La traduction du missel dit : "La multitude est appelée, mais les élus sont peu nombreux."Faut-il comprendre que la plupart des hommes seront condamnés ?
En araméen, pour dire : "tout le monde", on disait : "les nombreux" ou "la multitude". Ce qui veut dire qu’il y a, d’un côté : "tout le monde", et de l’autre côté : "pas tout le monde". Jésus ne veut pas donc dire que les élus seront un tout petit nombre, mais il veut dire, à coup sûr, que "tous ne sont pas élus"… sinon cet Evangile n’aurait aucun sens !
Jésus distingue les "appelés" et les "élus". Ceux qu’il appelle "les élus",ce sont tous ceux qui entreront effectivement dans la gloire de Dieu ou la vie éternelle. Et il nous dit que "Tous ne sont pas élus".
Calvin et quelques autres en ont conclu qu’on pouvait être prédestiné à l’enfer. L’erreur actuelle, tout aussi éloignée de l’Evangile, c’est que : "Tous sont appelés", et donc que tous sont sauvés !
Ce que Jésus nous dit, c’est que "Tous sont appelés" pour ce qui est de Dieu. Tous sont prédestinés à la vie éternelle :c’est le projet de Dieu.
Mais les hommes gardent leur liberté, et ils peuvent faire échec au projet de Dieu. C’est pourquoi, finalement "tous ne sont pas élus."
Quand Saint Paul parle de la "prédestination", il ne parle pas du résultat final, mais du projet initial de Dieu.
Dans cette parabole, il n’y a que des invités : tous sont invités au festin,mais il y a une partie des invités qui n’ont rien à faire de ce festin :ils ont leurs petites affaires, leur terres à cultiver, leur commerce… ils sont indifférents, cela ne les intéresse pas.
On a donc, dans cet Evangile, à la fois la Bonne Nouvelle de la patience de Dieu, qui est une patience infinie… de sa tendresse,qui est une tendresse universelle… et en même temps, le drame de la réponse de l’homme : de sa liberté qui peut faire échec au projet de Dieu.
Mais, en ce qui concerne Dieu, il est vraiment le Père de tous les hommes : il les aime tous comme un père aime ses enfants, d’un amour inconditionnel… et il continue de les aimer quand ils lui tournent le dos, comme un père avec ses enfants.
Quand des parents sont rejetés, abandonnés ou ignorés par leur enfant, c’est très dur à vivre. C’est comme cela que Dieu nous aime, et continue de nous aimer : comme un Père, même si nous passons des jours et des semaines en vivant comme s’il n’existait pas.
Et il arrive que les choses ne s’arrangent pas : que cet endurcissement de l’homme soit définitif… c’est pourquoi Jésus nous dit que "tous ne sont pas élus", ce qui veut dire que l’homme est capable d’un endurcissement éternel dans le péché.
Il nous arrive de rencontrer des gens que l’on croit dangereux : des gens qui nous font peur.En fait, dans le monde qui nous entoure, personne n’est vraiment dangereux. Pour chaque être humain, le seul être au monde qui soit dangereux, c’est lui-même ! Le seul être au monde qui puisse détruire la vie d’enfant de Dieu que j’ai reçue à mon Baptême, c’est moi !
Mais le rejet ne vient jamais de Dieu : "Tous sont appelés" : tous sont faits pour la filiation adoptive.
On voit comment Jésus, dans une simple parabole, nous révèle à la fois la responsabilité des hommes et la tendresse sans limite de Dieu.
Publié le 2008-10-12