On pense quelquefois que les seules choses vraiment importantes, dans l'Évangile, ce sont les paroles de Jésus.
En fait, chaque détail du comportement de Jésus est révélateur : il nous révèle, parfois mieux que des paroles, les sentiments de Dieu.
On est frappé, dans cet Évangile, par le changement d’attitude de la foule à l’égard de l’aveugle. Tous ces gens, qui avaient une attitude méprisante et agressive, deviennent tout à coup très attentionnés !
Quand Jésus arrive à Jéricho, c’est un événement : toute la ville est dans la rue, il est accueilli avec considération, on le regarde comme un prophète, des curieux sont perchés dans les arbres pour le voir passer.
Mais voilà qu’un mendiant sème le désordre dans l’assemblée… il se met à crier : "Jésus, fils de David, aie pitié de moi."
On imagine les regards sombres et les murmures réprobateurs des bien pensants : "Beaucoup de gens l’interpellaient vivement pour le faire taire."
Ils se disent probablement : "Il crie parce que c’est un clochard, il veut encore de l’argent."
En fait, il ne crie pas parce qu’il est mendiant, mais parce qu’il est aveugle !
Il a compris que Jésus n’était pas loin, mais il ne sait pas bien où !
Alors, il appelle… et plus on veut le faire taire, plus il crie !
A ce moment, Jésus s’arrête, et dit : "Appelez-le."
Et à partir de ce moment, chose étonnante : voilà que tout le monde change d’attitude !
Ils deviennent pleins de prévenances avec l’aveugle. Ils le prennent par la main : "Aie confiance, lève-toi, il t’appelle."
Ils avaient toujours pensé que ce mendiant était sans importance… ils devaient probablement lui donner de l’argent de temps en temps… mais jamais personne n’avait pensé à s’asseoir à côté de lui pour l’écouter et lui parler, surtout à Jéricho qui est une ville résidentielle.
Mais voilà que Jésus : le Prophète, peut être le Messie attendu, veut lui parler !
Du coup l’aveugle devient fréquentable : ils ne le voient plus comme un être insignifiant !
Le regard de Jésus leur a fait découvrir que cet homme-là était important… et peut-être ont-ils fait, en quelques minutes, un parcours spirituel que certains, 2.000 ans plus tard, ont à peine commencé.
Publié le 2009-10-25