Les disciples connaissaient bien Jésus, et pourtant, ce jour là, ils se disent : "Qui est-il ?"
Il était évident pour un Juif que Dieu est le seul à qui "les flots et la mer obéissent." La première lecture dit cela avec beaucoup de poésie : "Le Seigneur dit à Job : "Qui donc a retenu la mer avec des portes quand elle jaillit du sein de l’abîme … quand je lui imposai des limites … je lui dis : Tu viendras jusqu’ici, tu n’iras pas plus loin, ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots.""
Voyant Jésus commander à la tempête, un homme qui connaissait l’Ancien Testament, pouvait se poser la question : "Qui est-il ?" Le comportement de Jésus est celui de Dieu. Son autorité est celle de Dieu : celle du Créateur de l’univers !
C’est un des innombrables passages de l’Évangile où Jésus nous révèle sa divinité, et l’un de ceux où l’on voit bien ce qui caractérise les miracles de l’Évangile : c’est qu’ils n’ont presque jamais la forme d’une prière. Jésus ne demande pas à Dieu de guérir les malades ou de calmer la tempête… il est Dieu !
À un boiteux qui mendie, Pierre dira : "Au nom de Jésus Christ le nazaréen, je te le dis : lève-toi et marche."
Jésus, lui, ne fait pas de miracle au nom de quelqu’un d’autre : et c’est ce qui étonne les disciples, peut-être autant que le miracle lui-même !
"Qui est-il pour que le vent et la mer lui obéissent ?"
La seule réponse possible leur semble totalement impensable, d’autant que cet épisode se situe peu après leur première rencontre du Christ. Il leur faudra toutes les années de la vie publique pour découvrir le mystère de la personnalité divine de Jésus de Nazareth.
Un autre point intéressant : ce sont les circonstances dans lesquelles Jésus pose cette question. Dans la nuit, les disciples sont surpris par une tempête au milieu du lac, et pendant ce temps, Jésus dort sur un coussin ! Ils le réveillent… et Jésus doit probablement avoir l’air étonné… comme s’il s’étonnait de leur inquiétude ! Alors ils lui disent : "Mais, on est tous perdus ! Cela ne te fait rien ?"
Mais on a l’impression qu’il ne comprend toujours pas ce qui leur fait peur : "Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?"
Il n’a pas dit cela à propos d’un petit ennui ou d’une petite inquiétude.
Il est évident que ce jour-là, ils avaient de bonnes raisons d’avoir peur.
C’est donc une question que Jésus nous pose quand nous avons de bonnes raisons d’avoir peur !
Notre vie quotidienne est remplie d’inquiétudes ou d’angoisses de toutes sortes.
Peur de l’avenir, peur de manquer, pour nous ou nos proches, peur du ridicule, peur pour ses enfants, peur pour sa santé ou pour sa vie !
Toutes ces inquiétudes sont naturelles.
Et pourtant, Jésus nous pose une question. Il nous dit : "D’accord, tu as peur, mais est-ce que ta foi ne change pas quelque chose à ta peur ?"
Et il a sûrement envie de nous dire : "Comment se fait-il que tu n’aies pas la foi ?"
La foi ne rend pas inconscient, elle ne rend pas incapable de mesurer les risques, mais elle les relativise d’une façon radicale.
Jésus nous dit : "C’est ma paix que je vous donne, non pas celle du monde" : non pas celle qui voudrait s’épargner toute difficulté… mais la paix de ceux qui ont une foi vivante : une foi telle que les événements de la vie quotidienne n’ont plus la même dimension ni la même signification.
Publié le 2009-06-21