Jésus oppose la tradition qui vient des hommes aux Commandements de Dieu. On se gardera d’en conclure que le mot "tradition" doit toujours avoir un sens péjoratif ! Ce qui vient des hommes ce sont les opinions ou les usages, qu’ils soient anciens ou qu’ils soient à la mode, qui risquent de voiler et d’édulcorer les Commandements de Dieu… et cela concerne chacun d’entre nous, quelles que soient nos options dans l'Église d’aujourd’hui.
Quand le concile Vatican II rappelle que l'Église est dépositaire de la Tradition, le mot ne saurait avoir un sens péjoratif : il ne s’agit pas d’une tradition qui vient des hommes mais précisément de la Tradition qui vient du Christ.
Jésus n’a pas écrit : il n’a pas fait une Écriture, mais une Église, et c’est à l’Église qu’il a confié son Évangile (sa Bonne Nouvelle). "Tradition" est un mot latin qui veut dire "transmission", la mission de l’Église étant de transmettre l’Évangile du Christ. La foi chrétienne n’existerait pas sans la tradition de l’Église.
Il est vrai que cette tradition comporte des éléments de valeur inégale, certains étant d’origine divine et d’autres plus humains… il faut donc exercer un discernement. C’est pourquoi Jésus a donné à son Église le pouvoir de légiférer au nom de Dieu. Ce qu’on appelait le pouvoir de lier et de délier, c’était le pouvoir d’établir des lois ou d’en dispenser. Jésus dit à Pierre, et ensuite aux Apôtres : "Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le Ciel (par Dieu), et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le Ciel (par Dieu)."
Mais il y a toujours eu, dans l’Église, des chrétiens plus ou moins anarchistes qui refusent d’entendre cette parole du Christ : les anarchistes de gauche, qui ont tendance à faire leurs choix avec une certaine légèreté, et les anarchistes de droite qui refusent, au nom de la tradition, les lois actuelles parce qu’ils préfèrent les anciennes !
On voit que cet Évangile nous concerne tous, chacun étant invité à un examen de conscience, quelles que soient ses tendances.
D’un côté, l’attachement à des modes ou à des façons de penser trop humaines, nous fait négliger des points essentiels de l'Évangile. C’est vrai même pour ceux qui enseignent la foi : depuis des dizaines d’années on a eu une catéchèse déficiente, sous prétexte de pédagogie.
A l’opposé, on entend des discussions interminables sur des questions de liturgie et sur des règlements que l'Église a changés et qu’elle a le pouvoir de changer… discussions qui détournent certains traditionalistes de leur véritable vocation, qui est missionnaire. Puisqu’ils ont reçu un trésor et qu’ils y sont attachés, ils doivent le transmettre à ceux qui sont loin de l’Église. Mais ils ne sont pas missionnaires : ils tournent en rond dans leur petit milieu traditionaliste. Et il est un fait que si on dépense toute son énergie sur des choses secondaires, on n’en a plus pour l’essentiel. C’est le reproche que Jésus fait aux Pharisiens.
Pour aller à l’essentiel, cet Évangile indique quelques chemins à éviter.
Le meurtre, qui comprend l’avortement… le message est donc actuel.
Trois péchés concernant la justice : le vol, mais aussi la fraude, et la diffamation : les péchés en parole peuvent donc être graves, ils peuvent détruire une communauté chrétienne.
Orgueil et démesure : sorte de folie qui frappe quelquefois les gens qui réussissent !
Méchanceté et envie : à l’opposé de l’amour du prochain.
Trois péchés concernent la pureté : la débauche… l’adultère pour ceux qui sont mariés… et l’inconduite (ou la fornication) pour ceux qui ne sont pas mariés… là aussi, on est dans l’actualité.
Dans une vie consacrée à la recherche du plaisir, il n’y a plus beaucoup de place pour un amour véritable… en tout cas, il n’y a plus de place pour l’amour de Dieu. Quand on regarde le monde qui nous entoure, c’est une évidence.
L’Évangile n’est pas un esclavage : il fait de nous des êtres libres, capables de donner la priorité à l’amour.
Saint Jacques nous invite à ouvrir notre cœur à cet immense cadeau : "Accueillez donc humblement la parole de Dieu semée en vous, elle est capable de vous donner le salut."
Publié le 2009-08-30