La visite des Mages racontée par Saint Matthieu est un récit plein de mystères… en ce sens qu’on ne sait pas très bien qui sont ces personnages,ni d’où ils viennent.
Les "Mages", dans le monde ancien, désignaient normalement les prêtres iraniens de Zarathoustra, dont on sait qu’ils pratiquaient la divination et l’astrologie. Mais Saint Matthieu n’est pas très précis… il dit simplement qu’ils venaient d’Orient, où bien des peuples pratiquaient l’astrologie… quant à leurs cadeaux, tels que l’encens et la myrrhe, ce sont des produits qui viennent d’Arabie.
Au début du Moyen Age, on leur donne des noms : Melchior, Gaspar et Balthasar. Après leur avoir attribué les origines les plus diverses, la tradition populaire, au IXème siècle,suppose qu’ils venaient des trois continents, et elle en fait des rois, s’inspirant sans doute d’Isaïe 60,3-6 :"Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois vers la clarté de ton aurore… apportant l’or et l’encens." (Première lecture de l’Epiphanie)
Saint Matthieu ne dit rien de tout cela : il ne dit, ni combien ils étaient, ni très exactement d’où ils venaient, et s’il ne le dit pas, c’est peut-être parce qu’il n’a pas envie d’être trop précis.
Ce qu’il a surtout envie de nous dire à leur sujet, c’est qu’ils sont étrangers au Peuple de Dieu… et qu’ils rendent à cet enfant obscur les honneurs que l’on doit à un roi. Les Mages de Saint Matthieu ne sont pas des rois… le seul, dans cette histoire, qui soit traité comme un roi, c’est l’enfant !
Celui que le Peuple de Dieu n’a pas reconnu comme son Messie, est reconnu et vénéré par des étrangers !
On ne sait pas d’où Saint Matthieu a pu tirer ce récit… mais on sait bien ce qu’il veut dire : annoncer, dès les premières pages de son Evangile, l’entrée des peuples païens dans l’Eglise du Christ.
Et là, on découvre que la tradition populaire qui, sans s’arrêter à la lettre du récit, les fait venir des trois continents, n’a pas si mal compris le message de Saint Matthieu !
Puisque les " païens ", dans le langage de la Bible, désignent tous les peuples autres qu’Israël, on peut dire que l’Epiphanie est notre fête… à nous les nations païennes appelées à hériter des promesses faites au Peuple de Dieu. Ces promesses s’accomplissent dans le Christ et dans la filiation qu’il veut nous donner… et cet accomplissement, qui dépasse l’espérance des fils d’Israël, dépasse aussi les limites des nations et des races.
C’est le message de Saint Paul aux Ephésiens 3,5-6. Le "mystère" dont il a reçu de Dieu la révélation contient l’essentiel de cette Bonne Nouvelle : "Ce mystère… c’est que les païens sont associés au même héritage, au même Corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus."
Publié le 2005-01-02