La mission des confirmés

Frères et sœurs, si je vous ai proposé de relire quelques passages du Décret sur l’apostolat des laïcs, c’est pour qu’ensemble nous revenions aux sources : pour que que nous soyons capables de croire ce que croit l’Église, de ressentir les choses comme elle les ressent, de vouloir ce qu’elle veut.
Lorsqu’on veut savoir exactement ce qu’il faut croire sur tel ou tel sujet : lorsqu’on veut savoir ce que Dieu nous a révélé… on se réfère à la Parole de Dieu, et, en cas de besoin, aux enseignements des Conciles.
Mais, en ce qui concerne la vie chrétienne ou la pastorale, on est moins habitué à se référer aux Conciles œcuméniques.
Et pourtant, nous avons la chance que le Concile Vatican II ait été, avant tout, un Concile pastoral.
S’il a fait progresser la réflexion théologique sur bien des points, c’est parce que la pastorale suppose un retour aux sources de la foi.
Réformer l’Église, ce n’est pas faire la révolution… c’est revenir aux sources véritables de la Tradition reçue du Christ.
Certains confondent la Tradition avec certaines habitudes qu’ils ont prises, eux ou leurs ancêtres.
Mais les chrétiens peuvent prendre de mauvaises habitudes qui les éloignent de l’Évangile.
Ce qui se fait depuis quelques générations n’est pas bien en tout… l’Église elle-même peut dévier sur certains points.
Cela ne doit pas vous surprendre… parce que l’Église est humaine. Elle est à la fois divine et humaine. Elle est le Corps du Christ… mais c’est nous que le Christ, dans sa tendresse, a appelés à être son Corps… c’est nous avec toute notre humanité et nos lourdeurs.
C’est pourquoi l’Église a besoin de réformes… et c’est la mission que se sont donnés de grands Conciles réformateurs au cours de l’histoire.
On peut critiquer l’Église… mais on ne devrait jamais le faire sans que ce soit également un examen de conscience.
Si certains critiquent l’Église devant vous, laissez les parler… et dites-leur simplement : “Vous avez raison, l’Église est critiquable… et ce n’est pas étonnant, puisque l’Église c’est vous… c’est nous !”
En lisant ce décret, même vous qui vivez habituellement la vie de l’Église, vous avez sans doute été surpris de l’insistance du Concile sur la nécessité de l’apostolat des laïcs. Pourquoi cette insistance ?
Si vous prenez le cas de la France, elle a connu, depuis le Moyen Âge, et encore à l’époque de nos parents, une abondance de prêtres pratiquement sans exemple dans l’Église ancienne comme dans le reste du monde.
Nul doute qu’ils ont évangélisé… mais les confirmés ont un peu oublié qu’ils étaient confirmés… et il y a eu une certaine démission.
Nous avons actuellement le sentiment d’un manque de prêtres… ce qui est vrai… mais, en fait, notre situation est celle de la plupart des Églises dans le monde… ce n’est pas véritablement une anomalie.
Ce qui serait une anomalie, ce serait que les laïcs continuent de croire que les prêtres peuvent encore assurer la totalité de l’évangélisation.
Ce n’est pas le cas. L’apostolat des laïcs avait déjà pris une grande place dans l’Église avant le Concile, en particulier avec l’Action Catholique.
Depuis quelques années d’autres mouvements, plus sensibles à la nécessité de la prière comme source de la mission, ont pris le relais.
Pour revenir au Moyen Âge, qui marque encore nos mentalités plus que nous ne l’imaginons, c’est un temps où presque tous les laïcs généreux devenaient moines ou religieux.
Les premiers moines, au début de l’histoire de l’Église n’étaient pas prêtres… et encore au Moyen Âge, la plupart étaient des laïcs… ce qui, naturellement, a toujours été vrai des religieuses.
Les moines ou religieux, hommes ou femmes, sont donc normalement des laïcs qui choisissent un état de vie qui doit les aider dans leur désir de don de soi et de fidélité à l’Évangile.
Les moines du Moyen Âge ont été missionnaires : ils ont converti l’Europe, dont les campagnes n’étaient pas chrétiennes.
Le mot païen vient du mot paysan… et les régions où la vie monastique a été absente sont encore restées profondément païennes.
La vie monastique a, en partie, disparu… et il est d’autant plus urgent de comprendre ce qu’elle était et ce qu’elle est encore. Elle était un choix de vie, par des laïcs fervents, qui voulaient vivre intensément leur vocation chrétienne. Elle comportait des vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance. Un tel idéal existera toujours dans l’Église… mais ce n’est plus la foule des chrétiens fervents qui fait ce choix.
On peut être chrétien sans faire les trois vœux religieux… mais on ne peut pas vraiment être chrétien sans être missionnaire et sans donner place à la prière.
Il n’est donc pas surprenant que le Concile demande tant aux laïcs.
Un certain nombre de mouvements, qu’ils se disent ou non charismatiques, proposent une règle de vie qui, même si elle ne comporte pas les trois vœux classiques, veut soutenir leur ferveur et leur action missionnaire.
Comme les religieux du Moyen Âge, mais à notre façon, nous voyons que la fidélité à un tel engagement est un moyen de vraiment mettre en œuvre notre vocation de laïcs confirmés.
Que l’Esprit d’amour vous donne le désir d’être de plus en plus fidèles à votre règle de vie : aux rencontres, à la prière et à la mission.
JC.P.

Retour aux archives