Le Christ ressuscité, écrit Saint Paul, "est apparu à plus de cinq cents frères… la plupart sont encore vivants…" (I.Cor. 15,6)
Cet Évangile de Saint Luc est le récit de l’une de ces apparitions à des frères inconnus par ailleurs… l’un d’eux s’appelle Cléophas !
Les Apôtres ne sont donc pas les seuls témoins, ni même les premiers. Les premiers témoins de la résurrection sont les femmes. On a tort d’imaginer le groupe des premiers disciples comme un groupe d’hommes. Il comportait des femmes, comme nos paroisses où les femmes font une grande partie du travail d’évangélisation.
Les femmes, écrit Saint Luc, ont trouvé le tombeau vide, elles ont eu une apparition, elles sont allées avertir les Apôtres, et alors seulement, "quelques uns sont allés au tombeau… ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit, mais lui, ils ne l’ont pas vu !" (Luc 24,24) Tous n’ont pas pris la peine de se déplacer, mais ceux qui l’ont fait sont allés jusqu’au tombeau avec scepticisme… et ils sont revenus tout aussi sceptiques. D’ailleurs, les deux disciples qui racontent cette histoire tout en marchant, n’y croient pas une seconde ; c’est la raison de leur tristesse et de leur déception.
"Les chefs des prêtres l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié." (Luc 24,20)Ils pouvaient difficilement imaginer un échec plus complet. Ils auraient peut-être admis que le Messie puisse avoir une mort honorable, mais non pas qu’il soit un condamné… et qu’il soit condamné par les chefs spirituels du Peuple de Dieu !
La crucifixion, à Rome, était le supplice des esclaves indociles… mais elle était également utilisée comme moyen de répression, en particulier en Israël où les révoltes étaient fréquentes. Pour humilier ce peuple les romains avaient crucifié des foules de Juifs.
Ce qui est étonnant, dans le procès de Jésus, c’est que les Juifs eux-mêmes aient demandé la crucifixion pour un de leurs frères de race ! Ils voulaient mettre un terme aux prétentions de Jésus et décourager définitivement ses disciples… et on peut voir qu’ils ont réussi : les deux disciples d’Emmaüs ont perdu la foi… et les autres aussi.
Mais ce jour-là, quelqu’un marche avec eux sur le chemin d’Emmaüs et leur parle : "Il leur expliqua dans toute l’Écriture ce qui le concernait." (Luc 24,27)
Peu à peu, ils comprennent que Jésus est beaucoup plus qu’un roi… qu’il n’est pas venu pour libérer son peuple de l’oppression, mais pour sauver les hommes du péché et de la perdition… et que, pour cela, il a accepté d’être humilié à la façon du "Serviteur de Yahvé" du livre d’Isaïe. Ils comprennent que sa gloire est sans commune mesure avec la gloire relativement insignifiante d’un roi ou d’un puissant !
Ils comprennent que c’est la gloire de la résurrection : gloire divine et éternelle, qui, chose étonnante, ne le rend pas distant, mais plus proche que jamais de ses disciples. (Mt.28,20)
La pauvre gloire des puissants de ce monde est une gloire qui les rend distants. La résurrection est une gloire et une présence : elle supprime toute distance avec ses disciples… jusqu’à la fin des temps.
Ils le reconnaissent à la fraction du pain… et ils demeureront dans cette présence… présence qui nous est offerte, à nous qui le reconnaissons aujourd’hui dans la fraction du pain.
Publié le 2008-04-06