"Tes péchés sont pardonnés."

Dimanche de Pâques de l'année B

Les dix paroles créatrices du récit de la création sont le rappel des dix commandements. C’est une façon de dire que le Dieu qui avait fait alliance avec le Peuple d’Israël est aussi le créateur de tout l’univers, mais aussi que le Créateur n’est pas un Dieu lointain et impersonnel : c’est un Dieu proche, attentif à son Peuple, qui attend, en réponse à son amour, la fidélité à ses commandements, parce qu’une Alliance demande une fidélité réciproque. Ce qu’il attend par dessus tout, c’est d’être aimé en retour.
Tout à l’heure, avec les baptisés, nous allons renoncer au péché : promettre fidélité aux commandements de Dieu, c’est-à-dire renoncer à tout ce qui fait obstacle à l’amour.

Dans la révélation de Dieu créateur, le Nouveau Testament va plus loin encore que le livre de la Genèse : il nous présente la création, moins comme un événement du passé, que comme une réalité actuelle.
Dieu est celui qui tient dans l’existence tout cet univers, à chaque instant.
Et nous, qui sommes des personnes, il nous fait exister par amour.
Il nous aime, non pas seulement comme un artiste aime l’œuvre de ses mains, mais comme un père ou une mère aime son enfant.
On voit combien la révélation de Dieu créateur est une invitation à rendre grâces et à l’aimer par dessus tout.

Mais pour les Hébreux, il y avait aussi un événement qu’ils célébraient chaque année, et, en raison duquel on disait que Yahvé était le rédempteur d’Israël : c’était la sortie d’Égypte et le passage de la mer.
Un rédempteur était celui qui rachetait un esclave pour le libérer.
Dieu avait racheté son Peuple de l’esclavage en Égypte pour en faire un peuple libre et le conduire vers la Terre promise.
Vous pouvez imaginez la gratitude des fils d’Israël, encore aujourd’hui, d’avoir été choisi gratuitement pour être le Peuple de Dieu : c’est ce qu’ils continuent de fêter en ce jour de Pâques.

Dans le monde ancien, un esclave était totalement sans droit : il n’avait aucun moyen d’obtenir sa liberté. Sa seule chance était de trouver un rédempteur prêt à le racheter pour lui rendre sa liberté. La "rédemption", c’était le rachat d’un esclave.
Ce que nous fêtons à Pâques, c’est notre rédemption. Le Christ nous libère de l’esclavage du péché pour faire de nous des enfants de Dieu : il nous fait entrer, non plus dans une Terre promise, mais dans la communion des trois personnes divines pour une vie éternelle.
Un tel don était radicalement hors de notre portée, de la même façon qu’un esclave était strictement incapable de trouver la liberté par lui-même.

La rédemption que le Christ nous donne, il l’a révélée au monde par la croix et par sa résurrection.
Quand on parle de révélation, on pense à des vérités : celles que le Christ nous a dévoilées dans l’Évangile; et si nous avons la foi, nous croyons en cette révélation : nous croyons chacune de ces vérités.
Mais on voit, dans l’Évangile, qu’il ne révèle pas seulement des vérités : il nous révèle également des actions … il nous révèle ce que Dieu réalise dans le monde, mais aussi ce qu’il accomplit pour telle ou telle personne.
Quand Jésus dit au paralytique : "Tes péchés sont pardonnés", c’est bien une révélation … une révélation qui le concerne lui, personnellement : ses péchés sont pardonnés… et je suppose que pour lui, aucune révélation n’était plus importante.

C’est exactement pour cela que Jésus nous a donné les Sacrements. 
Dans les Sacrements, c’est la rédemption qui nous atteint, aujourd’hui, personnellement. Un Sacrement : c’est une rencontre du Christ.
C’est le Christ qui me dit : "Tes péchés sont pardonnés."… Il me dit : "Aujourd’hui, tu es fils de Dieu… fille de Dieu… et cette vie nouvelle est une vie éternelle." Pour celui qui est baptisé, aucune révélation n’est plus importante.
Il est évident que cette révélation n’a de sens que pour celui qui croit en Jésus Christ et qui accepte son Évangile. C’est pour cela qu’on fait une profession de foi avant le Baptême.
Mais un Sacrement, c’est une révélation faite actuellement à une personne. Dieu veut que ses enfants aient la certitude d’être pardonnés et d’être aimés : c’est pour cela qu’il a donné les Sacrements à son Église.

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Publié le 2009-04-12