Cette parole de Jean Baptiste laisse entendre que le règne du Messie n’est autre que le règne de Dieu.
Le Messie était le roi : celui qui était consacré par l’onction.
Jésus est bien le Messie, il est bien roi, mais son règne est le règne de Dieu : son Royaume est le Royaume des Cieux, c’est-à-dire, de Dieu !
Avec Jésus, le règne de Dieu s’est fait proche : il s’est mis à notre portée.
Les Juifs imaginaient la venue du règne de Dieu comme un cataclysme, et beaucoup voyaient Dieu comme un Potentat, inaccessible et lointain !
Mais Dieu a choisi de se faire proche des hommes :en Jésus de Nazareth Dieu est présent et agissant, il entre et il règne dans notre vie.
Toute la difficulté, pour les contemporains de Jean comme pour nous, est de reconnaître ce règne : cette présence et cette action de Dieu.
En tant que fils d’Abraham, les Pharisiens et docteurs de la Loi croyaient avoir droit au salut.Ils croyaient que, dans le Royaume de Dieu, on marche au privilège !
On voit toute l’urgence de l’appel de Jean : "Convertissez-vous."Il leur dit : "Avec ces cailloux, Dieu peut fabriquer des fils d’Abraham"…Etre fils d’Abraham, ce n’est rien… sans conversion, ce n'est rien !
Mais ils ne voyaient pas en quoi ils auraient à se convertir… beaucoup pensaient qu’ils n’avaient rien à se faire pardonner.
Avec une telle idée, comment pouvaient-ils avoir besoin d’un Sauveur ?
Comment pouvaient-ils reconnaître le Règne de Dieu en Jésus ?
Pour être honnêtes, nous devons admettre que ces personnages, qui n’avaient rien à se faire pardonner, ne nous sont pas vraiment étrangers : ils nous semblent proches !
Nous vivons dans un monde qui ne voit pas ce qu’il aurait à se faire pardonner… avec cette différence, cependant, que les docteurs de la Loi, condamnés si violemment par Jean, eux, au moins, ils priaient, ils observaient les commandements et ils pratiquaient le partage !
Ce qui veut dire que nous avons du souci à nous faire… et donc que le vrai drame, c’est celui de notre monde dit "permissif" : un monde qui vit n’importe comment, qui laisse faire pratiquement n’importe quoi, et qui ne voit toujours pas ce qu’il aurait à se faire pardonner !
Le commencement de toute conversion, c’est de ne pas se laisser contaminer par la permissivité ambiante.
Jean leur dit : "Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion."
Un fruit, c’est un comportement nouveau : une conversion qui se traduit en actes… des actes motivés par l’amour ou la charité.
Les soldats, les publicains, et les autres, demandaient à Jean : "Que devons-nous faire ?"… et Jean indiquait à chacun le comportement qui serait la manifestation tangible de sa conversion.
Son message annonce le message de Jésus… qui, lui aussi, reprend l’image de l’arbre et des fruits : "Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits.Ainsi donc, c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.Il ne suffit pas de me dire : Seigneur, Seigneur ! pour entrer dans le Royaume des cieux; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux." (Mt 7,18-21)
Avec Jésus de Nazareth, "le règne de Dieu s’est fait proche."
Ce règne n’est pas lointain… il n’est pas inaccessible.
Et celui qui accepte de se convertir ouvrira son coeur à la présence et à l’action de l’Esprit Saint.
Comme Jean baptiste l’avait compris, Jésus est celui qui nous baptise (nous plonge) dans l’Esprit Saint.
On ne peut pas se sanctifier tout seul… il n’y a pas de sainteté sans l’Esprit Saint… et cet Esprit est, avant tout, un Esprit d’amour.
Mais cet amour doit se traduire en actes : "C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez."
Publié le 2007-12-09