Les Juifs religieux (les Pharisiens) refusaient de fréquenter les délinquants et autres pécheurs qui n’observaient pas la Loi de Dieu, et,en particulier ceux qu’ils considéraient comme de la racaille dorée : les grands délinquants proches du pouvoir, tels que les Publicains.
D’une certaine façon, c’était tout à leur honneur : cela montre leur lucidité, leur droiture, leur foi, et leur désintéressement relatif. Ils essayaient de ne pas se laisser éblouir par le pouvoir et par l’argent facile.
Jésus ne leur reproche pas leur droiture… il leur reproche de considérer les pécheurs comme appartenant à un autre monde, infréquentable !
Il ira même jusqu’à leur dire : "Les Publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume des cieux." (Mt 21,31)
Jésus n’a rien d’un laxiste… il n’a aucune complicité avec le péché des Publicains ou des prostituées… sa morale est, au moins, aussi exigeante que celle des Pharisiens !
Mais, pour Jésus, personne n’est infréquentable : il ne désespère de personne, il croit qu’on peut parler aux plus grands pécheurs, qu’on peut leur proposer l’idéal de sainteté de l’Evangile… il les croit capables de changer de vie totalement et de mener une vie sainte !
Jésus ne reproche pas aux moralistes Pharisiens de vouloir être incorruptibles… il leur reproche de vouloir maintenir les pécheurs dans leur péché : de ne pas croire à la possibilité de leur conversion.
Il leur reproche en même temps de ne pas se voir eux-mêmes pécheurs : de s’imaginer appartenir à une catégorie de non-pécheurs, et donc de se fermer à eux-mêmes les portes de la conversion !
Il en résultait un blocage total. Dans un telle perspective, plus personne ne peut se convertir : ni les escrocs publicains classés dans les pécheurs à vie, ni les Pharisiens religieux enfermés dans leur bonne conscience !
Jésus veut que tout le monde soit sauvé… que tout le monde soit pardonné… et donc que tout le monde se convertisse !
Les Publicains et autres grands pécheurs : en osant croire au pardon de Dieu… les Pharisiens et autres bonnes consciences : en acceptant de reconnaître qu’eux aussi ont besoin d’être sauvés et pardonnés !
Il est évident que si Jésus fréquente les escrocs du beau monde, ce n’est jamais pour les courtiser… il n’a jamais cherché leurs faveurs dans les réceptions mondaines. Il ne leur fait aucune concession… il leur présente l’Evangile dans toute sa pureté.
A la femme adultère, il dit : "Moi non plus je ne te condamne pas"… mais il ajoute : "Va, et désormais ne pèche plus." (Jn 8,11)
Et c’est bien ainsi que Zachée comprend les choses : il se convertit vraiment : il va rembourser tous ceux qu’il a volés.
Nous avons beaucoup de chance… nous qui avons entendu cette révélation de l’immense tendresse de Dieu, et avons compris que rien n’est impardonnable : "Si le Fils de l’homme est venu : c’est pour chercher et sauver ce qui était perdu."
Nous avons envie de lui répondre : "Seigneur, je ne suis pas très brillant, mais tu sais que j’ai besoin de ton pardon… c’est pour cela que tu es venu… Je n’ai pas un droit à ton pardon, mais je m’en remets à ta tendresse."
Il nous est demandé également d’avoir, envers les autres, l’attitude qu’avait Jésus : considérer que personne n’est infréquentable… non pas pour nous laisser corrompre, mais pour oser transmettre l’Evangile à n’importe qui… en croyant que personne n’est irrécupérable.
Jésus ne nous demande pas de réussir à tous les coups, il nous demande simplement de ne désespérer de personne : de ne jamais avoir peur de proposer son Evangile.
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Publié le 2007-11-04