On peut trouver étonnant que Jésus ait voulu inaugurer sa vie publique par un Baptême, surtout par le Baptême de Jean Baptiste :un rite par lequel les hommes se reconnaissaient pécheurs et manifestaient leur désir d’être pardonnés… d’être lavés de leurs péchés.
Quel sens pouvait avoir un rite de pénitence dans le cas de Jésus ?
Dans un premier temps, Jean Baptiste, lui-même se pose la question ! "C’est moi, dit-il, qui aurais besoin d’être baptisé par toi."
Un tel geste, de la part de Jésus, n’est-il pas l’opposé d’un signe ?
Pour comprendre cet événement, il faut se rappeler certaines paroles où Jésus annonce un autre Baptême qui sera le terme de sa vie : "C’est un Baptême que j’ai à recevoir", dit-il aux disciples, avant de prendre le chemin de Jérusalem. (Luc 12,50)
Il doit être plongé, ou baptisé, dans la souffrance et dans la mort.
A Jacques et à Jean, il demande : "Pouvez-vous être baptisés du Baptême dont je vais être baptisé ?" (Marc 10,38)
Ce "Baptême" de la Croix sera, lui aussi, regardé comme le contraire d’un signe : "un scandale pour les juifs et une folie pour les païens" (I.Cor. 1,23)
Comment Dieu a-t-il pu choisir des signes qui n’étaient pas compris ?
Sans doute parce qu’il voulait révéler des choses nouvelles.
"La folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes !" (I. Cor. 1,25)
Jésus a voulu ces deux Baptêmes : l’un au point de départ, l’autre au terme de sa vie publique.
Dans les deux cas, il se met au rang des pécheurs. Par sa mort sur la croix, Jésus choisit de partager le sort des pécheurs. Il réalise la parole d’Isaïe : "Ce sont nos souffrances qu’il portait… c’est à cause de nos péchés qu’il était transpercé." (Is. 53,4-5)
C’est aussi pour nos péchés qu’il se plonge dans le Jourdain ! A la différence des foules qui viennent à Jean, ce n’est pas pour ses péchés, mais pour nos péchés qu’il reçoit ce Baptême de pénitence.
Jean Baptiste est le premier à le comprendre… Jésus est celui "qui enlève le péché du monde". (Jn. 1,29)
Célébrer le Baptême de Jésus, c’est célébrer la tendresse de Dieu qui nous donne son Fils : "Celui-ci est mon Fils, mon bien aimé qui a toute ma faveur." (Mt. 3,17) C’est également célébrer un Messie qui vient comme Sauveur.
Il sait que nous avons besoin de son pardon… il le dit dans l’Evangile : "Je suis venu appeler non pas des justes, mais des pécheurs." (Mt. 9,13) Il fait aussi des gestes qui sont pleins de valeur symbolique. Comme les pécheurs et au milieu d’eux, il choisit de prendre part à un rite de pénitence. Il ne veut, en aucune façon, se tenir à l’écart de ces hommes pécheurs pour lesquels il est venu dans le monde.
C’est une invitation à ne pas nous endurcir dans le péché, mais accueillir le salut et le pardon qu’il nous offre. Le péché n’a pas de secret pour lui ! Quand un pécheur vient à lui, Jésus n’est jamais surpris. Il est à l’aise avec les pécheurs, au point d’étonner, non seulement les pharisiens, mais aussi Jean le Précurseur.
C’est un message qu’il nous donne en paroles, mais aussi par son comportement. De son premier à son dernier Baptême, toute son existence est une invitation à ne pas nous tenir à l’écart de son pardon.
Publié le 2005-01-09