Communion spirituelle - 1

Frères et sœurs, nous avons vu, avant les vacances quelques passages de la lettre sur l’Eucharistie du Pape Benoît XVI.
J’aimerais, pour cette rentrée, vous parler, pendant quelques semaines, de l’Eucharistie et de l’adoration.

L’Eucharistie est un repas… c’est le “repas du Seigneur” (ICor 11,20) et on peut dire que le corps du Christ est là, avant tout, pour être consommé… et non pas, en premier lieu, pour être regardé.
Mais il est vrai aussi que l’hostie reste le corps du Christ au delà de la célébration de l’Eucharistie.
Ce n’est pas une invention du Moyen Age… cela fait partie de la foi et de la Tradition de l’Église depuis l’origine.

Les premiers chrétiens emportaient chez eux le pain consacré et ils le portaient aux malades avec le plus grand respect
Tout le monde connaît l’histoire de Tarsicius, un chrétien de Rome au 3ème siècle, qui était chargé de porter la communion et qui a préféré mourir plutôt que livrer le corps du Christ à des incroyants qui s’en prenaient à lui.

Le Concile de Trente, qui a fait suite à la crise protestante, a formulé et défini la foi de l’Église relativement à chacun des sept Sacrements.
Dans son Décret sur l’Eucharistie (en 1551), il insiste sur la réalité de la présence du Christ.
Avec la consécration, le pain devient une réalité nouvelle… l’hostie que nous recevons est, en vérité, le corps, c’est-à-dire la personne du Christ.

Quand on parle de “présence réelle” on veut dire que l’Eucharistie n’est pas autre chose que le Christ… c’est lui qui se fait nourriture pour ses disciples… c’est lui qu’ils peuvent toucher, voir et manger.
C’est lui qu’ils peuvent toucher : c’est pourquoi, dans la célébration de l’Eucharistie, les gestes du célébrant qui le prend dans ses mains, comme ceux des fidèles qui le reçoivent, sont des gestes de respect.
C’est lui qu’ils peuvent voir : c’est pourquoi il est montré à plusieurs reprises et proposé à l’adoration de l’assemblée.

Le Concile affirme également la permanence de cette présence.
Le pain n’est pas consacré pour un temps limité… il reste le corps du Christ après la célébration de la Messe.
C’est pour cette raison que les fidèles peuvent recevoir la communion dans un temps et dans un lieu autres que le temps et le lieu de la célébration.
C’est aussi pour cette raison que l’adoration eucharistique est légitime… et le Concile condamne fermement la théorie selon laquelle “dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie, le Christ, Fils unique de Dieu ne doit pas être adoré… ni être proposé publiquement à l’adoration du peuple.”

A ce propos il faut signaler un texte de ce même Concile qui distingue trois façons de recevoir la communion :
1) Celui qui communie en état de grâce reçoit le corps du Christ “à la fois sacramentellement et spirituellement”.
2) Celui qui communie en état de péché, le reçoit “sacramentellement”, mais ne le reçoit pas “spirituellement”.
3) Par contre, celui qui ne communie pas “sacramentellement”, mais qui “mange par le désir” le pain eucharistique, “avec une foi vive qui se manifeste par la charité, en ressent le fruit et l’utilité.”
On peut dire qu’il communie “spirituellement”.

Autrement dit, celui qui (sans recevoir l’hostie) a le désir de l’Eucharistie reçoit une grâce semblable à celle du Sacrement.
Cet enseignement ne doit pas nous surprendre… on sait que Dieu n’est pas conditionné par les rites sacramentels… on sait qu’il peut et qu’il veut faire grâce à celui qui a les dispositions intérieures.

Si quelqu’un ne peut pas recevoir un Sacrement pour une raison ou une autre, mais le désire avec amour et avec foi, l’Église nous enseigne que Dieu ne lui refuse pas sa grâce.
Celui qui a le désir du Baptême reçoit la grâce du Baptême : il devient enfant de Dieu… et l’Église a toujours dit qu’un tel “Baptême de désir” donnait la même grâce que le Sacrement.

De la même façon, on peut dire que celui qui a “faim et soif” de l’Eucharistie reçoit la grâce de l’Eucharistie.
Et si l’adoration eucharistique est une façon d’entretenir notre faim et notre soif de ce Sacrement… si elle suscite le désir du Christ et le désir de se nourrir de lui… on peut considérer que cette adoration nous aide à recevoir une grâce qui est véritablement eucharistique.
Cela ne veut pas dire que l’adoration peut se substituer à l’Eucharistie… mais qu’elle peut la prolonger d’une façon légitime et profitable.

Que le Seigneur vous bénisse, vous qui avez fait, dans l’adoration, l’expérience de la rencontre du Christ.

JCP

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