Il y avait foule à Jérusalem pour la fête de la Pâque juive… c’était la plus grande fête : celle où l’on mangeait l’agneau pascal en souvenir de Moïse et de la sortie d’Égypte.
Ceux qui habitaient la Palestine avaient entendu parler de Jésus… au cours de ces années, beaucoup étaient venu l’écouter et faire guérir leurs malades. Combien étaient les disciples de Jésus ? peut-être quelques dizaines de milliers dans tout le pays. Saint Luc écrit que le jour de la Pentecôte ils seront 3000 à Jérusalem, qui demanderont le Baptême.
Pour la fête de la Pâque il devaient être un peu plus nombreux.
Ce n’est pas une foule immense… ce sont les premiers jours de l’Église… mais cela fait déjà une belle procession. Et ils font une chose étonnante : il font un immense tapis sur la route sur le passage de Jésus et de son âne. Il font un tapis avec des branches de palmiers (Jean) et avec leurs manteaux (Marc). Je ne sais pas si vous imaginez ce que cela représente : mettre son manteau par terre et laisser un âne marcher dessus !
A notre époque, les vêtements sont relativement bon marché… on trouve des fringues fabriquées en Chine pour presque rien ! Et pourtant, même si vous admirez quelqu’un, vous hésiteriez à mettre votre plus beau manteau par terre, dans la poussière, pour faire un tapis sous ses pieds !
Mais là, ce n’est pas comparable… il faut imaginer ce que représentait un vêtement il y a 2000 ans… il n’y avait pas de machines pour fabriquer le tissus… chaque fil était torsadé à la main avant d’être tissé.
Un vêtement représentait des semaines de travail, et parfois des mois.
Les plus pauvres avaient des vêtements recousus de partout.
Un vêtement était un objet précieux… et voilà que ce jour-là, ils mettent tous leurs manteaux par terre pour faire un tapis sur le passage de Jésus. Cela vous donne une idée de ce qu’il représentait pour eux.
Ils pensent que Jésus était le Messie, c’est-à-dire le roi d’Israël.
Jésus n’a jamais dit qu’il était le Messie… il fuyait les honneurs… mais ce jour-là, il les laisse faire.
Dans le récit de la Passion qu’on va lire maintenant, Jésus va faire comprendre qu’il est le Messie d’une façon qui dépasse totalement leur attente. Par trois fois il parle de lui en disant le "Fils de l’homme".
Et là, tout le monde reconnaît un passage du livre de Daniel (7,13-14). Daniel a une vision : il voit, dans le ciel un "fils d’homme" qui s’approche de Dieu, et qui reçoit de lui un règne sur tous les peuples et pour l’éternité. Ce "fils d’homme" est donc une sorte de Messie, puisque le Messie, c’était un roi… mais un Messie qui dépasse tout ce qu’on attendait ! Son règne est éternel et universel : c’est le règne de Dieu !
Le grand prêtre demande à Jésus : "Es-tu le Messie, le Fils de Dieu ?"
Jésus lui dit : "Je le suis, et vous verrez le Fils de l’homme, assis à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel."
Le grand prêtre connaît par cœur le livre de Daniel… il sait que le "fils de l’homme" est un messie divin dont le règne est le règne de Dieu… et il déchire son vêtement devant tout le monde… Rappelez-vous qu’un vêtement était précieux ! Jésus a blasphémé… il se fait Dieu !
Quant aux disciples, ils sont encore plus désorientés : ce Messie, qui est si grand, n’est pas venu prendre le pouvoir, mais donner sa vie.
Il n’est pas venu libérer les hommes de l’occupation romaine, mais les libérer du péché pour leur ouvrir les portes de la vie éternelle.
Publié le 2009-04-05