Les premiers chapitres du livre de la Genèse ont été écrits vers le 7ème siècle avant Jésus Christ.
C’est l’œuvre d’un homme inspiré (un prophète resté anonyme) qui nous donne une révélation sur le péché et son origine.
Cet auteur parle en images et en symboles, mais on aurait tort de le prendre pour un primitif. Jésus aussi parlera en paraboles : c’est une tradition dans le monde de la Bible.
"Au temps où Yahvé Dieu fit le ciel et la terre (c’est-à-dire tout l’univers), il modela l’homme avec la poussière tirée du sol." (Gn. 2,4-7)
Il va de soi que l’auteur ne parle pas de l’évolution des espèces : il n’en a pas la moindre idée… et la révélation qu’il nous donne ne porte pas sur les sciences de la nature, mais sur le projet de Dieu à l’égard des hommes.
Cela dit, l’Église n’a pas peur de la science ni de la théorie de l’évolution. Pie XII, déjà en 1950, ne voyait pas d’opposition entre la foi chrétienne et le fait que l’espèce humaine ait une origine animale.
L’image de "l’homme modelé avec la poussière du sol" signifie que, par son corps, il fait partie de l’univers matériel,ce qui reste vrai quelles que soient nos théories scientifiques.
Et il ajoute ceci : "Il insuffla dans ses narines le souffle de vie."
En hébreu, c’est le même mot qui désigne le souffle et l’esprit.
On a donc là un symbole pour dire que l’homme, par son esprit, fait partie d’un autre univers : il entre dans l’intimité divine.
L’homme est un animal, mais pas un animal comme les autres ! L’auteur du chapitre premier disait que l’homme est à l’image de Dieu… comme un fils est à l’image de son père.
Après les deux premiers chapitres du livre de la Genèse qui insistent sur le fait que Dieu est créateur de tout l’univers… le chapitre trois fait une exception : il existe une chose que Dieu n’a pas créée : c’est le péché.
Il y a quelque chose de détraqué dans le monde des hommes… presque tout le monde serait d’accord sur ce point.
Ce que veut nous dire ce texte biblique, c’est que la situation actuelle de l’humanité : cette folie du péché… n’est pas une situation normale : ce n’est pas une situation voulue par Dieu.
Autrement dit : Dieu a créé l’homme… mais il ne l’a pas créé pécheur.
Si on lui posait question : "Alors, qui a fait le péché ?"… l’auteur biblique répondrait : "C’est nous"… nous qui appartenons à l’univers des êtres spirituels… et donc des êtres libres.
Le péché, c’est un être libre qui choisit le mal en prétendant que ce mal est bon pour lui.
L’auteur imagine un jardin où l’homme trouve tout ce dont il a besoin pour vivre, et dans ce jardin, un arbre réservé à Dieu :l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
Et il ne s’agit pas d’une connaissance théorique, mais du pouvoir de décider par soi-même de ce qui est bien et de ce qui est mal.
Ce pouvoir ne peut appartenir qu’à Dieu seul, créateur de la nature humaine. L’homme ne peut pas s’approprier un tel pouvoir !
Manger ce fruit est l’image par excellence du péché : la prétention de décider par soi-même du bien et du mal.
Il y a, dans ce chapitre, une réflexion très profonde sur le péché, qui annonce la lettre de Saint Paul aux Romains et le dogme du Péché originel (Concile de Trente).
La suite du récit, et toute la Bible, montre que Dieu n’abandonne jamais l’homme blessé par le péché… il ne cesse de patienter et de faire grâce.
Non seulement Dieu n’est pas à l’origine du péché, il n’a pas voulu le péché… mais l’homme ayant fait le mal, Dieu ne cesse de pardonner.
Publié le 2008-02-10