Certains jours, Jésus soumettait ses disciples à un régime de vie un peu rude ! Nous qui sommes si prudents dès qu’il s’agit de transmettre la foi, et prenons tellement soin de ne pas traumatiser ceux que l’Évangile pourrait contrarier… si on avait été là, on aurait conseillé à Jésus de faire plus attention.
Il conduit ses trois Apôtres sur une montagne où il leur manifeste sa gloire… et, alors qu’ils sont à peine remis de leur émotion et croient commencer à comprendre, il anéantit toutes leurs espérances en leur parlant de mort et de résurrection.
Il y a d’innombrables passages de l’Évangile où Jésus leur a fait comprendre sa nature divine, mais, sur la montagne, il leur a montré son vrai visage : ils ont fait l’expérience de sa condition divine.
Certains attendaient un Messie politique… mais ce jour-là, ils comprennent que Jésus est un Messie divin.
Deux prophètes entourent Jésus sur la montagne : Moïse et Élie, qui avaient fait la rencontre de Dieu, également sur une montagne.
Alors que Moïse avait reçu les commandements de Dieu d’une façon détaillée, ici Dieu n’entre plus dans les détails : il n’y a plus qu’un seul commandement : "Écoutez-le." Le Père n’a rien d’autre à nous dire… tout le reste, c’est le Fils qui nous le dit.
La seule parole que Marie adresse aux disciples, dans l’Évangile, est presque identique : "Faites tout ce qu’il vous dira."
Saint Jean dira qu’il est le Verbe : la Parole de Dieu en personne.
Mais les Apôtres, à peine remis de ce premier choc, ont le deuxième traumatisme de leur journée !
Ils ont vu sa gloire divine, mais Jésus leur interdit d’en parler !
Ils pensent que Jésus est un Messie glorieux et invincible, et lui, leur parle de sa "résurrection d’entre les morts". Et parler de résurrection, cela n’annonce rien de bon : cela veut dire qu’il leur annonce sa mort !
Ils croyaient deviner le mystère du Christ, et les voilà totalement désemparés !
Ils ne comprennent pas qu’un Messie tellement glorieux ne soit pas capable de faire mieux : de se programmer une destinée sans problème, et, par la même occasion, soit capable de résoudre nos problèmes.
Ils ne voient pas que le seul vrai problème, c’est le péché… et que le Messie ne pourra pas le résoudre sans que chacun de nous soit impliqué.
Là, on découvre à quel point ils nous ressemblent, et à quel point la fausse idée que se font nos contemporains d’un Messie divin correspond à l’idée que pouvaient s’en faire Pierre, Jacques et Jean.
Quand on entend les braves gens dire que si Dieu était si grand et si bon qu’on le croit, on n’aurait pas tant de désastres, leurs illusions sont du même ordre que celles des Apôtres ce jour-là !
Leur rêve, c’est de pouvoir être irresponsables, avec un Dieu à leur botte qui répare les pots cassés.
Si Jésus est un Messie si puissant qu’on le dit, qu’attend-il pour se mettre à notre service et nous épargner les problèmes de la vie ?
Si Dieu est amour, il devrait être une Super Assistance Sociale, continuelle et instantanée… et comme ce n’est pas le cas, il perdent la foi.
En fait, on ne peut pas vraiment dire qu’ils perdent la foi, parce que leur foi n’était pas celle de l’Évangile.
Ils sont excusables : les Apôtres eux-mêmes ont eu du mal à entrer dans ce projet de Dieu, et nous aussi nous avons du mal.
Cette gloire divine et cette puissance que Jésus manifeste ce jour-là, il ne l’a pas utilisée pour son confort, ni pour faciliter sa vie humaine, mais il a aimé jusqu’à donner sa vie, et il nous appelle à marcher dans ses pas. C’est son commandement nouveau : Aimer comme lui a aimé, jusqu’au don de sa vie.
Publié le 2009-03-08