On entend dire parfois que l’Évangile n’est pas une morale… on devrait dire plutôt qu’il n’est pas seulement une morale.
Il y a une morale de l’Evangile, et si on prétend avoir la foi, on ne peut pas s’en dispenser : on ne peut pas séparer ce qu’on croit et ce qu’on fait.
La morale ou l’éthique, c’est l’ensemble des règles de notre comportement, ou des normes de notre vie pratique.La foi, c’est ce que nous devons croire, et la morale, ce que nous devons faire en tant que disciples du Christ.La morale, pour un chrétien, n’est donc pas un sujet annexe ou facultatif.
On le voit dans la question de cet Evangile : "Quel est le grand commandement ?" : quelle est la première des normes pratiques de notre comportement ? Jésus ne se contente pas de répondre que c’est l’amour de Dieu et des hommes… il précise qu’ils sont totalement indissociables… et il ajoute quelque chose qu’on ne lui demandait pas : que toute "la Loi et les Prophètes", c’est-à-dire,toute la Révélation de Dieu est suspendue à ce commandement de l’amour. On a là un double commandement : une loi morale, qui est l’essentiel de la Parole de Dieu.
L’Evangile, ce n’est pas d’abord une foi et accessoirement une morale.
Le Fils de Dieu nous dit que c’est plutôt le contraire… et saint Paul, le plus intellectuel des Apôtres, le dit à sa façon : "J’aurais beau avoir une foi à transporter les montagnes… si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien… je suis zéro."
Le Pape Jean Paul II, en 1993, avait écrit une encyclique sur la morale : la première qui traitait de la morale en général.Parmi les encycliques, c’est peut-être la plus importante de l’histoire de la papauté.
La religion de l’Evangile est d’abord une religion du cœur, ce qui est l’une des choses les plus difficiles à mettre en pratique… et en même temps, la chose la plus normale qui soit !
C’est un des grands thèmes de cette encyclique : que la morale de l’Evangile n’est jamais arbitraire. Ce que Dieu nous demande est une morale naturelle : en ce sens que rien n’est plus conforme à notre nature humaine.
Les exigences de l’amour sont celles que tout homme découvre dans sa conscience s’il veut bien être honnête avec lui-même : s’il est attentif à sa conscience et ne se laisse pas étourdir par le tourbillon de la vie.
Beaucoup de chrétiens vivent sans prière, et ils sont quelquefois étonnés par l’importance donnée à la prière par des musulmans ou des bouddhistes.On vit comme si l’amour de Dieu était superflu, et on s’étonne que des gens qui ont beaucoup moins reçu le trouvent indispensable.
Supposons que nous n’ayons pas la foi en Jésus Christ, ni la foi en un Dieu proche qui nous aime comme un Père, mais que nous soyons pourtant convaincus qu’il existe un Être éternel, créateur de l’univers.
Si nous avions compris cela, nous serions déjà inexcusables de continuer à vivre sans donner à ce Dieu la première place dans notre esprit et dans notre cœur. (cf. Rom. 1,18-21)
Il nous fait exister : à tout instant il nous tient dans l’existence, gratuitement, par bienveillance pure. Il va de soi qu’il mérite d’être aimé par dessus tout !
Pour Saint Paul, l’amour (la charité) est le charisme par excellence : le premier des dons de l’Esprit. C’est la chose la plus impossible sans la force du Saint Esprit… et en même temps, la chose la plus conforme à notre nature humaine : la plus normale dans notre relation à Dieu et dans les relations entre les hommes.
Publié le 2008-10-26