Les récits du Déluge… ou la patience de Dieu - 2

Le ch. 3 du livre de la Genèse disait déjà que la situation actuelle de l’homme n’est pas normale… elle n’est pas conforme au projet de Dieu… elle est la conséquence du péché de l’homme.
Cependant, après le premier péché, l’humanité n’est pas devenue, comme le disait Saint Augustin, une “massa damnata” ! Toute la Bible nous dit l’amour et la patience de Dieu qui offre son pardon.
Le récit biblique du déluge a été écrit après l’époque de Moïse et de l’Alliance au Sinaï. Pour l’auteur du livre de la Genèse, cette Alliance exprime la fidélité de Dieu et son amour du peuple d’Israël.
Avec l’histoire du déluge, l’auteur imagine une alliance plus ancienne, non pas limitée à Israël, mais entre Dieu et toute l’humanité, dont le signe serait l’arc en ciel… un signe visible dans le monde entier.

Dieu dit : «Quand l’arc sera dans la nuée, je le verrai et me souviendrai de l’alliance éternelle qu’il y a entre Dieu et tous les êtres vivants.» (Gn. 9,16) Il y a là une poésie et une spiritualité qui devraient nous toucher le cœur.
Cette Alliance universelle n’est pas une fiction, même si elle nous est révélée dans un récit imagé… c’est la révélation des sentiments de Dieu et de son immense tendresse pour toutes ses créatures.

Le récit du déluge veut dire que l’humanité pécheresse n’a pas de droits.
Si Dieu nous traitait selon nos droits, il devrait nous détruire… mais un père ne traite pas ses enfants selon leurs droits. Yahvé est patient et miséricordieux : il offre son alliance à toutes ses créatures.
C’est un message qu’on retrouve dans l’Évangile.

Les contemporains de Jésus se demandaient si les dix-huit personnes tués par l’écroulement de la tour de Siloé étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem. Ils pensaient que Dieu les avait punis.
Jésus leur répond : “Non, je vous le dis, mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même façon.” (Luc 13,4-5) La réponse de Jésus est surprenante.
A sa place, nous aurions sans doute répondu que leur mort n’était pas une punition, mais un accident … et qu’ils étaient innocents.
Jésus dit aussi que leur mort n’est pas une punition mais un accident… mais il donne une conclusion totalement différente !
Il fait comprendre que si Dieu punissait les coupables de cette façon, ce n’est pas dix-huit personnes qui auraient dû mourir, mais tout Jérusalem !
C’est pour cette raison que les accidents ne doivent pas être interprétés comme des punitions de Dieu !
En fait, si Dieu punissait les coupables de cette façon, il y aurait infiniment plus d’accidents !
C’est la réponse de Jésus… et vous voyez que l’auteur du livre de la Genèse donnait déjà la même réponse dans son récit du déluge.
Dieu n’agit pas selon sa justice ni selon nos fautes… mais selon sa miséricorde. Avec une patience infinie, il attend notre conversion.
Sa bienveillance ne résulte pas de nos mérites. Nous n’aurons jamais vraiment un droit à son pardon et à son amour. Il nous a aimés le premier… son amour a précédé toutes nos conversions.

C’est pourquoi, malgré nos faiblesses, il nous invite à ne pas avoir peur de nous laisser aimer dès maintenant.
Il ne faut pas attendre d’être parfait pour nous laisser aimer par Dieu… il ne faut pas imaginer que nous pourrions un jour nous convertir au point d’avoir des droits à son amour… et attendre cet avenir improbable pour nous laisser aimer !
Il faut accepter de s’en remettre à sa miséricorde… il n’y a pas d’autre moyen de l’aimer et de se laisser aimer.

Il faut évidemment renoncer à toute faute grave et aspirer à la sainteté, mais notre conversion ne sera jamais telle qu’elle nous donnerait un droit à la vie éternelle !
Son amour sera toujours une grâce… c’est-à-dire un amour gratuit.
Les plus grands Saints n’ont jamais le sentiment d’avoir droit au salut. Comme eux, au bout du chemin, nous devrons finalement nous en remettre à la tendresse du Christ.

Un tel message nous libère… c’est aussi le seul chemin de conversion… la peur n’a jamais converti personne.
Seule l’expérience de la tendresse de Dieu et de sa bienveillance gratuite peut toucher notre cœur et le convertir en vérité.

Que le Seigneur vous bénisse… qu’il vous fasse éprouver son amour.

JCP

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