Lettre aux Galates

Frères et sœurs, dans cette lettre, plus qu’ailleurs, Paul manifeste son affection pour une communauté qu’il a fondée… allant jusqu’à dire aux Galates qu’il les “enfante dans la douleur” (Gal. 4,19).
C’est la lettre qui donne le plus de renseignements sur la vie de Paul (Chap. 1 & 2), montrant aussi la vie de l’Église, qui se détache progressivement du judaïsme pour conquérir sa personnalité propre. On la voit grandir, malgré les tensions et les difficultés, dans la fidélité à l’Esprit Saint.
Cette lettre a probablement été écrite à la même époque que II Cor. et que la lettre aux Romains, vers 57-58, à Éphèse ou à Corinthe.
Les Galates sont des tribus Gauloises installées dans la région d’Ankara, au Nord d’Antioche de Pisidie, une province que Paul a traversée au cours de son deuxième et de son troisième voyage missionnaire.
Paul, qui a une grande amitié pour cette communauté, est d’autant plus peiné de la facilité avec laquelle ils sont passés à un autre Évangile ! (1,6)
Totalement étrangers au monde juif, ils se sont laissé entraîner par des Judéo-chrétiens venus dans le sillage de Paul, qui ont tenté de leur imposer la circoncision et les interdits du judaïsme, alors qu’au Concile de Jérusalem, ni Pierre, ni Jacques, ni Jean n’avaient exigé la circoncision des païens : pas même celle de Tite, un païen converti. (2,1-9)
Paul voit la doctrine des judaïsants comme un nouvel Évangile : il veut dire que si c’est la Loi et la circoncision qui donnent le salut, le Christ n’est plus le Sauveur !
Celui qui tombe dans cette idolâtrie de la Loi est déchu de la grâce. (5,1-4)
Paul est “le serviteur du Christ” (1,10) il n’agit pas comme un propriétaire qui pourrait disposer du Message… il est à la fois humble et intraitable, et il peut dire : “Si quelqu’un vous annonce un Évangile différent de celui que vous avez reçu”, même un Ange du ciel, “qu’il soit anathème” ! (1,8-9)
On a vu que Pierre lui-même a été tenté de faire des concessions aux judaïsants… et Paul, qui ne pouvait se passer de son immense prestige, a dû l’obliger à prendre position (2,11-14). Ainsi, Paul par son inspiration, et Pierre par son autorité, ont su éviter la division de l’Église naissante.
Ce n’est pas la Loi qui sauve, c’est le Christ… Mais attention !  Si le chrétien est “mort à la Loi” (2,19) ce n’est pas pour devenir esclave du péché (2,17) !
On retrouve ici l’enseignement de la lettre aux Romains sur le salut donné gratuitement (le salut par la foi) : “Le salaire du péché c’est la mort, mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle…” (Rom. 6,23)
On voit ici que ce qui conduit à la vie éternelle, ce n’est pas l’observance de la Loi… c’est le don gratuit de Dieu.
Si l’on parvient à la vie éternelle, ce sera un don gratuit.
Cela veut-il dire qu’on peut se dispenser de la Loi de Dieu ?
Certainement pas… parce que : se dispenser des Commandements, c’est tomber dans le péché… et “le salaire du péché c’est la mort”. (6,23)
La vie éternelle est un don gratuit, qu’on peut accepter ou refuser. Vivre dans le péché, c’est refuser ce don : c’est fermer son cœur à la grâce.
Accueillir ce don, c’est, au minimum, observer les Commandements.
Mais, observer les Commandements ne donne pas de droit !
Rien ne peut donner droit à la vie éternelle, tant ce don est immense.
Observer les Commandements, c’est lever un des obstacles à la grâce : c’est ouvrir son cœur au don gratuit du salut.
Ce verset nous fait toucher du doigt la vie spirituelle de saint Paul : faite, à la fois, de sainteté et d’humilité.
Il a tout fait pour être fidèle à l’Évangile, mais, en même temps, il sait qu’il n’a aucun droit et ne peut que s’en remettre à la tendresse du Christ… et il ne pense qu’à rendre grâces pour l’immensité du don qu’il a reçu.
Les Galates sont fous ! Après avoir été comblés des dons de l’Esprit, comment peuvent-ils tomber ainsi dans une religion charnelle, en revenant à la circoncision ? (3,1-5)
C’est par la foi et non par la Loi qu’ils ont reçu l’Esprit Saint (3,2). La Loi a le pouvoir de manifester le péché… pas celui de sauver (3,19-22).
Elle a été un maître sévère qui tenait les hommes prisonniers (3,23-24).
C’est le Christ qui nous a rendus libres : par la foi et le Baptême, il a fait de nous des fils de Dieu. (3,25-28)
Si Dieu nous a envoyé son Fils, c’est pour que nous recevions la filiation divine… et c’est l’Esprit qui fait de nous des fils : il nous apprend à prier comme des fils en appelant Dieu “Abba : papa”… Nous ne sommes donc plus des esclaves, mais des fils, et donc des héritiers (4,4-7)… l’héritage qui nous est promis étant la pleine communion à la vie du Fils de Dieu.
Ce n’est pas la circoncision qui peut nous sanctifier et nous donner le salut, mais “la foi agissant par l’amour” (5,5-6)… un amour qui consiste à se faire serviteurs les uns des autres (5,13).
La liberté chrétienne n’est pas la liberté de pécher (5,13) : ceux qui sont esclaves de la “chair” (c’est-à-dire du péché) et qui commettent : “impureté, débauche, haine, discorde, jalousie, emportement, scissions, beuveries… n’hériteront pas du Royaume de Dieu” (5,17-21).
A l’inverse, “le fruit de l’Esprit est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi” (5,22-23). Et ainsi, “celui qui sème dans l’Esprit récoltera, de l’Esprit, la vie éternelle” (6,8).
Paul ose écrire que “la circoncision n’est rien… ce qui compte c’est la nouvelle création” (6,15), celle qui fait de nous des fils de Dieu.
Frères et sœurs, c’est à la lumière de ces dernières lignes qu’il faut comprendre le salut par la foi… une foi qui agit par l’amour… un amour qui se fait serviteur, et peut ainsi attirer des frères vers le Christ.
Que le Seigneur vous guide sur ce chemin.
JC.P.

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