recevons. C'est ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons un seul être avec Lui.”

L'adoration fait partie de la célébration de l'Eucharistie… à tel point que, sans cette adoration, l'Eucharistie n'aurait pas de sens.
Si nous recevons le corps du Christ, c'est pour devenir, nous-mêmes, Corps du Christ, comme l'écrit Saint Paul aux Corinthiens (I.Cor 10,17).
Mais pour devenir “un seul être avec Lui”, il ne suffit pas de manger le corps du Christ. Celui qui le mangerait sans la foi… ou avec la foi, mais sans un acte d'amour ou d'adoration… ne pourrait pas considérer qu'il a vraiment communié à la personne du Christ. En tout cas, il ne recevrait pas la grâce du Sacrement, qui est l'incorporation au Christ.
Un acte d'adoration est donc nécessaire à une véritable communion eucharistique : “C'est ainsi, et seulement ainsi, que nous devenons un seul être avec Lui”.

Par conséquent, “l'affirmation selon laquelle le Pain eucharistique ne nous serait pas donné pour être contemplé (ou adoré), mais pour être mangé” manque totalement de pertinence.
Dans l'Eucharistie elle-même, l'adoration a une place essentielle… et, en dehors de la célébration eucharistique, cette opposition n'a pas davantage de pertinence.

“L'acte d'adoration en dehors de la Messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la Célébration liturgique elle-même.” L'adoration qui a lieu en dehors de la Messe n'est donc pas une forme de prière moins légitime, que l'église se contenterait de tolérer… non seulement elle “prolonge”, mais elle “intensifie” l'adoration qui est un moment essentiel de la célébration eucharistique.
Ces paroles du Pape ne font que traduire ce qui est l'expérience des Chrétiens et des communautés qui pratiquent l'adoration.
Ce temps passé en présence du Corps du Christ, est un prolongement silencieux et intense de la Messe… et elle les aide à vivre plus intensément les célébrations eucharistiques.

Ces affirmations qui peuvent sembler surprenantes ne sont pas nouvelles de la part de Benoît XVI… et il cite des paroles prononcées deux ans auparavant : “En fait, «ce n'est que dans l'adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai. Et c'est bien par cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite la mission sociale qui est renfermée dans l'Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais aussi et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres».” (Discours à la Curie romaine du 22 décembre 2005)
L'adoration bien comprise ne ferme pas les personnes sur elles-mêmes, elles brisent les barrières.
Elle permet une relation d'amour avec le Seigneur qui ouvre les portes à des relations d'amour fraternel… et donc à la mission… puisqu'évangéliser, c'est faire découvrir quelqu'un que l'on aime à quelqu'un que l'on aime.

Que le Seigneur bénisse votre prière,

JCP

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