Jean a mis par écrit son Évangile, dit-il : "afin que par la foi vous ayez la vie." (Jn 20,31) La foi est donc principe de vie !
Dans la première Épître de Jean, comme dans l’Évangile de ce dimanche, le thème principal est la foi.
On voit aussi, dans cet Évangile, combien les Apôtres ont été lents à croire à la Résurrection, et comment, après les premières apparitions leur foi reste hésitante : même s’ils recommencent à croire en Jésus, ils ne songent pas un instant à transmettre leur foi. Ils sont apeurés et restent enfermés à Jérusalem.
C’est seulement le cinquantième jour qu’ils seront poussés par l’Esprit et deviendront missionnaires. C’est la Pentecôte qui sera véritablement la naissance de l’Église : en ces jours là, il apparaîtra que c’est l’Esprit qui fait l’Église !
Il est probable qu’en côtoyant Jésus depuis trois ans, ils avaient pressenti qu’il apportait autre chose qu’un salut ou une libération terrestre, qu’il était beaucoup plus qu’un messie royal : qu’il voulait apporter, avant tout, le pardon des péchés et la filiation divine.
Ils avaient compris que la Bonne Nouvelle dépassait de loin les espérances politiques du Peuple d’Israël ! Mais, en fait, ils auraient voulu les deux : la Bonne Nouvelle et la libération politique.
Ils ne comprenaient pas encore que cette Bonne Nouvelle impliquait une autre idée du Messie. Ils ne pouvaient pas imaginer un Messie agonisant, couronné d’épines et flagellé : un Roi d’Israël humilié et crucifié comme un esclave.
Les quatre Évangiles nous disent qu’ils ont perdu la foi, ce qui n’a rien d’étonnant. C’est plutôt s’ils avaient dit le contraire que l’on pourrait avoir des doutes sur le sérieux de l’Évangile.
Dès l’arrestation de Jésus, les Apôtres disparaissent, sauf Pierre qui suit en tremblant jusque dans la cour du grand prêtre, et Jean l’évangéliste qui restera jusqu’au dernier moment : jusqu’au pied de la croix.
Le matin de Pâques, c’est lui qui arrive le premier au tombeau de Jésus, et là, en voyant simplement le tombeau vide : "il vit et il crut." (Jn 20,8) On doit supposer que, lui aussi, avait perdu la foi, mais, ce matin-là, il croit… avant tous les autres disciples… avant même d’avoir vu le Christ ressuscité.
Dans l’Évangile de ce jour, il cite cette parole de Jésus : "Bienheureux ceux qui croient sans avoir vu." (Jn 20,29) Une parole qui est, en quelque sorte, la dernière des Béatitudes de l’Évangile.
Jean sait bien que cette parole s’applique à lui. De tous les disciples de Jésus, il est le seul dont on puisse dire qu’il ait cru avant d’avoir vu.
On pourrait, sans doute, dire la même chose de Marie, bien que l’Évangile, à cet endroit, ne parle pas de sa présence. On trouve, dans l’Évangile de l’enfance, une première Béatitude qui est presque identique à celle-ci, et elle est adressée à Marie : "Bienheureuse toi qui as cru." (Lc 1,45) Élisabeth ne lui dit pas : "Bienheureuse toi qui es la mère du Messie, ou bienheureuse toi qui as été choisie par Dieu, mais : Bienheureuse toi qui as cru." C’est en cela, avant toute chose, que Marie est bienheureuse : sa foi est la source de toutes les grâces dont elle sera comblée. Et cela nous concerne, puisque, nous aussi, nous avons la foi : c’est une Béatitude que nous partageons avec elle !
La foi est le premier des dons de l’Esprit : c’est une chance et un bonheur. Bienheureux ceux qui croient : c’est la Béatitude que l’on trouve dans les premières pages de l’Évangile, et ici, dans cette conclusion de l’Évangile de Jean.
Publié le 2009-04-19