Vous savez comment certains auteurs, plus ou moins théologiens, interprètent comme des symboles tout ce qui les dérange dans l’Évangile :en général tout ce qui est surnaturel.
Il est vrai cependant que certains passages de l’Évangile doivent être compris comme des images : non pas les textes qui nous dérangent, mais ceux dont on peut montrer que c’est vraiment leur sens !
Il ne s’agit pas de faire dire à l’Évangile ce qui nous arrange, mais de comprendre ce qu’il veut nous dire ! C’est très différent : c’est toute la différence qu’il y a entre le manque de foi et l’honnêteté !
On peut donc se demander si le récit de l’Épiphanie est entièrement historique, avec une étoile capricieuse qui fait des détours,qui apparaît et disparaît ?… ou bien un récit entièrement symbolique… ou bien un récit en partie historique et en partie symbolique ?
Saint Jean Chrysostome, vers l’an 400, disait : "Nous apprenons de l’Écriture que cette étoile n’est pas au nombre des astres."
Ce qu’on peut traduire : "Cette étoile, ne la cherchez pas dans le ciel, cherchez la plutôt dans l’Écriture Sainte !"
Jean Chrysostome avait remarqué que, dans le Bible, c’est le Messie lui-même qui est désigné comme l’étoile
Qui étaient exactement les Mages ? C’est difficile à dire.Ce qu’on peut dire, c’est que Saint Matthieu a vu en eux les premiers représentants des nations païennes qui entreront bientôt dans l’Église.C’est un des grands thèmes de la théologie de Saint Matthieu.
Il écrit pour ses frères Juifs, mais non pas pour les complimenter ! Tout au long de son Évangile, il veut montrer que ceux qui auraient dû accueillir le Messie, ne l’ont pas reconnu, et ce sont des païens qui ont cru en lui.
Son récit de la visite des mages est construit sur des oppositions.
D’un côté, il y a ceux qui ont la connaissance des Écritures, mais cela ne leur sert à rien : leur savoir est stérile, ils ne se dérangent pas. Ils connaissent les textes de la Bible qui annoncent le Messie : ils savent les citer par cœur, mais c’est une tradition morte, et ils ne feront pas une heure de marche pour le rencontrer !
De l’autre côté, il y a les Mages, qui sont des étrangers, mais qui cherchent, qui se déplacent,et qui trouvent le Sauveur.
Il y a également, dans ce récit, une opposition entre Jérusalem et Bethléem… et une autre entre Hérode et Jésus :
Il y a, d’un côté, Jérusalem, la capitale royale : qui est le lieu de la royauté d’Hérode, l’endroit où Hérode est paré du titre de roi et exerce le pouvoir.
De l’autre côté, il y a Bethléem, qui n’est qu’un village (mais le village d’où venait David), et c’est l’Enfant de Bethléem qui est le vrai roi !
L’étoile accompagne les mages, mais elle disparaît tant qu’ils sont à Jérusalem… et elle réapparaît à Bethléem en présence de Jésus !
Pour un Juif qui connaît la Bible par cœur, le message est transparent.
Le livre des Nombres (Nb. 22-24) racontait l’histoire d’un certain Balaam, qui prononce cet oracle : "De Jacob monte une étoile, d’Israël surgit un sceptre qui brise la tête de Moab."Ces deux symboles : le sceptre et l’étoile représentent David, le Roi-Messie.
Le livre de l’Apocalypse (22,16) parle le même langage. Jésus dit : "Je suis le fils, le descendant de David,l’étoile brillante du matin."
C’est Jésus qui parle. Il dit : "Je suis l’étoile".
Saint Jean Chrysostome, il y a 1600 ans, avait vu tout cela !
Dans ces deux textes, l’étoile représente le Messie.
Dans l’Ancien Testament, l’étoile, c’était David. Dans le Nouveau Testament, l’étoile, c’est Jésus, le fils de David.
C’est pourquoi l’étoile s’éteint au dessus de Jérusalem, parce qu’Hérode n’est pas le roi véritable. Mais les Mages la retrouvent à Bethléem, parce que, dans ce pauvre village, ils trouvent un enfant, un fils de David, et c’est lui l’étoile : le Messie véritable.
Les Juifs connaissaient la Bible : ils comprenaient ce langage.
Publié le 2009-01-04